Témoignages de la famille de Clarissa Jean-Philippe : "On s'est sentis oubliés"

Léger (oncle par alliance) et Jocelyn (beau-père)
La famille de métropole et la famille de Martinique réunies dans le deuil. Cinq jours après l'assassinat de Clarissa Jean-Philippe, ses oncles, ses tantes, ses cousins se sont retrouvés à Montrouge pour préparer toutes les cérémonies à venir, ainsi que le transfert de la dépouille de la jeune policière en Martinique.
"Elle devait recevoir son diplôme et sa médaille de lieutenant, aujourd’hui, raconte Jocelyn son beau-père inconsolable. Elle m’appelait Papa, j’étais très proche d’elle. Elle a grandi à Sainte-Marie en Martinique. Elle et mon fils, son compagnon, se sont connus tout jeunes en maternelle. C’était comme une mère pour lui, et ce n’était pas facile, car mon fils est drépanocytaire". Jocelyn a bien du mal à parler de sa belle-fille sans être débordé par l’émotion. Son fils, lui, préfère ne pas parler à la presse. Il a décidé de revenir vivre en Martinique.

Jocelyn, le beau-père de Clarissa Jean-Philippe venu de Sainte-Marie en Martinique

Trois semaines en Martinique 

Jocelyn, capitaine à la BAC (Brigade anti-criminalité) en Martinique se souvient très bien de ces dernières vacances de Noël. Clarissa était revenue en Martinique pour trois semaines à Sainte-Marie et elle lui avait fièrement annoncé qu’elle avait été reçue à l’examen de la police. "Quand j’ai appris la nouvelle de sa mort, quelques jours après, je n’y croyais pas". Jocelyn n’a pas de mots pour décrire son chagrin.
 

La terre s'est écroulée

Sonia, sa tante qui vit dans les Yvelines près de Poissy, était à la gare Saint-Lazare quand elle a appris que sa nièce s'était fait tuer par un terroriste. Elle raconte à la1ère que la terre s’est écroulée sous ses pieds. Elle s’est sentie tellement mal qu’elle s’est arrêtée dans une pharmacie où, "heureusement", dit-elle, les employés se sont montrées "très gentilles" à son égard. Sonia Jean-Phillippe adorait aller au restaurant avec sa nièce. "On avait prévu de se retrouver après ses vacances en Martinique… "
 
Fred Galande, un cousin de Clarissa Jean-Philippe


"Si on peut appeler ça un homme"

Fred Galande, un cousin de Clarissa qui vit à  Champigny dans Le Val-de-Marne, ne comprend toujours pas comment un homme - "enfin si on peut appeler ça un homme" - a pu ainsi tirer dans le dos d’une jeune femme. "Clarissa était douce, dit-il, réservée. Jamais elle ne criait. Elle était d’une humeur égale. On s’était vu en octobre et je l’avais déposée avec son compagnon au musée du Quai Branly", se souvient-il.
 
Léger, l'oncle de Clarissa Jean-Philippe


"Oubliés à la Marche républicaine"

Léger, le compagnon de Sonia, a lui aussi bien connu Clarissa. La jeune fille avait passé une année chez sa tante à côté de Poissy, dans les Yvelines. Léger adorait plaisanter avec la jeune policière.  "Elle était drôle et on rigolait bien tous les deux". L’oncle de la policière martiniquaise tient à dire à la1ère qu’il a été choqué par le "manque de considération" qu’a reçu la famille au départ de la Marche républicaine à Paris. "Pas un seul politique ne s’est arrêté pour venir nous saluer. On a aperçu Christiane Taubira, Nicolas Sarkozy, mais personne ne nous a prêté attention. On s’est vraiment sentis oubliés ce dimanche". Sonia, la tante de Clarissa, ajoute : "A la télévision, on ne nous parle que des terroristes, moi j’aimerais que l’on parle plus de Clarissa."