Cinq questions pour comprendre le conflit des rouleurs en Nouvelle-Calédonie

Le conflit des rouleurs en Nouvelle-Calédonie dure depuis plus de deux semaines
Un conflit social de grande ampleur paralyse la Nouvelle-Calédonie depuis trois semaines. Il oppose les mineurs et transporteurs de nickel aux institutions locales. Un médiateur a été nommé ce lundi 24 août pour résoudre la crise. Retour en cinq points sur ce mouvement qui secoue l'archipel.
Se dirige-t-on vers un apaisement du conflit social qui paralyse la Nouvelle-Calédonie depuis trois semaines ? Après trois semaines de crise et un accident mortel survenu ce week-end, l'indépendantiste Daniel Goa a accepté d'assurer la médiation entre les transporteurs de nickel et les institutions locales. Retour en cinq points sur ce conflit.
 

► Qui sont les rouleurs ?

Le terme "rouleurs" désigne en Nouvelle-Calédonie les transporteurs de nickel, ressource essentielle dans l'archipel (qui détient 25 à 30% des ressources mondiales, ndlr). Les rouleurs transportent le minerai de la mine jusqu'aux quais de chargement. Associés aux mineurs, ce sont eux, qui, avec leurs camions, érigent des barrages routiers depuis le 5 août en divers points de Nouméa et dans d'autres communes de la Grande Terre. Ils sont représentés (entre autres) par ContraKmines, syndicat des contracteurs miniers de Nouvelle-Calédonie.
 

► Que réclament-ils ?

Ils souhaitent pouvoir exporter des minerais vers la Chine. Une proposition rejetée le 30 juillet dernier par le comité du commerce extérieur minier (composé du président du gouvernement, des présidents de province, des représentants de mineurs et des industriels), lequel préfère privilégier les clients historiques que sont l'Australie, le Japon et la Corée du Sud. Les rouleurs et les mineurs affirment pour leur part que l'ouverture d'un canal d'exportation vers la Chine permettrait de maintenir leur activité et celle de leurs sous-traitants dans un contexte économique tendu.
 
Comment l'activité minière est-elle encadrée en Nouvelle-Calédonie ? Réponse avec Thierry Rigoureau de Nouvelle-Calédonie 1ère :
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► Pourquoi tant d'inquiétudes ?

Dans un contexte mondial d'effondrement des cours du nickel, leur client historique – l'Australien QNI, Queensland Nickel – tente d'imposer aux mineurs calédoniens des conditions drastiques. A savoir : un gel des prix sur 5 ans, ce que rouleurs et mineurs jugent "inacceptable". Par ailleurs, le nickel représente un enjeu économique et symbolique majeur en Nouvelle-Calédonie. Il est souvent présenté comme la "clé du rééquilibrage et du partage des richesses" en faveur des Kanak.
 
Voir ci-dessous le livret pédagogique établi par la Maison de la Nouvelle-Calédonie sur l'histoire et la place du nickel dans l'archipel : 


 L'Etat peut-il intervenir dans la crise ?

En Nouvelle-Calédonie, les questions qui touchent au nickel relèvent des institutions locales. Le Haut Commissaire, Vincent Bouvier, a néanmoins appelé au calme à plusieurs reprises. Il a réitéré cet appel solennel aux transporteurs de nickel après l'accident mortel survenu dans la nuit du 22 au 23 août. Un automobiliste de 25 ans s'est encastré dans un camion de rouleur (une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes de l'accident, ndlr). Dimanche 23 août, la ministre des Outre-mer s'est exprimée elle aussi, estimant que la crise avait "trop duré" et enjoignant aux élus locaux de mettre fin au conflit.
 
George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, se dit "préoccupée" par le conflit des rouleurs : 
 

 Vers un apaisement du conflit ?

Un protocole d'accord a été mis sur la table jeudi dernier, 21 août, stipulant que "les demandes d'exportations à destination de la Chine seraient renvoyées aux discussions sur la stratégie du pays", un accord rejeté par les transporteurs de nickel. Après l'accident mortel survenu ce week-end sur un barrage, le président du gouvernement, Philippe Germain, a aussitôt martelé que le temps des négociations était "révolu". Depuis, l'indépendantiste Daniel Goa a accepté de devenir médiateur, ce que réclamaient les rouleurs. La plupart des barrages routiers ont été levés ce lundi 23 août et les écoles sont censées rouvrir leurs portes dans tout l'archipel ce mardi.
 
Daniel Goa, au micro de Nouvelle-Calédonie 1ère :
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