Une semaine après l’assaut du Raid à Saint-Denis, Akésia et sa famille sont hébergées provisoirement dans le gymnase de la ville. Encore sous le choc, la jeune Guadeloupéenne ne peut pas regagner son appartement touché par les tirs.
Des lits de camp, des couvertures, une pile de vêtements et quelques jouets. Depuis une semaine, Akésia, Guadeloupéenne, est hébergée dans le gymnase de la ville de Saint-Denis, en région parisienne. "Depuis mercredi dernier, nous n'existons plus. C’est comme si on avait dû mourir ce jour-là". Mercredi dernier, c’est le jour de l’assaut mené par le Raid à Saint-Denis suite aux attentats de Paris.
Jusqu'à cette date, Akésia, son fils de 18 mois et son compagnon, habitaient au 48 rue de la République, dans la même cour que l’appartement des terroristes. "Il était 4h20, raconte la jeune femme. J’ai entendu des tirs dehors. Mon compagnon voulait me rassurer en me disant que c’était des imbéciles qui jouaient avec des pétards, mais ça tirait beaucoup trop".
Akésia et son compagnon chuchotent, "de peur d’être repérés par les terroristes". La jeune femme échange avec ses proches en Guadeloupe. "J’ai envoyé un message Whatsapp à la famille, j’ai écrit : - coups de feu à Saint-Denis, nous allons bien -". L'angoisse d'Akésia dure près de sept heures, jusqu’à ce que la police frappe à la porte vers 11 heures, pour assurer leur évacuation.
Depuis cette nuit d’horreur, Akésia a du mal à trouver le sommeil. "J’ai des angoisses, des trous de mémoire, j’oublie des mots, j’ai l’impression de devenir bête", se désole la jeune femme encore sous le choc.
Akésia et sa famille sont ensuite emmenées à la mairie de Saint-Denis. Depuis 4 heures du matin, ils n’ont pas dormi et n’ont rien avalé. "Vers 16 heures, j’ai enfin pu changer mon fils. Sa couche était pleine et il n’avait toujours pas eu de biberon".
Encore traumatisée par cette nuit du 18 novembre, Akésia ne dort pratiquement plus. En racontant la semaine écoulée, la jeune femme craque. "On se sent abandonnés, c’est comme si on était mort", souffle-t-elle entre les sanglots. En Guadeloupe, la famille de la jeune fille s’inquiète. "Pour mon père, le principal est que l’on soit en vie. Il a raison. Alors j’essaie de rester forte pour le rassurer".
Depuis l’assaut, Akésia n’est pas retournée à son appartement. "Ils nous ont dit que l’on pouvait aller récupérer des affaires, mais pour les mettre où ?" interroge la jeune femme. "J’ai espoir que mon pays fasse quelque chose pour moi après ce que nous avons vécu. Nous sommes des gens comme tout le monde, nous voulons juste reprendre le cours de notre vie avec un toit sur la tête pour nos enfants".
Au gymnase, ce mardi 24 novembre, les personnes hébergées ont reçu cette lettre (voir ci-dessous) du préfet de Seine-Saint-Denis. "Je leur propose un hébergement en résidence hôtelière ou sociale dès maintenant, ainsi qu'un suivi individuel des dossiers par la mairie pour un accompagnement vers une solution de relogement pérenne, explique Didier Leschi, joint par La1ère.fr. Certaines familles ont déjà accepté et quitté le gymnase. J'espère que toutes vont le faire". Akésia, elle, ne sait pas encore ce qu'elle va faire.
Ci-dessous, la lettre de la préfecture de Seine-Saint-Denis aux habitants du 48 rue de la République en attente de relogement :
Jusqu'à cette date, Akésia, son fils de 18 mois et son compagnon, habitaient au 48 rue de la République, dans la même cour que l’appartement des terroristes. "Il était 4h20, raconte la jeune femme. J’ai entendu des tirs dehors. Mon compagnon voulait me rassurer en me disant que c’était des imbéciles qui jouaient avec des pétards, mais ça tirait beaucoup trop".
Une première balle traverse la fenêtre
Terrifiée par les bruits "de tirs et d’explosions", Akésia, 25 ans, s’approche de la fenêtre de son studio. "J’ai vu des hommes en noir lourdement armés partout dans la rue, se souvient-elle la gorge serrée. J’ai dit à mon compagnon qu’il se passait quelque chose de grave". Quelques minutes plus tard, une balle traverse la fenêtre de l’appartement. "La vitre s’est brisée, le rideau est tombé, raconte Akésia. On voyait les lasers rouges des tireurs d'élite pointés sur les murs du studio".Allongés sur le sol plusieurs heures
Akésia et sa famille se jettent alors à terre. Allongée sur le sol de l’appartement, la jeune Guadeloupéenne attrape une couette, recouvre leurs corps et se saisit de son téléphone. "Nous sommes restés couchés là plusieurs heures, raconte-t-elle. Il y a eu une forte explosion, les murs du bâtiment ont tremblé. J’ai essayé de rassurer mon petit garçon, nous le tenions contre nous. On a appelé la police à plusieurs reprises pour dire que nous étions là".Akésia et son compagnon chuchotent, "de peur d’être repérés par les terroristes". La jeune femme échange avec ses proches en Guadeloupe. "J’ai envoyé un message Whatsapp à la famille, j’ai écrit : - coups de feu à Saint-Denis, nous allons bien -". L'angoisse d'Akésia dure près de sept heures, jusqu’à ce que la police frappe à la porte vers 11 heures, pour assurer leur évacuation.
"J’ai des angoisses, des trous de mémoire, j’oublie des mots"
Depuis cette nuit d’horreur, Akésia a du mal à trouver le sommeil. "J’ai des angoisses, des trous de mémoire, j’oublie des mots, j’ai l’impression de devenir bête", se désole la jeune femme encore sous le choc.
Comme si nous étions des criminels
En quittant son appartement, Akésia a tout juste eu le temps de prendre quelques affaires. "Ils nous ont emmené au commissariat de Bobigny, raconte-t-elle. Ils ont pris nos identités, nos empreintes et des photos de nos visages comme si nous étions des criminels. C’était dégradant et effrayant. On n'a pas de casier judiciaire, on n'a rien à se reprocher".Akésia et sa famille sont ensuite emmenées à la mairie de Saint-Denis. Depuis 4 heures du matin, ils n’ont pas dormi et n’ont rien avalé. "Vers 16 heures, j’ai enfin pu changer mon fils. Sa couche était pleine et il n’avait toujours pas eu de biberon".
71 personnes dans un gymnase
À la nuit tombée, Akésia et 70 autres personnes sont relogées dans le gymnase de la ville de Saint-Denis. Depuis, beaucoup y sont encore. "On dort sur des lits de camp avec des couvertures, il fait si froid la nuit... La croix rouge s’occupe de nous, on a de la nourriture, mais avec un enfant en bas âge ce n’est pas une situation idéale, déplore la jeune femme. Ils veulent nous mettre à l’hôtel quelques jours. On ne dit pas non, mais on veut l’assurance qu’il y aura bien une solution de relogement durable derrière". "Nous voulons être surs de ne pas tomber dans l’oubli, ajoute Akésia. On ne refuse pas leur proposition, on veut juste des garanties sur le long terme pour ne pas se retrouver à la rue".
Reprendre le cours de notre vie
Encore traumatisée par cette nuit du 18 novembre, Akésia ne dort pratiquement plus. En racontant la semaine écoulée, la jeune femme craque. "On se sent abandonnés, c’est comme si on était mort", souffle-t-elle entre les sanglots. En Guadeloupe, la famille de la jeune fille s’inquiète. "Pour mon père, le principal est que l’on soit en vie. Il a raison. Alors j’essaie de rester forte pour le rassurer".Depuis l’assaut, Akésia n’est pas retournée à son appartement. "Ils nous ont dit que l’on pouvait aller récupérer des affaires, mais pour les mettre où ?" interroge la jeune femme. "J’ai espoir que mon pays fasse quelque chose pour moi après ce que nous avons vécu. Nous sommes des gens comme tout le monde, nous voulons juste reprendre le cours de notre vie avec un toit sur la tête pour nos enfants".
Un relogement durable
Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Manuel Valls, le maire de la ville de Saint-Denis a demandé que les habitants soient reconnus comme des victimes d’attentat terroriste et que l’État s’engage à reloger l’ensemble des familles. "Malheureusement, déplore dans son courrier Didier Paillard, la préfecture s’engage uniquement à reloger les habitants de la cage d’escalier où étaient hébergés les terroristes".Au gymnase, ce mardi 24 novembre, les personnes hébergées ont reçu cette lettre (voir ci-dessous) du préfet de Seine-Saint-Denis. "Je leur propose un hébergement en résidence hôtelière ou sociale dès maintenant, ainsi qu'un suivi individuel des dossiers par la mairie pour un accompagnement vers une solution de relogement pérenne, explique Didier Leschi, joint par La1ère.fr. Certaines familles ont déjà accepté et quitté le gymnase. J'espère que toutes vont le faire". Akésia, elle, ne sait pas encore ce qu'elle va faire.
Ci-dessous, la lettre de la préfecture de Seine-Saint-Denis aux habitants du 48 rue de la République en attente de relogement :
Regardez le reportage de France Ô/Outre-mer 1ère :