A Londres, Stephen Briggs, analyste chez BNP-PARIBAS, est l'un des grands spécialistes du nickel et en quelque sorte "la matière grise" des matières premières. L'occasion, rare, d'échanger avec un homme de l'ombre, pourtant l'un des acteurs clefs de la bourse mondiale des métaux. Interview.
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Pour Stephen Briggs (analyste chez BNP-PARIBAS au Royaume Uni) la Nouvelle-Calédonie sera un acteur majeur de l'industrie du nickel. Entretien.
Quelle est la part du nickel dans les transactions mondiales du London Metal Exchange ?
Stephen Briggs : le nickel est l'un des six métaux échangé et négocié par les traders de la bourse des métaux de Londres (LME). Le marché du nickel n'est pas très important en volume et son activité boursière est généralement modérée, loin derrière l’aluminium et le cuivre. Mais le cours du nickel peut soudainement devenir fébrile, volatile en cas de forte demande de l’industrie de l’acier inoxydable.
Pour quelle raison ?
La demande est cyclique, avec des hauts et des bas. Elle dépend largement de l’utilisation que l'industrie de l'inox fait du nickel. Le cours du nickel dépend donc de la situation économique mondiale. Le nickel est une valeur spéculative sujette aux incidents industriels et aux pertes imprévisibles. Quoi qu'il en soit, le marché du nickel est arbitré à Londres, le LME fixe les prix et sert de référence mondiale y compris en Nouvelle-Calédonie.
Pour les acteurs des matières premières à Londres, quelle est la valeur actuelle de la production calédonienne de nickel, compte-t-elle dans les échanges ?
La Nouvelle-Calédonie fournit environ 9 % de la production mondiale de ce minerai dont un fort pourcentage est exporté. Pour le moment, elle ne représente que 3 à 4 % de la production métallurgique. Et c'est ce produit, ce métal qui compte principalement dans les échanges financiers. Le ferronickel par exemple n'est pas pris en compte même s'il contient du nickel. Par contre, sa valeur est déterminée par le cours du nickel à Londres, mais uniquement en fonction de la quantité de métal contenue.
Pour le professeur Philippe Chalmin, coordonateur du rapport Cyclope sur les matières premières, la Nouvelle-Calédonie n'est plus vraiment importante pour le marché du nickel…
Je ne partage pas ce point de vue. La Nouvelle-Calédonie pèse plus de 9 % de la production minière mondiale, avec d’importantes réserves, ce n’est pas insignifiant, bien au contraire. Et cette production a augmenté dans les cinq dernières années. En outre, elle va probablement encore augmenter pour atteindre 10 % de la production mondiale, avec la montée en puissance des usines VNC-Goro et KNS-Koniambo. L’usine du nord et celle du sud finiront par atteindre leurs objectifs. Ces deux usines vont également accroître la part de la production métallurgique calédonienne dans la production mondiale. Et cette production représentera beaucoup d’argent.
Le nickel traverse une très mauvaise passe, jusqu'à quand ?
Le cours du nickel est en baisse depuis un an, malgré les prévisions très optimistes de certains experts qui pensaient que l’embargo indonésien ferait remonter les cours. Erreur, le marché enregistre un surplus, des stocks très importants. Malgré tout, une baisse des stocks est envisageable et donc une remontée des cours, mais pas avant 2016.
Les pays ou les régions qui détiennent des matières premières comme le nickel, peuvent-ils contrôler leurs ressources ?
C'est une question plutôt politique, et je n'ai pas à m'exprimer sur le sujet. Néanmoins, je relève que les nationalisations totales ou partielles sont prises en compte dans notre évaluation des risques. Des stratégies différentes ont été menées. La doctrine indonésienne vise à négocier avec les sociétés multinationales la construction d’usines de transformation dans le pays.
Des nationalisations ont été conduites autrefois au Chili et en Zambie. Avec des résultats pour le moins contrastés. Il faut comprendre que la réalisation d’un projet industriel, d'un complexe métallurgique et minier nécessite des fonds très importants. Les sociétés multinationales ont les ressources financières nécessaires. En Indonésie comme en Nouvelle-Calédonie…
Quelle est la part du nickel dans les transactions mondiales du London Metal Exchange ?
Stephen Briggs : le nickel est l'un des six métaux échangé et négocié par les traders de la bourse des métaux de Londres (LME). Le marché du nickel n'est pas très important en volume et son activité boursière est généralement modérée, loin derrière l’aluminium et le cuivre. Mais le cours du nickel peut soudainement devenir fébrile, volatile en cas de forte demande de l’industrie de l’acier inoxydable.
Pour quelle raison ?
La demande est cyclique, avec des hauts et des bas. Elle dépend largement de l’utilisation que l'industrie de l'inox fait du nickel. Le cours du nickel dépend donc de la situation économique mondiale. Le nickel est une valeur spéculative sujette aux incidents industriels et aux pertes imprévisibles. Quoi qu'il en soit, le marché du nickel est arbitré à Londres, le LME fixe les prix et sert de référence mondiale y compris en Nouvelle-Calédonie.
Pour les acteurs des matières premières à Londres, quelle est la valeur actuelle de la production calédonienne de nickel, compte-t-elle dans les échanges ?
La Nouvelle-Calédonie fournit environ 9 % de la production mondiale de ce minerai dont un fort pourcentage est exporté. Pour le moment, elle ne représente que 3 à 4 % de la production métallurgique. Et c'est ce produit, ce métal qui compte principalement dans les échanges financiers. Le ferronickel par exemple n'est pas pris en compte même s'il contient du nickel. Par contre, sa valeur est déterminée par le cours du nickel à Londres, mais uniquement en fonction de la quantité de métal contenue.
Pour le professeur Philippe Chalmin, coordonateur du rapport Cyclope sur les matières premières, la Nouvelle-Calédonie n'est plus vraiment importante pour le marché du nickel…
Je ne partage pas ce point de vue. La Nouvelle-Calédonie pèse plus de 9 % de la production minière mondiale, avec d’importantes réserves, ce n’est pas insignifiant, bien au contraire. Et cette production a augmenté dans les cinq dernières années. En outre, elle va probablement encore augmenter pour atteindre 10 % de la production mondiale, avec la montée en puissance des usines VNC-Goro et KNS-Koniambo. L’usine du nord et celle du sud finiront par atteindre leurs objectifs. Ces deux usines vont également accroître la part de la production métallurgique calédonienne dans la production mondiale. Et cette production représentera beaucoup d’argent.
Le nickel traverse une très mauvaise passe, jusqu'à quand ?
Le cours du nickel est en baisse depuis un an, malgré les prévisions très optimistes de certains experts qui pensaient que l’embargo indonésien ferait remonter les cours. Erreur, le marché enregistre un surplus, des stocks très importants. Malgré tout, une baisse des stocks est envisageable et donc une remontée des cours, mais pas avant 2016.
Les pays ou les régions qui détiennent des matières premières comme le nickel, peuvent-ils contrôler leurs ressources ?
C'est une question plutôt politique, et je n'ai pas à m'exprimer sur le sujet. Néanmoins, je relève que les nationalisations totales ou partielles sont prises en compte dans notre évaluation des risques. Des stratégies différentes ont été menées. La doctrine indonésienne vise à négocier avec les sociétés multinationales la construction d’usines de transformation dans le pays.
Des nationalisations ont été conduites autrefois au Chili et en Zambie. Avec des résultats pour le moins contrastés. Il faut comprendre que la réalisation d’un projet industriel, d'un complexe métallurgique et minier nécessite des fonds très importants. Les sociétés multinationales ont les ressources financières nécessaires. En Indonésie comme en Nouvelle-Calédonie…