Frédérick Sigrist, Dedo et Kody Kim : c'est l'affiche de la première édition du Martinique comedy club, programmée les 25 et 26 septembre prochains au Lamentin (Martinique). Le Guadeloupéen a été l'un des premiers humoristes à soutenir ce projet qui ambitionne de mélanger spectacles et master class.
Alors que son one man show "Frédérick Sigrist refait l'actu" vient d'être prolongé au Point virgule à Paris, jusqu'à décembre, le Guadeloupéen fera relâche fin septembre pour venir à la rencontre du public martiniquais. Il fait partie de la bande qui inaugurera les soirées du Martinique comedy club.
Le Guadeloupéen s'interroge sur notre addiction à l'information : "J'ai envie que les gens soient heureux. Et je me suis rendu compte qu'une grosse source de malheur, c'était souvent des sujets qui les dépassaient. Qu'ils n'avaient pas forcément de soucis par rapport à leur vie ou à leur futur proche, mais c'était une sorte d'ambiance : 'Toute façon rien ne va ! Avec tout ce qui se passe...etc'. C'était comme une sorte de cancer qui les rongeait tous... C'est quand même bizarre d'avoir un temps aussi court sur cette Terre et d'être aussi angoissé par des problèmes sur lesquels on n'a pas de prise. Ce qui m'intéresse c'est pourquoi certaines personnes, certains groupes choisissent de raconter le Monde de cette manière là." Pour ce trublion à l'affût du fait d'actualité qui peut être tourné en dérision, l'évolution de l'actualité est un formidable vivier : "Je me lasse très rapidement. J'aime bien me dire : 'Tiens ce soir je vais tenter tel morceau du spectacle que j'ai jamais fait. Je ne sais pas si c'est drôle, mais on va voir'. J'aime cette idée de spectacle vivant."
Ecoutez ci-dessous l'une des chroniques de Frédérick Sigrist diffusée dans La Bande originale, sur France Inter, le 26 juin 2015 :
Soutenir le lancement du Martinique comedy club ? "Personnellement, cela rejoint une conviction profonde qui est qu'on traite les Antilles comme une "franchise". Cela m'insupporte. Donc je trouvais tout à fait logique de faire le déplacement comme je suis allé à Nice, Strasbourg, Rennes ! Il ne devrait pas y avoir une barrière aussi forte, ou que ça devienne un tel événement de se dire 'je vais aller aux Antilles'. Ceux qui y vont c'est souvent des grosses têtes d'affiche qui ne se renseignent ni sur la saison culturelle, ni sur les moyens financiers des gens. Dans des régions où tant de jeunes sont au chômage, tu ne peux pas te permettre d'arriver avec un billet de spectacle à 60€, et ensuite revenir dans l'Hexagone en te mettant la main sur le cœur, et disant 'Je suis un artiste engagé, j'ai des principes'... Il y a des gens qui ont une sorte d'engagement à géométrie variable ! Certains vont détester ce que je suis et ce que je fais, exactement comme c'est le cas ici. Mais ils auront la possibilité et le choix de détester ou d'aimer."
Regardez ci-dessous un extrait de son spectacle (le 19 mars 2014) :
Deux dates pour voir un spectacle avec trois artistes (30 minutes chacun sur scène) et une première partie locale. Places à 35€ jusqu'au 6 septembre, puis 40€.
www.martiniquecomedyclub.com
Le spectacle
Venu du théâtre, Frédérick Sigrist écrit ses premiers spectacles seul en scène. Il fait partie des jeunes talents de "Paris fait sa comédie" en 2007, avec "Et après on va dire que je suis méchant", qui deviendra après deux années de représentations "Frédérick Sigrist refait l'actu". "C'est comme une revue de presse qui ne finirait jamais, explique-t-il. Je ne fais que rassembler les horreurs que l'on vous distille tous les jours à dose homéopathique chez vous pendant les heures de repas !" Les choix des médias, la consommation, les faits de société, les travers des politiques, le sport : tout y passe.Je ne fais que rassembler les horreurs que l'on vous distille tous les jours à dose homéopathique chez vous pendant les heures de repas !
Le Guadeloupéen s'interroge sur notre addiction à l'information : "J'ai envie que les gens soient heureux. Et je me suis rendu compte qu'une grosse source de malheur, c'était souvent des sujets qui les dépassaient. Qu'ils n'avaient pas forcément de soucis par rapport à leur vie ou à leur futur proche, mais c'était une sorte d'ambiance : 'Toute façon rien ne va ! Avec tout ce qui se passe...etc'. C'était comme une sorte de cancer qui les rongeait tous... C'est quand même bizarre d'avoir un temps aussi court sur cette Terre et d'être aussi angoissé par des problèmes sur lesquels on n'a pas de prise. Ce qui m'intéresse c'est pourquoi certaines personnes, certains groupes choisissent de raconter le Monde de cette manière là." Pour ce trublion à l'affût du fait d'actualité qui peut être tourné en dérision, l'évolution de l'actualité est un formidable vivier : "Je me lasse très rapidement. J'aime bien me dire : 'Tiens ce soir je vais tenter tel morceau du spectacle que j'ai jamais fait. Je ne sais pas si c'est drôle, mais on va voir'. J'aime cette idée de spectacle vivant."
Les origines
Où se situe Frédérick Sigrist, né dans l'Hexagone d'une mère lorraine et d'un père guadeloupéen ? "Nulle part, répond-il. Quand j'ai commencé le spectacle, j'avais la Compagnie créole, je rentrais sur scène et je parlais de mon métissage. C'était vraiment aux prémices du stand up (seul en scène, sans décor ou accessoires) où les gens commençaient à aborder leurs origines. Au bout d'un moment j'ai arrêté de le faire parce que c'était vraiment, pour moi, un acte militant. Je voulais qu'on me considère comme un citoyen qui avait des choses à dire, point. Que je sois métissé, que mon père soit Guadeloupéen, ou même j'aurais pu être d'origine marocaine, algérienne... On s'en fiche. Je voulais faire fi de tout ce qui était poing levé. Aussi parce que par malchance, les deux familles de mes parents, du côté lorrain et du côté guadeloupéen, étaient racistes. Il serait trop difficile pour moi de choisir un camp. Je me suis rendu compte que finalement, ils étaient très proches les uns des autres et qu'ils pourraient très bien s'entendre à leur manière ! Et puis dans les métiers du spectacle, on t'enferme vite dans un cliché..."Le métier
"Le métier a complètement changé, pour Frédérick Sigrist. Je viens du théâtre. Mais la dynamique économique de ce métier a tellement changé qu'aujourd'hui si jamais je ne faisais que du théâtre à Paris, ça ne serait pas viable. J'ai beau jouer toute la semaine devant une salle pleine (ndlr : du mercredi au samedi au Point virgule), ça ne me permet pas de gagner ma vie. Et encore je suis coproducteur de mon spectacle ! C'est devenu un tel business, un tel gouffre financier de lancer un humoriste à Paris ! Il faut compter 60 000€ minimum ! Donc beaucoup de boîtes de production cherchent à rentabiliser cet investissement, mais à Paris c'est devenu compliqué : beaucoup de salles ont ouvert alors que le public n'est pas extensible, et pas mal de sites internet vendent des places moins cher..." Sa solution ? "Il faut apparaître dans des émissions télé (le Lab.ô sur France ô) ou de radio (la Bande originale et A rebrousse poil sur France Inter) pour remplir sa salle, mais la salle remplie ne permet pas d'arrêter la radio et la télé... Il faut tout faire, tout le temps."Ecoutez ci-dessous l'une des chroniques de Frédérick Sigrist diffusée dans La Bande originale, sur France Inter, le 26 juin 2015 :
En Martinique
Lors de sa venue en Martinique, fin septembre, Frédérick Sigrist va "refaire l'actu" à nouveau (du nom de son spectacle). "Mais, comme à chaque fois que je tourne avec ce show, je vais me renseigner sur les problèmes du moment en Martinique. Je parlerai des spécificités locales, mais aussi de la politique nationale parce que c'est un département français. Même si énormément de gens ont tendance à l'oublier ! Je trouve qu'il y a une grosse méconnaissance des deux côtés."Ça ne devrait pas être un événement pour un humoriste de se dire : "Je vais me produire aux Antilles"
Soutenir le lancement du Martinique comedy club ? "Personnellement, cela rejoint une conviction profonde qui est qu'on traite les Antilles comme une "franchise". Cela m'insupporte. Donc je trouvais tout à fait logique de faire le déplacement comme je suis allé à Nice, Strasbourg, Rennes ! Il ne devrait pas y avoir une barrière aussi forte, ou que ça devienne un tel événement de se dire 'je vais aller aux Antilles'. Ceux qui y vont c'est souvent des grosses têtes d'affiche qui ne se renseignent ni sur la saison culturelle, ni sur les moyens financiers des gens. Dans des régions où tant de jeunes sont au chômage, tu ne peux pas te permettre d'arriver avec un billet de spectacle à 60€, et ensuite revenir dans l'Hexagone en te mettant la main sur le cœur, et disant 'Je suis un artiste engagé, j'ai des principes'... Il y a des gens qui ont une sorte d'engagement à géométrie variable ! Certains vont détester ce que je suis et ce que je fais, exactement comme c'est le cas ici. Mais ils auront la possibilité et le choix de détester ou d'aimer."
Regardez ci-dessous un extrait de son spectacle (le 19 mars 2014) :
Le Martinique comedy club
Au Centre culturel du bourg du Lamentin : les 25 et 26 septembre (puis d'autres affiches les 29-30 octobre et 27-28 novembre).Deux dates pour voir un spectacle avec trois artistes (30 minutes chacun sur scène) et une première partie locale. Places à 35€ jusqu'au 6 septembre, puis 40€.
www.martiniquecomedyclub.com