Trois cadis de Mayotte et leur porte-parole ont été reçus ce jeudi par le vice-recteur de la Grande Mosquée de Paris. Djelloul Seddiki a invité les Mahorais qui souhaitent devenir imams à venir étudier à Paris et ainsi maîtriser l’arabe et le français.
"Il faut connaître la culture française et parler le français pour être imam", explique Djelloul Seddiki. Le vice-recteur de la Grande Mosquée de Paris, très heureux d’accueillir une délégation de cadis de Mayotte, ce jeudi, ajoute que le problème, aujourd’hui, ce sont "ces imams qui viennent de l’étranger et ne connaissent rien à la France". Djelloul Seddiki appelle donc les Mahorais qui souhaitent devenir imam à venir se former ici, à Paris. "Envoyez-nous vos élèves. Il faut faire sept années d’études, quatre au minimum. Ces études sont gratuites. Seul problème : nous n’avons pas d’internat", explique le vice-recteur.
"Mayotte compte 19 cadis, explique à la1ère Elmamoun Mohamed Nassur, ils sont payés par le Conseil général". Ces cadis exercent un rôle important dans les naissances, les décès, les divorces ou encore les héritages. "Par ailleurs, ajoute le porte-parole devant le vice-recteur de la Grande Mosquée de Paris, quand il y a des accès de violence, les cadis sont là pour protéger la République, lutter contre la violence et les dérives de l’Islam".
Lire à ce sujet l’article de Léa Ducre du 9 janvier 2014, "Grande Mosquée de Paris : les femmes au bas-étage", paru dans Le Monde des Religions.
La mosquée profanée de Dzaoudzi
De son côté, le porte-parole des cadis de Mayotte, Elmamoun Mohamed Nassur, se dit favorable à cette proposition, mais sans plus de précisions. Il explique sa position par rapport à l’administration française : "Avec la départementalisation, on avait décidé de supprimer les cadis, mais j’ai réussi à démontrer que la présence de ces juges de droit coranique était nécessaire, ajoute-t-il. Quand il y a eu cette affaire terrible de tête de porc posée devant la mosquée de Dzaoudzi le 1er janvier 2014, nous avons réussi à apaiser la population".
"Les cadis apaisent les conflits"
"Mayotte compte 19 cadis, explique à la1ère Elmamoun Mohamed Nassur, ils sont payés par le Conseil général". Ces cadis exercent un rôle important dans les naissances, les décès, les divorces ou encore les héritages. "Par ailleurs, ajoute le porte-parole devant le vice-recteur de la Grande Mosquée de Paris, quand il y a des accès de violence, les cadis sont là pour protéger la République, lutter contre la violence et les dérives de l’Islam".Dérives islamistes
A ces paroles, Djelloul Seddiki ajoute : "L’amour de la patrie fait partie de la foi, a dit Mahomet, et les terroristes qui ont sévi à Paris sont des criminels et ne sont pas des musulmans". Les cadis soulignent que leur venue dans l’Hexagone s’est faite à la demande des associations mahoraises, inquiètes de voir leurs jeunes rongés par le fléau du djihadisme. Babou Ahamada, foundi (professeur du coran qui exerce dans les madrassas) à Marseille et depuis peu chef religieux de la communauté mahoraise en France, a expliqué à la1ère que la visite des cadis trouvait aussi son origine dans un fait divers récent à Marseille.Un jeune Mahorais assassiné à Marseille
Le 20 octobre dernier, cité Félix Pyat à Marseille, "un jeune de Kani-Kéli a tué d’un coup de couteau un garçon de 20 ans originaire de Labattoir, précise Babou Ahamada à la 1ère. Ce dernier s’est dénoncé à la police. Cette terrible affaire a endeuillé la communauté mahoraise de Marseille. C’est pourquoi ajoute-t-il, nous avons décidé de créer une madrassa (une école coranique) dans la cité des Rosiers où vivent de nombreux Mahorais".Aumôniers musulmans
Dans son petit bureau, le vice-recteur de la Grande Mosquée de Paris encourage les cadis à créer une école coranique pour bien former les imams. "C’est l’éducation qui va sauver nos enfants. Nous pouvons vous aider, dit-il. Nous les sunnites, il faut nous unifier. Le Premier ministre a déclaré qu’il fallait embaucher 60 aumôniers musulmans dans les prisons, mais nous en avons déjà 120 de prêts. J’invite aussi les Mahoraises qui le souhaitent à venir se former en un an pour devenir aumônières et intervenir dans les hôpitaux ou les prisons. Le problème, ajoute le recteur, c’est le salaire qui se monte à 700 euros par mois".Les "frères" de Mayotte
Tout en buvant du thé à la menthe, les cadis de Mayotte ajoutent avoir initié la création d’une aumônerie chez eux. "Il est temps que les Musulmans de France parlent d’une même voix, lance le vice-recteur de la grande Mosquée de Paris, qui se dit très heureux d’écouter la parole de ses frères de Mayotte et qui conclut : "Je serais très heureux de venir vous rendre visite à Mayotte".La prière à la Grande Mosquée de Paris : les femmes à la cave
Ce jeudi, une musulmane a interpellé la 1ère pour nous indiquer l’endroit où les femmes vont prier à la Grande Mosquée de Paris. "Regardez, dit-elle, en montrant le sous-sol, c’est là que les femmes prient depuis un an. A la cave ! Il n’y a pas d’air, les peintures sont défraîchies et les plafonds sont pourris. Je l’ai signalé, aujoute-t-elle et on m’a dit de rester prier chez moi ! Ce n’est pas normal ! Les hommes, eux, sont en haut dans la grande salle du rez-de-chaussée".Lire à ce sujet l’article de Léa Ducre du 9 janvier 2014, "Grande Mosquée de Paris : les femmes au bas-étage", paru dans Le Monde des Religions.