Eramet veut produire plus de nickel : la production de mattes serait transférée pour augmenter celle de ferronickel

Inquiétude des traders du nickel au LME de Londres. Les cours du métal se sont effondrés
En Nouvelle-Calédonie, Eramet envisage de modifier sa gamme de produits issus du minerai calédonien. Au bénéfice du SLN25, le meilleur alliage de nickel au monde, en arrêtant la production déficitaire de mattes. 
Les mattes calédoniennes paient l'effondrement des cours du nickel. Ce concentré de nickel à 74 % est expédié en France pour transformation en cathodes de métal pur à l'usine de SandouvilleLa production de mattes en Nouvelle-Calédonie coûterait près de 90 millions d'euros à la SLN. Des pertes particulièrement lourdes dans le contexte d'effondrement des cours du nickel. Cette production de mattes serait également très énergivore, sans compter le coût du transport maritime entre Nouméa et le Havre évalué à près de 400 euros la tonne par un spécialiste du transport maritime. À l'inverse, l'alliage de ferronickel SLN25 est l'un des plus purs et des plus stables au monde. Il est particulièrement demandé par les métallurgistes mondiaux pour produire l'acier inoxydable. Selon nos sources, la semaine dernière à Luxembourg des responsables du groupe Aperam, l'un des grands aciéristes européens, faisaient part de leurs besoins croissants de livraisons de SLN25 par Eramet et Nouméa. L'augmentation de la production de la SLN serait donc particulièrement bien perçue.


Le SLN25 produit vedette d'Eramet

Eramet produit environ 55.000 tonnes de nickel par an, 80 % sous forme d'un alliage de ferronickel, le SLN25 destiné à la production de l'acier inoxydable et 20 % de mattes, de concentrés de nickel. À l'avenir, l'usine calédonienne de la SLN, filiale d'Eramet, devrait produire 100 % de ferronickel.
Le conseil d'administration du groupe français qui se tient mercredi soir à Paris devrait informer ses membres, dont le député calédonien Philippe Gomes, des évolutions envisagées pour la production du nickel en Nouvelle-Calédonie. Alors que les producteurs mondiaux licencient massivement et ferment mines et usines notamment en Afrique, la production calédonienne de nickel par la SLN devrait rester stable et les emplois locaux sauvegardés. Selon le Metal Bulletin de Londres qui est la référence des marchés financiers pour les métaux industriels, "avant d'arrêter la production des mattes calédoniennes, Eramet doit d'abord consulter et informer les instances représentatives du personne à Sandouville et à Nouméa".


Des mattes nordiques et économiques

Comme l'indiquait La1ere.fr, Eramet approvisionnerait l'usine de Sandouville par des mattes finlandaises de la fonderie Boliden qui produit des concentrés de nickel très compétitifs dans son usine de Harjavalta en Finlande, où se trouve aussi la grande fonderie de mattes du géant russe Norislk Nickel. Joint par La1ere.fr, la direction de Boliden n'a pas semblé surprise, mais s'est refusée à tout commentaire. Le Metal Bulletin qui a joint la direction d'Eramet relaie les propos d'un responsable du groupe sous couvert d'anonymat : "l'équilibre économique sera bien meilleur, les pertes de la SLN seront réduites si nous disposons de mattes produites en Europe et que nous produisons plus de SLN25 (ferronickel) pour la Chine et le Japon en Nouvelle-Calédonie". De toute évidence, les deux grandes puissances économiques de l'Asie sont beaucoup plus proches de Nouméa que… Sandouville