Parité en politique : l'Outre-mer en (légère) avance sur l'Hexagone

Panel non-exhaustif de femmes présidentes (de conseil général), maires, députées ou sénatrices en Outre-mer
C'est parti pour deux semaines de campagne avant les élections départementales des 22 et 29 mars. Afin d’obtenir des conseils départementaux paritaires, les citoyens éliront des binômes homme-femme. L’occasion pour la1ere.fr de faire le point sur la parité politique en Outre-mer.
Top départ. Ce lundi 9 mars marque le début de la campagne pour les élections départementales (ex-cantonales) qui se tiendront les 22 et 29 mars prochains. Fait inédit : les électeurs ne voteront plus pour un candidat, mais pour un tandem homme-femme. L’objectif ? Elire des conseils départementaux paritaires. En Outre-mer, seuls La Réunion, Mayotte et la Guadeloupe sont concernés par ces élections.
 
Départementales ou non, en matière de parité, les départements et les collectivités Outre-mer sont loin d’être des mauvais élèves. Maires, parlementaires ou présidentes de conseil général : en Outre-mer, elles sont une quarantaine de femmes à occuper ces fonctions parlementaires et exécutives contre plus de 200 hommes. Une proportion relativement plus élevée que dans l’Hexagone, même si la parité est encore loin d'être atteinte. A titre de comparaison, les mandats parlementaires et les présidences exécutives locales sont assurés à 17% par des femmes en Outre mer (hors Wallis et FutunaSaint-Barthélémy et Saint-Martin), contre 16% dans l’Hexagone (voir notre classement ci-dessous). 

Mandats électoraux : la part des femmes en Outre-mer

Mandats électoraux : combien de femmes en Outre-mer ? | Create Infographics

Afin d'établir ce classement (dont les données brutes sont disponibles ici), nous avons mesuré pour chaque Outre-mer le pourcentage de femmes occupant les postes suivants :

          ► Maire
          ► Parlementaire
          ► Présidence de conseil général
          ► Présidence de conseil régional
          ► Présidence des conseils, des assemblées, et/ou des gouvernements locaux 
              dans les collectivités d'Outre-mer

Pour visualiser ces données en détail au sein de chaque Outre-mer, la1ere.fr vous invite à faire défiler les infographies ci-dessous. Glissez votre souris sur les schémas pour voir apparaître les portraits de ces Ultramarines occupant des fonctions exécutives et/ou parlementaires.

1) Saint-Pierre et Miquelon

L’archipel de Saint-Pierre et Miquelon remporte la palme de la représentativité féminine dans les mandats électoraux. Trois postes sur cinq sont occupés par des femmes : la députée Annick Girardin (nommée secrétaire d’Etat) et la sénatrice-maire Karine Claireaux.


2) La Guadeloupe

Si les présidences du conseil général et du conseil régional sont occupées par des hommes, la Guadeloupe est le département d’Outre-mer qui compte la plus grande part de femmes maires (8 sur 32, soit un quart des édiles guadeloupéens). Dans l'Hexagone, seuls 16% des maires appartiennent à la gent féminine.

Précision à l’approche des départementales : sur les 40 conseillers généraux de la Guadeloupe, 9 sont des femmes, soit une proportion de 22,5% (bien plus élevée que la moyenne hexagonale qui, d'après le ministère de l'Intérieur, avoisine les 18%). Après les élections des 22 et 29 mars - scrutin paritaire oblige - il y aura autant de femmes que d'hommes au sein du futur conseil départemental.


3) La Polynésie

Avec plus de 20% de Polynésiennes occupant des postes de maires ou de parlementaires, cette collectivité arrive troisième de notre classement.

Si l’Assemblée de Polynésie est dirigée par un homme, ses membres - les "représentants", élus au suffrage universel - sont majoritairement des femmes (31 sur 57). En revanche, le gouvernement de la Polynésie est loin d'être paritaire : seuls 2 membres sur 9 sont des femmes. Entre autres portefeuilles, elles s'occupent de la condition féminine pour l'une, de l'éducation et de la culture pour l'autre. Autrement dit, "des domaines moins valorisés", selon les chercheuses Catherine Achin et Sandrine Levêque (citation ci-dessous).

Il reste, en politique comme ailleurs, des domaines "masculins", plus valorisés et supposés plus techniques, comme les finances, les affaires étrangères ou les transports, et des secteurs "féminins" comme le social, la culture et la petite enfance, moins valorisés et pensés comme ne mettant pas en œuvre de compétences spécifiques mais des qualités "naturelles".
Sandrine Levêque & Catherine Achin, Libération du 6 octobre 2014

















Précisons que l’élection des deux sénateurs polynésiens – Teura Iriti et Vincent Dubois – a été invalidée par le conseil constitutionnel le 6 février dernier. Un nouveau scrutin doit être organisé dans les semaines à venir. L’un et l’autre pourront s’y présenter.

4) La Nouvelle-Calédonie

Fait notoire en Nouvelle-Calédonie, jusqu’au 16 décembre dernier, c’était une femme - Cynthia Ligeard - qui dirigeait le gouvernement collégial, institution dont les membres sont nommés par le Congrès (lui-même issu des élections provinciales). En pleine crise politique, le gouvernement n’a plus de président depuis près de 3 mois. Cynthia Ligeard continue néanmoins d'assurer l’intérim.

Parmi les 10 autres membres de ce gouvernement : trois femmes. Comme en Polynésie, elles occupent des domaines tacitement considérés comme "féminins" (la culture, la condition féminine, la jeunesse, la famille...). Ajoutons qu'aucune femme ne siège au sein du Sénat coutumier.


5) La Guyane

En Guyane, la première magistrate de Cayenne est Marie-Laure Phinéra Horth, l'une des rares femmes à diriger un chef-lieu en Outre-mer avec Sonia Lagarde à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) et Marie-Luce Penchard à Basse-Terre (Guadeloupe).

6) La Réunion

C'est suffisamment rare pour être souligné : à La Réunion, c’est une femme - Nassimah Dindar - qui préside le conseil général. Dans l’Hexagone, elles ne sont que quatre à occuper une telle fonction. "Un plafond de verre interdit encore aux femmes les postes les plus valorisés de l’espace politique et surtout ceux de la présidence des exécutifs", soulignent d'ailleurs les chercheuses Catherine Achin et Sandrine Levêque. Si deux conseil généraux en Outre-mer sont présidés par des femmes, les conseils régionaux sont tous dirigés par des hommes. Dans l'Hexagone, seule la région France-Comté est présidée par une femme.

Précision à l’approche des départementales : sur les 49 conseillers généraux de La Réunion, 11 sont des femmes, soit une proportion de 22,4% (bien plus élevée que la moyenne hexagonale qui, d'après le ministère de l'Intérieur, avoisine les 18%). Après les élections - scrutin paritaire oblige - il y aura autant de femmes que d’hommes au sein du futur conseil départemental.


7) Mayotte

Le département de Mayotte arrive avant-dernier de notre classement, avec seulement deux maires mahoraises et aucune femme au Parlement.

Précision à l’approche des départementales : sur les 19 conseillers généraux de Mayotte, une seule femme ! Le taux de femmes au conseil général s’élève donc à 5,3%, largement en dessous de la moyenne hexagonale (qui, d'après le ministère de l'Intérieur, avoisine les 18%). Après les élections - scrutin paritaire oblige - il y aura autant de femmes que d’hommes au sein du futur conseil départemental.
 

8) Martinique

Malgré la présence d'une femme à la tête du conseil général, fait assez exceptionnel en France, la Martinique arrive en dernière position. "Plafond de verre" rime aussi avec Outre-mer.


Le cas particulier de Wallis et Futuna

A Wallis et Futuna, il n’y a pas de femmes maires, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de maire du tout. L’archipel est divisé en trois circonscriptions administratives présidées par des rois coutumiers. Nulle reine à l'horizon, mais quatre Wallisiennes siègent à l’Assemblée territoriale