Une vingtaine de jeunes étudiants calédoniens ont débarqué à Paris, lundi 17 août, pour la première fois de leur vie. C'est le début d’une aventure loin de la famille et des amis. La1ère.fr a suivi leurs premiers pas dans l’Hexagone. Reportage.
Les yeux sont cernés, mais les regards attentifs. Entre excitation et angoisse, ils font leurs premiers pas dans leur nouvelle vie d’étudiant en métropole. Après 24 heures de vol, une vingtaine de jeunes Calédoniens ont atterri, lundi 17 août, à Paris. "C’est dans l’avion que j’ai vraiment réalisé que je partais", confie Nathanaël qui va intégrer une classe de BTS en Seine-Saint-Denis. D'un ton assuré, ce grand gaillard de 19 ans devient fébrile lorsqu’il évoque le départ à l’aéroport de Nouméa : "Ma mère était en pleurs, heureusement que ma tante était là pour la soutenir, c’était vraiment horrible. J’ai failli oublier mes bagages…"
"Moi, c’est comme si j’avais coupé le cordon ombilical une seconde fois", raconte Berti. Originaire de Maré, ce jeune Calédonien de 19 ans sait qu’il reverra sa famille dans deux ans, alors il faut "laisser la douleur du départ derrière soi pour avancer".
Le bac en poche, Berti fera sa rentrée à Besançon d'ici quelques jours. "Je vais sortir de ma bulle et faire un travail sur moi, assure-t-il. L’objectif, c’est de décrocher mon BTS". Il y a quelques semaines encore, Berti passait du temps en tribu à pêcher et à chasser en forêt avec ses cousins.
De l’organisation du travail, à la bonne hygiène de vie, en passant par l’importance d’une vie sociale, l’intervenant, Christian Couralet, donne les clés de la réussite aux élèves. "Surtout ne vous enfermez pas sur vous-même, ne passez pas vos nuits sur Skype avec la famille parce que le lendemain, vous ne serez pas frais en cours", plaisante Christian qui sait par expérience que les premiers mois de "ce grand saut dans l’inconnu" seront difficiles à vivre pour ces jeunes.
"Donnez-moi d’abord votre extrait d’acte de naissance", annonce Céleste. Aïe ! Premières difficultés : certains n’ont que le livret de famille, d’autres un acte coutumier… Céleste garde son calme. Il va falloir s’adapter. Au moment de signer un document, l’un des jeunes se surprend : "Ah non ! J’allais écrire : "fait le 18 août, à Nouméa" !" Éclat de rire général.
La plupart des jeunes se sont préparés à ce départ vers l’inconnu. "On a l'objectif de réussir nos études, mais on va aussi profiter de la vie ici", affirme Nathanaël qui s’est déjà renseigné sur ce qu’il ne fallait pas manquer en métropole. "Moi, on m’a dit de goûter à tout prix aux kebabs, il paraît que c’est excellent", s'enthousiasme Samuel.
L’air intrigué, les étudiants regardent défiler le diaporama avec des photos de gare. L’image d’une machine jaune apparaît. "Surtout n’oubliez pas de composter votre billet", lance Agnès. "Ça veut dire quoi 'composter' Madame ?", interroge Berti, un peu perdu entre numéros de trains, de voies, de wagons et de places. Nouveaux rires dans la salle. "Eh ben (soupirs)... J’espère qu’avec tout ça, la place du train est confortable", conclut amusé le jeune homme.
"J’utilise Facebook, ma boite mail ne s’ouvre pas, on me prend pour un pirate ! C’est la première fois que je me connecte hors de Nouvelle-Calédonie", explique Berti. Une difficulté de plus pour Nathanaël qui a, dans sa boîte mail, les précieux documents du Crous nécessaires aux démarches administratives.
Derrière, le reste du groupe peine à suivre. "C’est trop speed, les gens s’arrêtent jamais pour prendre le temps de regarder tous ces vieux bâtiments", s’étonne Berti qui remarque que les rues "n’ont vraiment rien à voir avec celles de Nouméa". Chez les filles, on scrute les looks des passants. "Ils sont vraiment tous à la mode", s’exclame Nancy, une jeune fille de Païta. Arrivés au Louvre, les regards pétillent. Malgré la fatigue, le groupe admire chaque détail. "Regarde là-bas, l’arc de triomphe", "c’est comme dans les films", assurent les jeunes.
C’est comme si j’avais coupé le cordon ombilical une seconde fois
La douleur du départ
"Moi, c’est comme si j’avais coupé le cordon ombilical une seconde fois", raconte Berti. Originaire de Maré, ce jeune Calédonien de 19 ans sait qu’il reverra sa famille dans deux ans, alors il faut "laisser la douleur du départ derrière soi pour avancer".Le bac en poche, Berti fera sa rentrée à Besançon d'ici quelques jours. "Je vais sortir de ma bulle et faire un travail sur moi, assure-t-il. L’objectif, c’est de décrocher mon BTS". Il y a quelques semaines encore, Berti passait du temps en tribu à pêcher et à chasser en forêt avec ses cousins.
"Ne pas passer ses nuits sur Skype"
Accueillis à l’aéroport de Roissy, ces jeunes Calédoniens vont passer trois jours entre les mains du personnel de la Maison de la Nouvelle-Calédonie. Guidés, bichonnés, ils sont encore dans un cadre familier. "C'est rassurant, confie Victoria, emmitouflée dans son sweat. Depuis l'arrivée, j’ai comme des crises d’angoisse, des frissons, puis ça passe", raconte timidement la jeune fille qui suit son premier atelier pédagogique.De l’organisation du travail, à la bonne hygiène de vie, en passant par l’importance d’une vie sociale, l’intervenant, Christian Couralet, donne les clés de la réussite aux élèves. "Surtout ne vous enfermez pas sur vous-même, ne passez pas vos nuits sur Skype avec la famille parce que le lendemain, vous ne serez pas frais en cours", plaisante Christian qui sait par expérience que les premiers mois de "ce grand saut dans l’inconnu" seront difficiles à vivre pour ces jeunes.
Sécu, mutuelle, compte en banque et assurance
Durant ce premier jour à Paris, les étudiants calédoniens sont assommés d’informations indispensables à leurs intégrations. "Il n’y a pas de CAFAT ici, il faut une sécurité sociale et une mutuelle", explique Agnès Siraut, chef du service étudiants à la Maison de la Nouvelle-Calédonie avant de confier les jeunes à Céleste, chargée de les guider dans les démarches."Donnez-moi d’abord votre extrait d’acte de naissance", annonce Céleste. Aïe ! Premières difficultés : certains n’ont que le livret de famille, d’autres un acte coutumier… Céleste garde son calme. Il va falloir s’adapter. Au moment de signer un document, l’un des jeunes se surprend : "Ah non ! J’allais écrire : "fait le 18 août, à Nouméa" !" Éclat de rire général.
Après plus d’une heure de "paperasses", certains bâillent à s’arracher la mâchoire. "Et la sieste n’est pas prévue dans le planning", plaisante Samuel, éreinté par le voyage. Une fois les questions sécurité sociale et mutuelle réglées, il reste encore l’ouverture du compte en banque et l’assurance du logement. "C’est incroyable le nombre de choses à régler et à retenir, ma tête va exploser", soupire Eutésio, qui garde consciencieusement sa pochette "docs métropole" sous le bras.
Impatients de "voir la neige et manger des kebabs"
Au fond de la salle, Victoria grelotte, alors que d’autres ne cessent d’éternuer et de se moucher. "On nous avait prévenus, il fait froid ici, et ce n’est pas encore le pire", se réjouit Berti qui rêve, lui, de voir la neige au plus vite. "A Besançon, en novembre, j’en verrai, vous croyez ?", interroge-t-il.La plupart des jeunes se sont préparés à ce départ vers l’inconnu. "On a l'objectif de réussir nos études, mais on va aussi profiter de la vie ici", affirme Nathanaël qui s’est déjà renseigné sur ce qu’il ne fallait pas manquer en métropole. "Moi, on m’a dit de goûter à tout prix aux kebabs, il paraît que c’est excellent", s'enthousiasme Samuel.
Et comment prendre le train ?
Attentifs aux explications, les jeunes Calédoniens assistent à un atelier pratique : comment prendre le train ? Ceux qui ne sont jamais venus dans l’Hexagone doivent s'y préparer pour rejoindre, dans quelques jours, leur ville d’étude. "Vous avez sur le billet un numéro de train, explique Agnès Siraut, chef du service étudiants. En arrivant en gare, cherchez le numéro de votre train, pas votre destination, car si ce n’est pas le terminus, elle n’apparaît pas sur le panneau".L’air intrigué, les étudiants regardent défiler le diaporama avec des photos de gare. L’image d’une machine jaune apparaît. "Surtout n’oubliez pas de composter votre billet", lance Agnès. "Ça veut dire quoi 'composter' Madame ?", interroge Berti, un peu perdu entre numéros de trains, de voies, de wagons et de places. Nouveaux rires dans la salle. "Eh ben (soupirs)... J’espère qu’avec tout ça, la place du train est confortable", conclut amusé le jeune homme.
Téléphone, mails et réseaux sociaux
Entre deux ateliers, les jeunes courent acheter une puce de téléphone portable pour donner des nouvelles à leurs proches. Berti, lui, prend d’assaut un clavier d’ordinateur. Via les réseaux sociaux, il communique avec ses amis."J’utilise Facebook, ma boite mail ne s’ouvre pas, on me prend pour un pirate ! C’est la première fois que je me connecte hors de Nouvelle-Calédonie", explique Berti. Une difficulté de plus pour Nathanaël qui a, dans sa boîte mail, les précieux documents du Crous nécessaires aux démarches administratives.
Une balade dans Paris et quelques frayeurs…
Quelques minutes plus tard, c’est la délivrance. La première journée "paperasse" terminée, le personnel de la maison de la Nouvelle-Calédonie emmène les jeunes prendre l’air, à la découverte de Paris. Une balade durant laquelle les traversées des rues sont parfois périlleuses. Alors qu’Eutésio traverse un passage piéton, une voiture accélère : "T’es fou ! Ici, quand c’est rouge, on ne passe pas !", s’exclame Samuel.C’est trop speed, les gens s’arrêtent jamais pour prendre le temps de regarder tous ces vieux bâtiments
Derrière, le reste du groupe peine à suivre. "C’est trop speed, les gens s’arrêtent jamais pour prendre le temps de regarder tous ces vieux bâtiments", s’étonne Berti qui remarque que les rues "n’ont vraiment rien à voir avec celles de Nouméa". Chez les filles, on scrute les looks des passants. "Ils sont vraiment tous à la mode", s’exclame Nancy, une jeune fille de Païta. Arrivés au Louvre, les regards pétillent. Malgré la fatigue, le groupe admire chaque détail. "Regarde là-bas, l’arc de triomphe", "c’est comme dans les films", assurent les jeunes.
C'est parti pour l'aventure !
Après ces trois jours à Paris, les jeunes vont rejoindre leur ville d’étude. "Je pars en BTS à une heure de Bordeaux dans un tout petit village", s’inquiète Claude-May, 19 ans. La jeune fille avoue son angoisse. "J’espère que je vais rencontrer des gens, ça a l’air si petit… ". À la Maison de la Nouvelle-Calédonie, Gwenaëlle fouille dans le répertoire des étudiants. "On doit avoir une Calédonienne en études pas loin, on va chercher son numéro", rassure-t-elle.Rassurer, expliquer, répéter, à la Maison de la Nouvelle-Calédonie, le personnel est mobilisé pour accueillir les 180 jeunes qui vont arriver pour cette rentrée scolaire. À peine le premier groupe formé, Agnès Siraut, chef du service étudiants, reçoit un appel de Kuala Lumpur, en Malaisie. Des étudiants calédoniens attendus le lendemain à Paris, sont bloqués à l’aéroport. Ils arriveront avec plusieurs heures de retard. Elle les rassure : "Ne vous inquiétez pas, nous serons bien à l’aéroport, on surveillera votre heure d’arrivée sur internet". Une escale imprévue et déjà le début d’une longue aventure…