L’humoriste comparaissait ce lundi devant le tribunal de justice de Paris pour "complicité d’injure publique raciale" après deux articles publiés en décembre 2012 dans Marianne. Il y employait les expressions "enculé de nègre" et "indolence insulaire". Le procureur a requis la relaxe.
Des mots chocs et un humour qui ne passe pas auprès de la communauté antillaise. Nicolas Bedos comparaissait lundi 5 octobre au Palais de justice de Paris pour "complicité d’injure publique raciale". Dans une chronique publiée en décembre 2012 dans l’hebdomadaire Marianne, il emploie l’expression "enculé de nègre" à la fin d’un article intitulé "Indolence insulaire", écrit au retour de ses vacances en Guadeloupe. Il utilise également la formule "autochtones oisifs" dans un autre billet publié sur le site du journal. Les articles font grincer le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais (Collectif DOM) qui dépose plainte en janvier 2013, jugeant "l’expression outrageante pour les ultramarins".
Retrouvez l'interview de Daniel Dalin, président du Collectif DOM :
Retrouvez l'interview de Maître Lauranne Favre, avocate de Nicolas Bedos :
Stéréotypes issus des thèses racistes
Près de trois ans après, le procès se tient en l’absence de l’humoriste, représenté par son avocate. Devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris spécialisée dans les affaires de presse, Daniel Dalin est le premier appelé à la barre. Face aux magistrats, le président du Collectif DOM répète le caractère "méprisant de stéréotypes issus des thèses racistes" et fustige la banalisation dans le langage courant des termes employés. "Avec ses propos, Nicolas Bedos a créé l’émoi au sein de la société ultramarine. Il essaie de minimiser sa responsabilité", lâche celui qui affirme avoir subi des pressions. "On m’a accusé de vouloir tuer l’humour", déplore-t-il. A sa suite, Maître Merrien, son avocat, demande à "sanctionner le racisme, ce qui serait une réparation".Retrouvez l'interview de Daniel Dalin, président du Collectif DOM :
Droit à l’humour
Mais pour le procureur, les termes employés ne constituent pas d’insulte à caractère racial. "On peut se poser la question pour ‘enculé de nègre’, mais dans la chronique, tout le monde en prend pour son grade", argumente-t-elle avant d’ajouter : "Bedos se donne le mauvais rôle et le chauffeur de taxi (ndlr : guadeloupéen) à qui est destinée la formule incriminée est mis en valeur dans le texte". De fait, l’écrivain confesse son "admiration" devant un "génie" au "rire superbe" qui "manie si bien la langue française". "Il n’y a pas d’ambiguité sur la portée des mots", termine-t-elle, invoquant le droit à l’humour. Elle requiert la relaxe.Retrouvez l'interview de Maître Lauranne Favre, avocate de Nicolas Bedos :