Des centaines de policiers ont manifesté leur colère, mercredi 14 octobre, sous les fenêtres de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Parmi eux, des policiers ultramarins venus aussi soutenir leur collègue grièvement blessé, la semaine dernière, dans une fusillade en Seine-Saint-Denis.
"Justice en carton : Policiers en dépression", "Police/justice : la rupture". Entre slogans et banderoles, des centaines de policiers se sont rassemblés, mercredi 14 octobre, place Vendôme, sous les fenêtres de la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Ils étaient 7 500, selon la préfecture de Police. Dans les fumées orange et bleue des fumigènes, les policiers ont manifesté leur ras-le-bol pour la première fois depuis 1983.
Dans la foule, Cédric Boyer, président du CODIUM, le Collectif pour la Défense des Ultramarins de Métropole. "Nous sommes venus dire le mal-être qui existe dans la police. Les collègues en ont marre", martèle le policier réunionnais qui estime que "la politique pénale déconstruit le travail des policiers". "On passe 24h sur 24 sur la voie publique a essayé d’arrêter des criminels, et à cause de questions de procédure, ces gars se retrouvent dehors à tirer sur nos collègues ! C’est inacceptable", s’emporte Cédric Boyer.
"Yann est un amoureux des Outre-mer. Il a grandi en Guadeloupe où il a passé son concours d’entrée dans la police. Il faut qu’il sache que tous les ultramarins sont derrière lui", soutient le policier. Alors que des sirènes de police retentissent dans la manifestation, sur le sol, des dizaines de bougies dessinent le prénom de Yann.
"Avant, les délinquants réfléchissaient avant de s’en prendre à un policier, il y avait la peur de l’uniforme, mais depuis les attentats de janvier, ils ne réfléchissent plus, ils tirent", constate également Garry, martiniquais, gardien de la paix à la BAC, Brigade anti-criminalité, à Paris.
"Il y a aussi le problème des armes, remarque Cédric Boyer, policier réunionnais, président du CODIUM. Les nôtres ne sont plus assez puissantes et nos gilets pare-balle sont faits pour résister à des balles comme les nôtres, pas aux tirs de kalachnikov".
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Épuisés, les yeux cernés, ces policiers ultramarins ne voient pas le bout du tunnel. "Du 21 novembre au 15 décembre, nous serons à nouveau mobilisés sur la COP 21, remarque Fabrice Nativel. On nous a déjà prévenus que personne ne pouvait poser de congés sur cette période, car il manque des effectifs. Ce n’est pas prêt de s’arrêter… "
À la police scientifique, Nicolas Sangarin travaille à l’identification des criminels depuis 2006. "Lorsque l’on confond un individu et que l’on se rend compte qu’il est déjà connu des services, on est franchement déçu, avoue le policier. Qu'est ce qu'il faisait dehors ? On a l’impression de travailler pour rien".
Dans la foule, Cédric Boyer, président du CODIUM, le Collectif pour la Défense des Ultramarins de Métropole. "Nous sommes venus dire le mal-être qui existe dans la police. Les collègues en ont marre", martèle le policier réunionnais qui estime que "la politique pénale déconstruit le travail des policiers". "On passe 24h sur 24 sur la voie publique a essayé d’arrêter des criminels, et à cause de questions de procédure, ces gars se retrouvent dehors à tirer sur nos collègues ! C’est inacceptable", s’emporte Cédric Boyer.
Yann, un frère de la Guadeloupe entre la vie et la mort
Chez les policiers, la colère gronde depuis des mois, mais une goutte d’eau a fait déborder le vase la semaine dernière. Un malfaiteur en cavale a grièvement blessé un policier lors d’un braquage à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Âgé de 36 ans, Yann est toujours entre la vie et la mort. "Un échappé de prison qui s’en prend à l’un des nôtres, c’est l’agression de trop", estime Fabrice Nativel, brigadier de police, originaire de La Réunion."Yann est un amoureux des Outre-mer. Il a grandi en Guadeloupe où il a passé son concours d’entrée dans la police. Il faut qu’il sache que tous les ultramarins sont derrière lui", soutient le policier. Alors que des sirènes de police retentissent dans la manifestation, sur le sol, des dizaines de bougies dessinent le prénom de Yann.
Les policiers deviennent des cibles
Brigadier de police à Roissy, Fabrice Nativel a vu son métier évoluer ces dernières années. "Lorsque je suis entré dans la police il y a 13 ans, j’étais loin d’imaginer que j’allais devenir la cible d’illuminés et de délinquants", confie-t-il. "Depuis les attentats et notamment la mort de Clarissa Jean-Philippe, (policière municipale originaire de la Martinique, tuée par Amédy Coulibaly, ndlr) à Montrouge, nous sommes des cibles", remarquent les policiers."Avant, les délinquants réfléchissaient avant de s’en prendre à un policier, il y avait la peur de l’uniforme, mais depuis les attentats de janvier, ils ne réfléchissent plus, ils tirent", constate également Garry, martiniquais, gardien de la paix à la BAC, Brigade anti-criminalité, à Paris.
"Il y a aussi le problème des armes, remarque Cédric Boyer, policier réunionnais, président du CODIUM. Les nôtres ne sont plus assez puissantes et nos gilets pare-balle sont faits pour résister à des balles comme les nôtres, pas aux tirs de kalachnikov".
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L’épuisement des agents depuis les attentats
Avec le renforcement du plan Vigipirate suite aux attentats de janvier, les syndicats de police dénoncent le manque d'effectifs et l'accumulation des heures supplémentaires des policiers. "On nous demande plus de vigilance, plus de surveillance, on est partout tout le temps, soupire Garry, originaire de Martinique. Nous aimons notre boulot, on le fait pour protéger la population, mais la fatigue s’accumule. On n’en peut plus".Épuisés, les yeux cernés, ces policiers ultramarins ne voient pas le bout du tunnel. "Du 21 novembre au 15 décembre, nous serons à nouveau mobilisés sur la COP 21, remarque Fabrice Nativel. On nous a déjà prévenus que personne ne pouvait poser de congés sur cette période, car il manque des effectifs. Ce n’est pas prêt de s’arrêter… "
"On a l’impression de travailler pour rien"
Brigadier de police scientifique à Paris, Nicolas Sangarin "constate depuis plusieurs années que le métier se dégrade". "On manque de renfort, de moyen, on a l’amour du métier, mais à un moment donné le corps ne suit plus et ça va se ressentir dans notre quotidien", estime le policier réunionnais qui déplore aussi "les dysfonctionnements du système entre justice et police".À la police scientifique, Nicolas Sangarin travaille à l’identification des criminels depuis 2006. "Lorsque l’on confond un individu et que l’on se rend compte qu’il est déjà connu des services, on est franchement déçu, avoue le policier. Qu'est ce qu'il faisait dehors ? On a l’impression de travailler pour rien".