Le ver plat de Nouvelle-Guinée n’a l’air de rien et pourtant ce ver terrestre au doux nom scientifique de Platydemus manokwari fait partie de la liste des 100 espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde. Il s’est fait une place dans des îles du Pacifique et débarque dans la Caraïbe.
Cécile Baquey •
Jean-Lou Justine, professeur au Muséum national d’histoire naturelle tire la sonnette d’alarme dans un article scientifique en ligne. Le ver plat de Nouvelle-Guinée arrive aux Amériques et ce n’est pas une bonne nouvelle. Ce ver plat terrestre apprécie particulièrement les escargots. Et s’il y a bien des animaux, notamment dans les îles du Pacifique, qui sont sévèrement menacés de disparition, ce sont certaines espèces endémiques d’escargots.
Ornée d'une bande beige
« Dans des îles de la Polynésie françaises, on compte déjà des dizaines d’espèces d’escargots endémiques (que l’on ne trouve que dans ces endroits) qui ont disparu, souligne Jean-Lou Justine contacté par La1ère. C’est une perte énorme pour la biodiversité. Si le ver plat pullule, ce sera encore pire ». Cette bestiole claire sur le ventre et noire sur le dos est ornée d’une bande beige. Elle mesure cinq centimètres en moyenne de long et 5 millimètres de large.
Un ver plat qui voyage
« Le ver plat de Nouvelle-Guinée a été observé à partir de 2007 à Wallis et Futuna, puis en 2013 à Moorea et en 2014 à Tahiti, en Nouvelle-Calédonie et dans les îles Loyauté », précise Jean-Lou Justine. Dans les jardins de Nouméa, ils commencent à être bien nombreux. Et cette espèce voyage « principalement à cause des humains, qui transportent ces vers dans des plantes en pots ou de la terre », souligne le professeur du Muséum.
Arrivée prochaine aux Antilles ?
« A Porto Rico, ajoute Jean-Lou Justine, un étudiant a observé un ver plat de Nouvelle- Guinée dans le jardin de son Université ». Cela signifie-t-il que le Platydemus manokwari va débarquer prochainement aux Antilles françaises ? Pour Jean-Lou Justine, ça ne fait pas de doute.
Pas de prédateurs
Or ce ver terrestre originaire de Nouvelle-Guinée n’a pas de prédateur. « Le ver plat a mauvais goût, explique sans rire Jean-Lou Justine. Il possède des glandes qui contiennent pleins de produits chimiques répulsifs. Quand une poule le goûte une fois, elle n’en veut plus jamais. Ses seuls prédateurs sont donc les autres vers plats terrestres ».
Une bouche au milieu du ventre
Et de son côté, le Platydemus manokwari est un redoutable prédateur qui a une curieuse façon d’avaler ses proies. « Sa bouche se trouve au milieu du ventre, précise le chercheur du Muséum national d’histoire naturelle. Et de cette bouche sort un pharynx qui se déplie et enveloppe l’animal capturé. Le ver plat digère la proie de l’extérieur après l’avoir paralysé avec des substances chimiques ».
Ne pas écraser le ver, mais le photographier !
Que faut-il donc faire, lorsque l’on se trouve face à face avec un ver plat de Nouvelle-Guinée ? Pour Jean-Lou Justine, il ne faut pas agir avec précipitation et donc ne pas écraser la bestiole (comme le suggérait benoîtement La1ère), mais au contraire la photographier et alerter les autorités concernées.