Alexandre Magnan, chercheur à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), fondé par Laurence Tubiana, la négociatrice pour la France à la COP21 est un spécialiste des petites îles et de l’adaptation au changement climatique. La1ère l'a interviewé.
Un projet d'accord sur le climat de 29 pages a été soumis ce mercredi aux 195 pays participant à la Conférence du Bourget, à deux jours de l'échéance pour un pacte mondial contre le réchauffement de la planète.
Alexandre Magnan, chercheur à l’IDDRI est l’auteur d’un livre écrit en 2012 intitulé « les Outre-mer face au changement climatique ». Il suit en tant qu’observateur les négociations qui se tiennent en ce moment à la COP21. La1ère l’a interviewé.
La1ère : L’accord de Paris va-t-il aboutir ?
Alexandre Magnan : Ca avance. Il y a un véritable climat de confiance entre les pays, ce qui dénote des conférences climat passées. La présidence française agit comme un moteur semble-t-il efficace. C’est vrai que je suis partie prenante, puisque que Laurence Tubiana, qui a fondé l’IDDRI, est aux manettes de la COP21 aux côtés de Laurent Fabius. Globalement, si l’on s’en tient aux propositions que les pays ont faites avant la COP21 en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, on se situe selon les estimations entre 2,7 et 3,5° Celsius d’augmentation de la température globale d’ici à la fin du siècle, et par rapport au début de la révolution industrielle. C’est déjà une bonne nouvelle, car on ne va par vers les +4°Celsius tant redoutés il y a encore quelques mois.
Cela dit, on n’est pas encore sur la trajectoire de +2°Celsius préconisée par la communauté scientifique notamment, et qui est l’objectif de la Convention Climat au sein de laquelle se déroulent les négociations climatiques. Maintenant, il faut que les pays agissent en fonction de leurs engagements, et qu’ils augmentent leur ambition petit à petit. S’il n’y a pas d’accord définitif vendredi, les négociateurs peuvent encore travailler quelques jours, car je ne crois pas qu’ils puissent repartir « sans accord ».
Comment contraindre les pays à vraiment agir ?
Pour l’instant, il n’y a pas de sanctions prévues, comme des sanctions financières par exemple. Mais j’ai le sentiment que les Etats ne peuvent plus reculer. A la COP21, on a vraiment assisté à une mini-révolution. Les pays ne sont pas venus à reculons, comme auparavant. L’esprit n’a rien à voir avec celui de Copenhague en 2009 (COP15). Les grand pays émetteurs notamment ont, je crois, compris que passer à des modèles de développement peu émetteurs de carbone (grâce aux énergies renouvelables, par exemple) relève plus de l’opportunité que du fardeau, car cela dopera leur image internationale et leurs économies.
Cet accord de Paris prend-il en compte l’adaptation au changement climatique et son financement ?
Oui, bien sûr. La grande nouveauté de cet accord en devenir, c’est qu’on ne parle plus seulement de l’adaptation sous l’angle du financement, mais aussi comme d’un objectif plus complet. C’est majeur, parce que même si nous parvenons à ce seuil de +2° Celsius d’ici à la fin du siècle, une partie des impacts du changement climatique est d’ores et déjà irréversible, avec évidemment de graves conséquences sur la planète et nos sociétés. Dans le pré-accord de Paris, il est stipulé qu’il faut accélérer nos efforts d’adaptation et que les pays se reverront régulièrement pour faire un bilan. C’est un grand progrès.
L’Outre-mer a-t-elle joué un rôle dans cette COP21 ?
Dans ce type de conférence, l’Outre-mer est dans une position délicate, car ils sont fondus dans la délégation française. Les îles peuvent se faire entendre grâce aux organisations régionales de la Caraïbe, de l’océan Indien ou du Pacifique, mais ce sont surtout les pays insulaires qui sont à la tribune, en tant que nations indépendantes. La plupart des élus d’Outre-mer demandent, comme ceux des États insulaires, que la hausse de la température soit contenue à 1,5° Celsius d’ici à la fin du siècle. C’est légitime de la part des petites îles de le réclamer. J’espère que si l’on arrive déjà à positionner le monde sur le chemin du +2°Celsius, l’étape suivante sera de lui demander un effort de plus, pour plutôt cantonner le réchauffement à +1,5°Celsius.
Alexandre Magnan, chercheur à l’IDDRI est l’auteur d’un livre écrit en 2012 intitulé « les Outre-mer face au changement climatique ». Il suit en tant qu’observateur les négociations qui se tiennent en ce moment à la COP21. La1ère l’a interviewé.
La1ère : L’accord de Paris va-t-il aboutir ?
Alexandre Magnan : Ca avance. Il y a un véritable climat de confiance entre les pays, ce qui dénote des conférences climat passées. La présidence française agit comme un moteur semble-t-il efficace. C’est vrai que je suis partie prenante, puisque que Laurence Tubiana, qui a fondé l’IDDRI, est aux manettes de la COP21 aux côtés de Laurent Fabius. Globalement, si l’on s’en tient aux propositions que les pays ont faites avant la COP21 en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, on se situe selon les estimations entre 2,7 et 3,5° Celsius d’augmentation de la température globale d’ici à la fin du siècle, et par rapport au début de la révolution industrielle. C’est déjà une bonne nouvelle, car on ne va par vers les +4°Celsius tant redoutés il y a encore quelques mois.
Cela dit, on n’est pas encore sur la trajectoire de +2°Celsius préconisée par la communauté scientifique notamment, et qui est l’objectif de la Convention Climat au sein de laquelle se déroulent les négociations climatiques. Maintenant, il faut que les pays agissent en fonction de leurs engagements, et qu’ils augmentent leur ambition petit à petit. S’il n’y a pas d’accord définitif vendredi, les négociateurs peuvent encore travailler quelques jours, car je ne crois pas qu’ils puissent repartir « sans accord ».
Comment contraindre les pays à vraiment agir ?
Pour l’instant, il n’y a pas de sanctions prévues, comme des sanctions financières par exemple. Mais j’ai le sentiment que les Etats ne peuvent plus reculer. A la COP21, on a vraiment assisté à une mini-révolution. Les pays ne sont pas venus à reculons, comme auparavant. L’esprit n’a rien à voir avec celui de Copenhague en 2009 (COP15). Les grand pays émetteurs notamment ont, je crois, compris que passer à des modèles de développement peu émetteurs de carbone (grâce aux énergies renouvelables, par exemple) relève plus de l’opportunité que du fardeau, car cela dopera leur image internationale et leurs économies.
Cet accord de Paris prend-il en compte l’adaptation au changement climatique et son financement ?
Oui, bien sûr. La grande nouveauté de cet accord en devenir, c’est qu’on ne parle plus seulement de l’adaptation sous l’angle du financement, mais aussi comme d’un objectif plus complet. C’est majeur, parce que même si nous parvenons à ce seuil de +2° Celsius d’ici à la fin du siècle, une partie des impacts du changement climatique est d’ores et déjà irréversible, avec évidemment de graves conséquences sur la planète et nos sociétés. Dans le pré-accord de Paris, il est stipulé qu’il faut accélérer nos efforts d’adaptation et que les pays se reverront régulièrement pour faire un bilan. C’est un grand progrès.
L’Outre-mer a-t-elle joué un rôle dans cette COP21 ?
Dans ce type de conférence, l’Outre-mer est dans une position délicate, car ils sont fondus dans la délégation française. Les îles peuvent se faire entendre grâce aux organisations régionales de la Caraïbe, de l’océan Indien ou du Pacifique, mais ce sont surtout les pays insulaires qui sont à la tribune, en tant que nations indépendantes. La plupart des élus d’Outre-mer demandent, comme ceux des États insulaires, que la hausse de la température soit contenue à 1,5° Celsius d’ici à la fin du siècle. C’est légitime de la part des petites îles de le réclamer. J’espère que si l’on arrive déjà à positionner le monde sur le chemin du +2°Celsius, l’étape suivante sera de lui demander un effort de plus, pour plutôt cantonner le réchauffement à +1,5°Celsius.