De 1966 à 1996, 193 essais nucléaires en Polynésie française

François Hollande est attendu sur le dossier du nucléaire
La question de l'indemnisation liée aux essais nucléaires est au centre de la visite de François Hollande. Le président a promis de "faire des annonces". Retour sur 30 ans d'essais nucléaires.

Lors de son arrivée à Tahiti, pour l'étape polynésienne de sa visite présidentielle, François Hollande a prononcé un court discours sur le tarmac de l'aéroport de Faa'a. C'était dimanche soir, heure locale, ce lundi matin en heure de Paris. Pendant cette allocution, le président a notamment évoqué le dossier de l'indemnisation des victimes civiles et militaires des 193 essais nucléaires conduits par la France entre 1966 et 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, où étaient basées les installations du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP).

"Il est bien légitime que la France puisse réparer un certain nombre de conséquences sociales, qu'elles soient sanitaires ou qu'elles soient économiques, c'est ce que j'aurai à dire devant le président (de la Polynésie ndlr) et devant l'assemblée territoriale", a déclaré François Hollande. 

Regardez l'extrait de l'intervention de François Hollande sur le tarmac de l'aéroport de Faa'a concernant le nucléaire:


Des essais au sol, en altitude et dans des puits souterrains

Sur les 193 essais nucléaires effectués, dont 12 de sécurité (sans explosion), 167 ont eu lieu à Mururoa. Du 2 juillet 1966, date du premier essai français dans le Pacifique-sud, jusqu'au dernier, le 27 janvier 1996, 46 tirs ont lieu dans l'atmosphère - au sol ou en altitude -, puis 147 dans des puits souterrains. D'abord dans la couronne des atolls, puis à partir de 1979 au milieu des lagons pour éviter le tassement des récifs. Le 24 août 1968, la France fait exploser au-dessus de Fangataufa sa première bombe H (thermonucléaire) de 2,6 mégatonnes (Mt) - une bombe à fusion, beaucoup plus puissante que celle à fission.
 

Des protestations à l'arrêt des essais

En juin 1995, le président Jacques Chirac annonce la reprise des tirs français, mettant fin à un moratoire décidé trois ans plus tôt par son prédécesseur, François Mitterrand, et respecté par les grandes puissances nucléaires, à l'exception de la Chine. Cette dernière série de tirs, de 30 à 120 kt, se déroule du 5 septembre 1995 au 27 janvier 1996, à Mururoa et Fangataufa. Elle doit permettre à Paris de disposer des données nécessaires pour passer au stade de la simulation en laboratoire.
 
Mais la reprise des tirs déclenche un tonnerre de protestations et met la France en position d'accusée sur la scène internationale. Des huit tirs programmés, six seulement auront lieu, jusqu'à l'annonce de l'arrêt définitif des essais, le 29 janvier, et de la décision de la France de signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
 

Retombées radioactives "très importantes"

Mais pour les Polynésiens et les personnels affectés aux essais, les conséquences vont bien au-delà de l'arrêt des tirs: environ 2.000 personnes résidaient pendant les essais dans le secteur défini par une loi d'indemnisation votée en 2010. Et certains de ces essais ont eu des retombées radioactives "très importantes" en raison des conditions météorologiques sur les îles alentour, selon un rapport de la commission de la défense du Sénat de septembre 2013.
 
Pour l'heure, seuls une vingtaine de dossiers sur un millier ont fait l'objet d'une indemnisation, selon l'Elysée, alors que les Polynésiens considèrent que les essais sont la cause de nombreux cancers dans l'archipel. Les élus locaux réclament aussi la pérennisation de la "dette nucléaire": une rente accordée chaque année par l'Etat depuis la fin des essais en 1996, mais dont le montant (1 milliard de francs, soit l'équivalent de 150 millions d'euros) a été réduit.