La France n’est pas encore libérée, l’Allemagne Nazie occupe toujours l’Hexagone. Mais de l’autre côté de la Méditerranée, à Alger, en ce 21 avril 1944, sur l’initiative des communistes, le général de Gaulle signe une ordonnance accordant le droit de vote aux femmes. Il faudra néanmoins attendre la libération et la fin de la guerre pour que les premières élections se mettent en place pour que les femmes puissent effectivement voter. Ce sera l’année suivante, en 1945. Mais ce qui est vrai pour l’Hexagone ne l’est pas forcément pour toutes les populations en Outre-mer et dans les colonies de l’époque.
Les départements d’Outre-mer: même droit
Les femmes de quatre des départements ultramarins actuels, à savoir la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion, obtiennent au même moment que les femmes de l’Hexagone, le droit de vote. Un droit qui sera appliqué dès le 29 avril 1945 dans le cadre des élections municipales.
Il est intéressant de remarquer qu’en Martinique et en Guadeloupe, dans de nombreuses communes et notamment dans les plus peuplées comme Pointe-à-Pitre, les femmes inscrites sur les listes électorales sont plus nombreuses que les hommes inscrits.
Avec la loi de départementalisation de ces territoires en 1946, le droit de vote des femmes s’établit fermement puisque toutes les lois appliquées dans l’Hexagone le sont aussi dans ces nouveaux départements.
La Nouvelle-Calédonie : un cas particulier
Le temps de promulguer la loi instaurant le droit de vote des femmes en Nouvelle-Calédonie, il n’est appliqué qu’en 1946, mais seulement partiellement. En effet, seules les femmes d’ascendance européenne peuvent voter. Sur le Caillou, les femmes kanaks tout comme les hommes kanaks par ailleurs, n’obtiendront ce droit qu’en 1957, un an après la loi-cadre Defferre de 1956 qui l’impose dans tous les territoires ultramarins (anciennes colonies et Outre-mer actuel).
Cette loi-cadre (qui permet au gouvernement de statuer par décret) Defferre impose le droit de vote aux femmes dans toutes les colonies. Pour autant, les dernières femmes qui obtiendront le droit de vote seront les Algériennes en 1958. Ironie de l’Histoire, alors que l’ordonnance du 21 avril 1944 est signée à Alger, c’est encore le même homme qui impose le suffrage universel en Algérie, le général de Gaulle.