Elle est partie mais elle est plus présente que jamais. Accueillie en star par les étudiants de l'université de New York vendredi, Christiane Taubira crée à nouveau l'événement ce lundi 1er février en publiant un livre-confession, "Murmures à la jeunesse", aux éditions Philippe Rey.
Cinq jours après avoir quitté le ministère de la Justice, Christiane Taubira est toujours-là. L'ancienne garde des Sceaux publie ce lundi un livre-confession aux éditions Philippe Rey. Intitulé "Murmures à la jeunesse", cet essai d'une centaine de pages expose les motivations qui l'ont poussée à démissionner. Le livre décrit également les raisons pour lesquelles l'ancienne garde des Sceaux reste opposée à l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. "Déchéance de nationalité : peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose ? Peut-être serait-il plus raisonnable de laisser passer ? Je ne suis sûre de rien sauf de ne jamais trouver la paix si je m'avisais de bâillonner ma conscience", écrit Christiane Taubira dans une présentation de ce livre de 96 pages publiée sur le site internet des éditions Philippe Rey.
Dans son intervention devant les étudiants, elle a présenté un long exposé sur l'importance du droit et de l'Etat dans la préservation de l'égalité entre les citoyens et de leurs libertés. Elle a appelé les représentants de la jeune génération présents dans la salle à "admettre la diversité du monde", à s'engager dans la "mondialité". "On ne peut avoir une vie paisible dans l'égoïsme, en ignorant les autres", a-t-elle dit. Évoquant les difficultés actuelles que connaît la société française, Christiane Taubira a estimé qu' "il y (aurait) du travail pour les candidats de 2017".
Un secret bien gardé
"Elle m'a contacté vers le 10 janvier pour me dire qu'elle avait écrit un court texte d'une centaine de pages et qu'elle souhaitait le publier fin janvier, avant l'ouverture du débat à l'Assemblée sur la déchéance de nationalité. Elle nous a aussi demandé la plus grande confidentialité", raconte à l'AFP Philippe Rey, qui avait noué de "très bonnes relations" avec la ministre à l'occasion de la réédition l'an dernier de son livre "L'esclavage raconté à ma fille". "Le bon à tirer (le texte définitif envoyé à l'imprimeur) a été donné le 18 janvier et imprimé dans la semaine. Elle a remis un exemplaire des épreuves au Président de la République le vendredi 23 janvier. Le président est parti en Inde le samedi et la démission a été annoncée mercredi matin", précise-t-il.
Paroles d’une femme de conviction, paroles d’une femme libre.@ChTaubira pic.twitter.com/ynqRDmnGzJ
— EditionsPhilippeRey (@EdPhilippeRey) 31 Janvier 2016
Pour garder le secret, l'éditeur a fait imprimer en Espagne car "il y a des agents du renseignement en lien avec pas mal d'imprimeurs français", assure-t-il. Le livre a été acheminé le 28 janvier en France "sous un film opaque". Pour éviter les fuites lors de la mise en place des exemplaires en librairies, l'éditeur a proposé l'ouvrage aux libraires "sous X", sans révéler ni l'auteur, ni le contenu".
"Les libraires ont bien joué le jeu car ils savent que nous ne sommes pas coutumiers du fait et que donc, c'était important", souligne Philippe Rey, qui regrette seulement que le mystère ait été éventé 12 heures trop tôt, par France 2 dimanche soir.
"Je viens des Outremers"
Dans ce livre, Christiane Taubira s'arrête également sur ses origines et sur l'histoire des Outremers qui lui ont appris la tolérance et le respect de l'autre. "Les Outremers, écrit-elle, enseignent la diversité du monde, la vigilance à l'autre car, comme le martelait Frantz Fanon aux Algériens et aux Antillais dans les années 60, "quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille on parle de vous". Et Christiane Taubira de dénoncer "l'enfermement buté" des cultures de l'hérédité. "Ceux qui sont effrayés par par la diversité et l'imprévisible du monde haïssent tout ce qui est différent, ouvert, inhabituel [...] Un temps c'est le juif, un autre c'est l'arabe, puis le Nègre, puis le musulman, après ou avant c'est la femme, ensuite l'homosexuel, puis le binational...."Un tweet pour soutenir Jacqueline Sauvage
François Hollande a accordé dimanche la grâce présidentielle à Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent. Une décision immédiatement saluée dans un tweet par Christiane Taubira
#JacquelineSauvage : je suis heureuse que malgré tous les avis réservés, le Président de la République ait fait droit à mes arguments.
ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 31 Janvier 2016
Une star à l'université de New-York
Christiane Taubira a pu constater ce vendredi à l'Université de New-York qu'elle n'avait rien perdu de sa popularité, bien au contraire. L'auditorium Tisch de l'école de droit de la faculté affichait complet et a salué son entrée par une ovation debout.Dans son intervention devant les étudiants, elle a présenté un long exposé sur l'importance du droit et de l'Etat dans la préservation de l'égalité entre les citoyens et de leurs libertés. Elle a appelé les représentants de la jeune génération présents dans la salle à "admettre la diversité du monde", à s'engager dans la "mondialité". "On ne peut avoir une vie paisible dans l'égoïsme, en ignorant les autres", a-t-elle dit. Évoquant les difficultés actuelles que connaît la société française, Christiane Taubira a estimé qu' "il y (aurait) du travail pour les candidats de 2017".
Son ombre planera aussi ce vendredi à l'assemblée nationale
L'Assemblée nationale entame ce vendredi en séance l'examen de la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande après les attentats de novembre. Ce texte, contresigné par Christiane Taubira avant sa démission, prévoit l'extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme, fortement critiquée à gauche. Manuel Valls a depuis proposé une nouvelle version du texte expurgée de toute référence à la nationalité dans le projet constitutionnel et qui renvoie la faculté de prononcer une déchéance au juge judiciaire.