Peintre et plasticien reconnu sur le plan international, l’artiste guadeloupéen Romain Ganer nous a ouvert les portes de son appartement à Paris. Visite guidée.
Depuis sa plus tendre enfance, Romain Ganer dessine tous les jours. Sans manquer un seul jour. Il griffonne partout. Au café, à table, dans le métro, dans les toilettes… ! Carnets de notes et papiers Canson sont omniprésents autour de lui. « Le dessin c’est la base de tout », dit-il. « Ma mère était une styliste et brodeuse réputée. Quand j’étais gamin je reproduisais ses broderies ».
Dans son appartement du XIIIe arrondissement de Paris où s’entassent depuis l’entrée et sur les murs et étagères ses peintures, dessins, et autre créations, l’artiste évoque son parcours, tout en écoutant le saxophoniste Dexter Gordon. « Je travaille toujours en musique », précise cet amateur de jazz, de gospel, de funk et de musique classique.
Il a depuis embrassé une carrière de peintre et de plasticien, résolument ancrée dans l’art contemporain. « Je suis passé par la peinture figurative puis abstraite », souligne Romain Ganer. L’artiste travaille fréquemment par séries de tableaux et de dessins, qui vont de dix à parfois plus de 50. « La série c’est une idée qui se poursuit. Je veux que cette idée continue sa route vers autre chose, que ce ne soit pas seulement une image arrêtée à un moment donné ».
Romain Ganer réalise la plupart de ses œuvres dans son atelier de Créteil en région parisienne, mais aussi souvent à Venise, d’où est originaire son épouse italienne. Ses inspirations sont multiples, confie-t-il. Les Antilles, la Guadeloupe, l’histoire de l’esclavage et de l’apartheid, mais également l’art africain et la peinture japonaise, cette dernière qu’il apprécie particulièrement, notamment l’artiste Kazuo Shiraga, décédé en 2008.
Le plasticien guadeloupéen utilise de nombreuses techniques. Fusain, crayon, encre de chine, huile, acrylique, charbon… De même que des matériaux de récupération, découverts dans la rue le plus souvent, et aussi, plus surprenant, du vin et du café (voir diaporama ci-dessous). « Savez-vous que Victor Hugo dessinait avec du café ? », nous apprend-t-il. « Les artistes ont toujours utilisé le café comme support. C’est un excellent colorant ».
Après quarante ans de carrière, les créations de Romain Ganer sont cotées aujourd’hui entre 200 (pour les petits dessins) et 30.000 euros. Outre la France, le peintre a exposé notamment en Espagne, en Italie, en Finlande, aux Etats-Unis (New York, San Francisco), au Canada, au Japon et à Cuba. Ses œuvres sont achetées lors d’expositions ou par des collectionneurs privés.
Seule pointe d’amertume chez Romain Ganer quand il évoque son parcours, la frilosité et le racisme des galeries françaises face aux artistes ultramarins ou d’origine africaine. « Il y a une discrimination spécifique dans le milieu de l’art en France » déplore le peintre. « Les Noirs sont absents des galeries de l’Hexagone et des expositions d’art français à l’étranger, ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Nous sommes victimes d’un principe rétrécissant, le panorama est malheureusement réduit à la couleur. »
Salon des arts afro-caribéens
Ouvert du lundi au vendredi de 9/12h et 14/18h. Sam/dim 14/18h. Entrée libre
Centre culturel Sidney Bechet, 10 place Henri Barbusse, 91350 Grigny
Du 29 Juin au 03 juillet 2015
« L’Art pour la paix » (exposition collective, thème 2015 : « La Femme pour la paix »), Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), 7 place de Fontenoy, 75007 Paris
En semaine de 10h à 18h, entrée gratuite
Dans son appartement du XIIIe arrondissement de Paris où s’entassent depuis l’entrée et sur les murs et étagères ses peintures, dessins, et autre créations, l’artiste évoque son parcours, tout en écoutant le saxophoniste Dexter Gordon. « Je travaille toujours en musique », précise cet amateur de jazz, de gospel, de funk et de musique classique.
"L'art c'était ma passion"
Né au Gosier en Guadeloupe en février 1953, Romain Ganer a grandi à Marie-Galante et à Pointe-à-Pitre. Il arrive dans l’Hexagone en 1971, pour y poursuivre des études de droit. « C’est du moins ce que voulait ma famille », explique en souriant le peintre. « Mais l’art c’était ma passion ». Aussi, il abandonne le droit pour s’inscrire aux Beaux Arts à Toulouse. C’est dans cette ville et durant ses études qu’il commencera à réaliser ses premières expositions, des pièces concrètes à partir de matériaux de récupération (carton, toile émeri, chambres à air, etc.)Il a depuis embrassé une carrière de peintre et de plasticien, résolument ancrée dans l’art contemporain. « Je suis passé par la peinture figurative puis abstraite », souligne Romain Ganer. L’artiste travaille fréquemment par séries de tableaux et de dessins, qui vont de dix à parfois plus de 50. « La série c’est une idée qui se poursuit. Je veux que cette idée continue sa route vers autre chose, que ce ne soit pas seulement une image arrêtée à un moment donné ».
Romain Ganer réalise la plupart de ses œuvres dans son atelier de Créteil en région parisienne, mais aussi souvent à Venise, d’où est originaire son épouse italienne. Ses inspirations sont multiples, confie-t-il. Les Antilles, la Guadeloupe, l’histoire de l’esclavage et de l’apartheid, mais également l’art africain et la peinture japonaise, cette dernière qu’il apprécie particulièrement, notamment l’artiste Kazuo Shiraga, décédé en 2008.
Le plasticien guadeloupéen utilise de nombreuses techniques. Fusain, crayon, encre de chine, huile, acrylique, charbon… De même que des matériaux de récupération, découverts dans la rue le plus souvent, et aussi, plus surprenant, du vin et du café (voir diaporama ci-dessous). « Savez-vous que Victor Hugo dessinait avec du café ? », nous apprend-t-il. « Les artistes ont toujours utilisé le café comme support. C’est un excellent colorant ».
Frilosité et racisme des galeries françaises
Depuis quelques années, Romain Ganer a également ajouté à son art la photographie et la vidéo. Et quand il ne dessine pas, il écrit des poèmes, sur papier ou sur son portable. Sa poésie se décline en français, anglais, créole et italien. « Je suis aussi en train de rédiger un dictionnaire créole », précise l’artiste, lecteur d’Aimé Césaire, Saint-John Perse, Richard Wright, James Baldwin, Henri Michaux et Jean Genet, entre autres.Après quarante ans de carrière, les créations de Romain Ganer sont cotées aujourd’hui entre 200 (pour les petits dessins) et 30.000 euros. Outre la France, le peintre a exposé notamment en Espagne, en Italie, en Finlande, aux Etats-Unis (New York, San Francisco), au Canada, au Japon et à Cuba. Ses œuvres sont achetées lors d’expositions ou par des collectionneurs privés.
Seule pointe d’amertume chez Romain Ganer quand il évoque son parcours, la frilosité et le racisme des galeries françaises face aux artistes ultramarins ou d’origine africaine. « Il y a une discrimination spécifique dans le milieu de l’art en France » déplore le peintre. « Les Noirs sont absents des galeries de l’Hexagone et des expositions d’art français à l’étranger, ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Nous sommes victimes d’un principe rétrécissant, le panorama est malheureusement réduit à la couleur. »
Prochaines expos de Romain Ganer
Du 04 au 13 mai 2015Salon des arts afro-caribéens
Ouvert du lundi au vendredi de 9/12h et 14/18h. Sam/dim 14/18h. Entrée libre
Centre culturel Sidney Bechet, 10 place Henri Barbusse, 91350 Grigny
Du 29 Juin au 03 juillet 2015
« L’Art pour la paix » (exposition collective, thème 2015 : « La Femme pour la paix »), Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), 7 place de Fontenoy, 75007 Paris
En semaine de 10h à 18h, entrée gratuite