Les bébés prématurés sont plus nombreux en Guadeloupe : le Chlordécone pourrait être l'une des causes

Femme enceinte
C'est une étude de l'Inserm, la "Cohorte Timoun" qui le révèle : le Chlordécone, ainsi que d'autres facteurs médicaux et sociodémographiques, pourraient expliquer qu'en Guadeloupe le taux de prématurité soit de 15,8%, contre 5,5% dans l'hexagone. 
L'étude Timoun dont l'Inserm vient de publier les résultats a été conduite entre 2004 et 2007. Elle porte sur 1 068 femmes enceintes, dont les grossesses ont été suivies au CHU de Guadeloupe. 144 de ces femmes, soit 15,8% ont accouché prématurément. Un taux beaucoup plus élevé qu'en France hexagonale : en 2010, ce taux était de 5,5% en métropole. 

Plusieurs causes identifiées

Grâce à des questionnaires de santé et à des dosages sanguins réalisés au moment de l'accouchement, l'étude met en évidence plusieurs facteurs de risque qui favorisent les naissances prématurées.
Il y a d'abord les pathologies liées ou non à la  grossesse comme l'hypertension, le diabète gestationnel, les infections urinaires, ainsi que l'asthme.
L'âge maternel élevé favorise également les accouchements prématurés. Le risque est également accru pour les femmes obèses ou en surpoids. 

Plus surprenant, les femmes qui vivent sans leur conjoint dans leur famille, sont plus exposées que les autres. Or dans la mesure ou les familles monoparentales sont plus nombreuses en Guadeloupe que dans l'hexagone, cela explique partiellement le taux presque trois fois plus élevé d'accouchements prématurés. 

Le rôle du Chlordécone

L'étude de l'Inserm indique avoir "mis en évidence une relation entre la catégorie d'exposition au Chlordécone et la durée de gestation (...) Le risque de naissance prématurée était significativement augmenté avec des catégories croissantes d'exposition".
Selon les auteurs de l'étude, cela peut s'expliquer par "l'action du Chlordécone sur les récepteurs aux oestrogènes et/ou à la progestérone in vitro et in vivo, lesquels jouent un rôle déterminant dans le déclenchement de l'accouchement". 

La conclusion de l'étude n'incite pas à l'optimisme, précisant que le taux de prématurité pourrait continuer à progresser dans les années à venir.

L'intégralité de l'article scientifique

Il a été publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille Sanitaire :