"L’Evasion" : le récit de Francis Collomp, ex-otage d’Ansaru au Nigéria

"L'Evasion", l'ouvrage des Editions XO dans lequel Francis Collomp raconte sa captivité sort, ce jeudi, en librairie.
Plus d'un an après son évasion, l’ingénieur, réunionnais d'adoption, raconte sa vie d’otage au Nigéria. Durant ses onze mois de captivité, Francis Collomp n’a eu qu’un seul objectif : "L’Evasion", titre de son livre qui paraît ce jeudi.
"Ce n’est pas un exploit, juste 45 secondes de courage au moment où j'ai décidé de fuir", précise Francis Collomp, ex-otage des jihadistes d’Ansaru au Nigéria, pendant onze mois. L’ingénieur qui vit à La Réunion publie, ce jeudi, son récit dans un ouvrage intitulé "L’Evasion."
Près de 300 pages au cours desquelles il évoque sa prise d’otage et la violence inouïe de l’assaut lancé, par Ansaru, contre la villa où il résidait à Rimi, au Nigéria. C’était le 19 décembre 2012, jour de son anniversaire.

Les images publiées dans l'ouvrage "L'Evasion" témoignent de la violence de l'assaut lancé par Ansaru contre la villa de Francis Collomp, au Nigéria.

Des robots remplis de haine 

Au fil des pages, Francis Collomp raconte son quotidien d’otage. Le froid, la faim, les araignées, les rats et la violence de ses geôliers. "On n’est pas nombreux à échapper à ces gens-là, je veux témoigner, assure l’ex-otage qui n’a pas échappé aux coups de "kalas" et aux brimades de ses gardiens. Ce sont des gamins privés d’éducation, embrigadés dans les écoles coraniques. Ils deviennent des robots. Déshumanisés, remplis de haine, ils peuvent basculer dans la folie meurtrière en quelques secondes. Il n’y a pas de mots pour qualifier ceux qui, comme Boko Haram, tuent des femmes qui donnent la vie". Très choqué par les récents attentats en France et à Copenhague, Francis Collomp va plus loin : "Ces gens ne méritent pas de vivre, il faut les tuer."

Durant ses onze mois de captivité, Francis Collomp a préparé son évasion.


Un rapport de force avec ses ravisseurs

Face à ses geôliers, Francis Collomp refuse de courber l’échine. "Vous n’êtes pas des musulmans, le Coran ne dit pas ça", leur lance-t-il. L’otage négocie son thé, sa couverture, et même sa radio. "J’ai menacé de faire grève de la faim pour l’obtenir. Lorsqu’ils me l’ont apportée, c’était une victoire". En captant RFI en ondes courtes, Francis Collomp écoute les "voix du monde", suit l’actualité. Cette radio est son seul contact avec l’extérieur. Son quotidien est rythmé par les promenades dans la cour et les exercices physiques. "Je marchais dans ma cellule autour de la natte sur laquelle je dormais pour entretenir ma forme",  raconte ce bon vivant qui a perdu près de 40 kilos en détention. Grâce au sport, il entretient ses capacités physiques, indispensables à son ultime objectif : la fuite.

Le livre "l'Evasion" sera ce jeudi en librairie.

Un plan d’évasion

Dès le début de sa captivité et jour après jour, il établit des plans d’évasion, calcule ses chances de réussite et glane des informations sur les habitudes de ses ravisseurs. "Lors des promenades dans la cour, je ramassais les clous qui traînaient pour en faire des broquettes", raconte l’ex-otage qui interroge : "Vous connaissez les broquettes ? C’est réunionnais ! Ce sont des clous que l’on imbrique, ça peut percer des pneus. Lors de mon évasion, j’en ai semé une quinzaine derrière moi, à droite, à gauche, comme une herse, au cas où une voiture tente de me rattraper". Avant le jour J, Francis Collomp enduit aussi d'huile le verrou d’un portail. Une huile de fortune récupérée des quelques beignets qu’on lui donnait à manger.

Capture d'image de la vidéo diffusée par Ansaru lors de la prise d'otage de Francis Collomp au Nigéria.

Un esprit inventif et débrouillard

"C’est mon esprit inventif et débrouillard qui m’a sauvé",  explique cet ingénieur qui a passé 26 ans à barouder dans une soixantaine de pays. "Ma force de caractère a fait le reste. Mes cousins de Brive m’appellent le "couillu" (éclat de rire). Plus sérieusement, je n’ai jamais cessé de me répéter qu’il n’y avait rien de plus beau que la vie et la liberté". Une liberté retrouvée dont il profite pleinement malgré ces quelques images entêtantes de sa captivité qui reviennent mais "heureusement ne durent pas".
Ces derniers mois, Francis Collomp a formé des ouvriers pour qu'ils terminent le chantier d'éoliennes au Nigéria.

Profiter de la vie

En racontant son récit, Francis Collomp, continue d’évoquer avec passion le Nigéria, "un pays d’élevage, de culture, où les gens vivent avec moins d’un euro par jour". Il sait qu’il ne pourra plus jamais y retourner. A 64 ans, l’ingénieur travaille toujours. Ces derniers mois, à Paris, il a même formé des Nigérians pour leur permettre de terminer le chantier d’éoliennes qu’il dirigeait lors de sa prise d’otage au Nigéria. "Dans ma cellule, j’ai aussi conçu un projet de voiture électrique que je veux développer, confie Francis Collomp qui a bien l’intention de profiter de la vie. J’ai acheté un super appareil photo et un moulinet pour la pêche au gros à La Réunion". Des petits plaisirs qui lui permettent de continuer à s’évader.


Ecoutez ci-dessous l'intégralité de l'interview avec Francis Collomp : 

Le reportage de France 2

Regardez le reportage de France 2 diffusé mercredi 18 février :
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