D’origine guadeloupéenne, Yoni Palmier, surnommé "le tueur de l'Essonne", comparaît aux Assises, à Evry. Ce mercredi, ses parents ont témoigné. Si son père se dit "contrarié d’être là", sa mère, elle, prend sa défense. Yoni Palmier est accusé de quatre meurtres. Compte rendu d'audience.
•
Elle le croit innocent et ne l'abandonnera "jamais". Lui ne l'a pas vu depuis des années et se dit "contrarié d'être là". Ce mercredi, à la barre du procès de Yoni Palmier, jugé à Evry pour quatre assassinats : ses parents, et leurs vies tourmentées.
Yoni, 36 ans, né bien après les autres, d'un père différent, est son benjamin: "C'était mon dernier, c'était mon enfant, alors je le chouchoutais, je l'encadrais." Elle a toujours tout fait pour lui: le ménage, la vaisselle, les courses, qu'elle lui apportait même à domicile. "J'abandonnerai jamais mon fils !" insiste-t-elle, en jupe longue et souliers épais, engoncée dans un vieil anorak bordeaux.
Ce nouvel enfant, "au début", il n'en voulait pas. Mais "sa mère y tenait absolument. Elle s'est retrouvée enceinte..." Il faudra des années avant qu'il révèle cette double vie à sa première famille.
Il ne s'explique pas les faits dont son fils est accusé: quatre assassinats d'au moins une balle dans la tête entre novembre 2011 et avril 2012 dans l'Essonne. "Yoni n'a jamais manqué de rien. Il a toujours été chouchouté par tout le monde."
Georges Palmier, blessé en tentant de s'interposer, précise: il l'a poignardée dans le dos, contrarié de la voir partir. Quatre coups avec un cran d'arrêt, selon l'enquête, portés alors qu'elle était au sol.
Manifestement excédée par ce mutisme, devenu quasi machinal, l'avocate générale, Béatrice Angelelli, le pousse dans les cordes. "Vous me fatiguez grave !" ose-t-il, avant d'être longuement et vertement remis en place.
C'est pourtant lui qui paraît, après seulement deux jours de procès, lasser la cour et les parties civiles, qui se heurtent au mieux à des incohérences insipides, au pire à des réponses laconiques. "Rien à dire", "je ne veux pas en parler". Le président se lance alors en soupirant dans une sorte de routine: "Des questions pour M. Palmier? Parties civiles? Avocat général? Défense? Voilà, vous pouvez vous rasseoir..."
"J'abandonnerai jamais mon fils !"
D'abord la mère, le matin, une dame âgée qui pénètre en salle d'assises avec difficulté, par petits pas, appuyée sur une canne en bois. Recroquevillé dans son box, le front plissé, son fils ne lui jette qu'un regard furtif. "Mon fils... je pense qu'il a tué personne. Il a toujours été très gentil dans la maison", affirme d'une voix languissante Eugénia Félicienne Chimbak, 82 ans et neuf enfants.Yoni, 36 ans, né bien après les autres, d'un père différent, est son benjamin: "C'était mon dernier, c'était mon enfant, alors je le chouchoutais, je l'encadrais." Elle a toujours tout fait pour lui: le ménage, la vaisselle, les courses, qu'elle lui apportait même à domicile. "J'abandonnerai jamais mon fils !" insiste-t-elle, en jupe longue et souliers épais, engoncée dans un vieil anorak bordeaux.
Son père ne l’a pas vu depuis des années
Ensuite le père, l'après-midi, un vieil homme malingre, au regard camouflé par d'antiques lunettes d'aviateur. Son fils, qui dit ne pas l'avoir vu depuis des années, semble ne lui porter aucun intérêt. "Je suis très, très contrarié d'être là. Je ne sais pas quoi dire", marmonne Georges Palmier, 75 ans, déjà père de trois enfants à la naissance de Yoni, avec une autre femme qu'il n'a jamais quittée.Ce nouvel enfant, "au début", il n'en voulait pas. Mais "sa mère y tenait absolument. Elle s'est retrouvée enceinte..." Il faudra des années avant qu'il révèle cette double vie à sa première famille.
Il ne s'explique pas les faits dont son fils est accusé: quatre assassinats d'au moins une balle dans la tête entre novembre 2011 et avril 2012 dans l'Essonne. "Yoni n'a jamais manqué de rien. Il a toujours été chouchouté par tout le monde."
"Vous me fatiguez grave !"
L'intéressé donne une toute autre version, celle d'un père absent, qui "venait tirer son coup" à la maison. Aujourd'hui, "il s'adresse pas à moi, ni rien du tout, il m'envoie pas de courrier", bredouille-t-il. Au coeur de la relation tumultueuse entre Yoni Palmier et ses parents, un jour de 2004, où il les poignarde, ce qui lui coûtera six mois ferme.Il poignarde sa mère de quatre coups de couteau dans le dos
Félicienne Chimbak minimise: "Il a été violent? Non... Il s'est énervé une fois." Elle avait refusé, ce jour-là, de l'accompagner chez l'assistante sociale pour un entretien d'embauche. "Il était à la cuisine en train d'éplucher des pommes de terre. Il s'est énervé et m'a lancé le couteau."Georges Palmier, blessé en tentant de s'interposer, précise: il l'a poignardée dans le dos, contrarié de la voir partir. Quatre coups avec un cran d'arrêt, selon l'enquête, portés alors qu'elle était au sol.
L’accusé plongé dans le mutisme
"On a eu un problème, j'ai pas à entrer dans les détails. C'est personnel, c'est familial", réagit Yoni Palmier, en se dandinant, les bras croisés. "Nous, on n'a pas envie de vous en dire plus."Manifestement excédée par ce mutisme, devenu quasi machinal, l'avocate générale, Béatrice Angelelli, le pousse dans les cordes. "Vous me fatiguez grave !" ose-t-il, avant d'être longuement et vertement remis en place.
C'est pourtant lui qui paraît, après seulement deux jours de procès, lasser la cour et les parties civiles, qui se heurtent au mieux à des incohérences insipides, au pire à des réponses laconiques. "Rien à dire", "je ne veux pas en parler". Le président se lance alors en soupirant dans une sorte de routine: "Des questions pour M. Palmier? Parties civiles? Avocat général? Défense? Voilà, vous pouvez vous rasseoir..."