Classé comme "probablement cancérogène" par l’Organisation mondiale de la santé, le vendredi 20 mars, le malathion est pourtant utilisé Outre-mer. En Guyane, le président du Conseil général a suspendu son utilisation ce lundi. Sollicité par la1ere.fr, le gouvernement, lui, reste silencieux.
La suspension immédiate des pulvérisations de malathion en Guyane vient d’être annoncée, ce lundi 23 mars, par le président du Conseil général, Alain Tien-Liong. Prise en vertu du principe de précaution, cette décision fait suite à la publication, vendredi 20 mars, d’une note de l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santé. L’OMS a, en effet, classé le malathion comme "cancérogène probable".
Interdit en France métropolitaine depuis 2008, ce pesticide était pulvérisé en Guyane et en Nouvelle-Calédonie pour lutter contre le moustique tigre, vecteur des épidémies de chikungunya et de zika.
Pourtant, elles étaient trois ministres à prendre une position commune en août 2014. Ségolène Royal (Écologie), Marisol Touraine (Santé) et George Pau-Langevin (Outre-mer) défendaient ensemble l'utilisation de l'insecticide malathion en Guyane. Ce lundi, sollicitées par la1ère.fr, aucune des ministres n’a souhaité répondre.
"J’espère maintenant que l’Etat prendra ses responsabilités, assure toujours la sénatrice. Et que les autorités françaises ne vont pas refaire le coup de l’amiante ou d’autres produits toxiques que l’on sait dangereux, mais que l’on met du temps à interdire." La classification de l’OMS n'a toutefois aucun caractère contraignant pour les Etats.
"Par définition, les pesticides et les biocides sont faits pour tuer des organismes vivants, ils sont donc dangereux, explique de son côté, Claudine Joly, membre de France Nature Environnement en charge des questions de pesticides. Face à de nouvelles molécules peu efficaces, on voit réapparaître ces anciennes molécules, telle que le malathion, qui sont dangereuses pour la santé et l’environnement. Les utiliser n’est pas le meilleur choix, mais il est difficile de dire aux gens en pleine épidémie de chikungunya : "Mettez une moustiquaire, on ne peut rien faire". "Il faut bien agir", estime Claudine Joly pour qui "il serait préférable de travailler sur le long terme pour trouver des solutions moins dangereuses pour l’homme et l’environnement."
Le malathion a également été utilisé en Nouvelle-Calédonie au début de l’année dernière. Des pulvérisations avaient eu lieu pour tenter de lutter contre le moustique tigre, vecteur du zika. Fin 2013, l'utilisation du malathion avait été envisagée en Polynésie, mais les autorités ont dû renoncer face à la protestation des apiculteurs.
Interdit en France métropolitaine depuis 2008, ce pesticide était pulvérisé en Guyane et en Nouvelle-Calédonie pour lutter contre le moustique tigre, vecteur des épidémies de chikungunya et de zika.
Le silence des ministres
Si la Guyane décide localement de suspendre l’utilisation du malathion, il n’y a en revanche aucune consigne, ni réaction de la part du gouvernement au niveau national.Pourtant, elles étaient trois ministres à prendre une position commune en août 2014. Ségolène Royal (Écologie), Marisol Touraine (Santé) et George Pau-Langevin (Outre-mer) défendaient ensemble l'utilisation de l'insecticide malathion en Guyane. Ce lundi, sollicitées par la1ère.fr, aucune des ministres n’a souhaité répondre.
Les inquiétudes d’une sénatrice
"Cette classification de l’OMS est un élément nouveau, un constat scientifique inquiétant qui confirme les doutes et les alertes, et il n’est pas possible que le malathion soit encore utilisé", commente pour sa part la sénatrice écologiste Aline Archimbaud. Également vice-présidente de la délégation Outre-mer au Sénat, elle salue la décision du Conseil général de Guyane. En décembre dernier, Aline Archimbaud avait déjà interpellé la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, sur l’utilisation du malathion dans ce département."J’espère maintenant que l’Etat prendra ses responsabilités, assure toujours la sénatrice. Et que les autorités françaises ne vont pas refaire le coup de l’amiante ou d’autres produits toxiques que l’on sait dangereux, mais que l’on met du temps à interdire." La classification de l’OMS n'a toutefois aucun caractère contraignant pour les Etats.
Le cancer de la prostate
Dans sa publication, l'agence du cancer de l'Organisation mondiale de la santé évoque des risques cancérigènes du malathion et note qu'il existe des "preuves limitées" chez l'homme en ce qui concerne les lymphones, non hodgkiniens, des cancers du sang. L’OMS cite également le cancer de la prostate pour le malathion."Par définition, les pesticides et les biocides sont faits pour tuer des organismes vivants, ils sont donc dangereux, explique de son côté, Claudine Joly, membre de France Nature Environnement en charge des questions de pesticides. Face à de nouvelles molécules peu efficaces, on voit réapparaître ces anciennes molécules, telle que le malathion, qui sont dangereuses pour la santé et l’environnement. Les utiliser n’est pas le meilleur choix, mais il est difficile de dire aux gens en pleine épidémie de chikungunya : "Mettez une moustiquaire, on ne peut rien faire". "Il faut bien agir", estime Claudine Joly pour qui "il serait préférable de travailler sur le long terme pour trouver des solutions moins dangereuses pour l’homme et l’environnement."
Le malathion Outre-mer
Le malathion n’est plus autorisé en Europe et en France en tant que biocide depuis 2008. Lorsque les pulvérisations de cet insecticide ont débuté en novembre dernier, les Guyanais avaient fortement protesté. Une pétition en ligne contre son utilisation avait aussi été lancée. Mais pour lutter contre l’épidémie de chikungunya, une décision dérogatoire avait été prise pour la Guyane. Les autorités sanitaires et plusieurs ministres avaient alors tenté de rassurer les populations.Le malathion a également été utilisé en Nouvelle-Calédonie au début de l’année dernière. Des pulvérisations avaient eu lieu pour tenter de lutter contre le moustique tigre, vecteur du zika. Fin 2013, l'utilisation du malathion avait été envisagée en Polynésie, mais les autorités ont dû renoncer face à la protestation des apiculteurs.