Le PDG de Total est décédé dans la nuit du 20 au 21 octobre dans l'accident de son jet privé en Russie. Le PDG entretenait depuis de longues années une histoire tumultueuse avec les outre-mer, émaillée de conflits sociaux et politiques.
La nouvelle est tombée dans la nuit. Christophe de Margerie et les trois membres de l'équipage de son jet privé sont décédés au cours de l'accident du jet privé du patron d'entreprise, dans la banlieue de Moscou. Son avion a percuté une déneigeuse au décollage, avant de prendre feu. Le PDG de Total venait de rencontrer le Premier ministre russe Dmitri Medvedev.
D'après les premiers éléments des enquêteurs russes, le conducteur de la déneigeuse était ivre. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour homicide involontaire.
Une entreprise solidement implantée dans les Outre-mer
Entré chez Total en 1974, devenu PDG de l'entreprise pétrolière en 2010 après trois ans passé en tant que directeur général, Christophe de Margerie entretenait une relation houleuse avec les Outre-mer.
Installé dans tous les Départements d'Outre-mer, et détenant même le monopole à Mayotte, Total était de tous les (nombreux) conflits sur le carburant. C'est d'ailleurs dans le 101e département que l'entreprise réalisait ses marges les plus impressionnantes. Après une fin d'année 2013 marquée par l'opposition au décret de Victorin Lurel instaurant plus de transparence dans les prix du carburant, Christophe de Margerie était auditionné à l'Assemblée nationale au tout début de l'année 2014.
Total à Mayotte : Prise de bec et marges spectaculaires
Interrogé sur les marges de Total à Mayotte, Christophe de Margerie s'attirait les foudres du député de Mayotte Ibrahim Aboubacar, en affirmant que les contraintes sur place étaient très lourdes. "Si vous trouvez qu'on gagne trop d'argent à Mayotte, on laisse la place" déclarait-il, après avoir assuré que "personne ne voulait y aller".
Le lien est alors rapidement établi entre le décret imposé par l'ex ministre des Outre-mer Victorin Lurel fin décembre et l'obligation des pétroliers d'être plus transparents sur la formation de leurs marges, décret auquel s'opposait fermement Christophe de Margerie. Pourtant, le porte-parole du groupe Total démentait alors tout lien de cause à effet. "Ce serait une lecture un peu facile, cette décision s'inscrit dans une stratégie de groupe. C'est une décision mûrie, pensée avant le décret Lurel ", déclarait-il alors.
Pour Victorin Lurel, "Total est intouchable"
Invité d'Opinions 1ere le 8 octobre, Victorin Lurel, désormais député de Guadeloupe et président du Conseil régional ne craint pas cette "lecture facile". "Les lobbys et les monopoles n'admettent jamais que vous leur preniez un centime.(…) ", expliquait l'ex ministre. C'est "pas touche à mon grisbi. Total est intouchable, le lobby est intouchable", ajoutait-il.
A voir dans la vidéo à partir de 13'55
Un parcours unanimement salué
Depuis l'annonce du décès de Christophe de Margerie, nombreuses sont les personnalités à réagir, de François Fillon à François Hollande qui a salué la mémoire d'un homme qui "défendait avec talent l'excellence et la réussite de la technologie française à l'étranger", ou même la ministre de l'Ecologie et de l'Energie Ségolène Royal, qui a rendu hommage à un homme avec qui "on pouvait parler sans tabou de l'avenir énergétique du pays et de la planète, et [qui] cherchait à imaginer le futur".