Si les collectivités territoriales de Martinique (CTM) et de Guyane (CTG) ont vu le jour, c’est parce que les populations consultées par deux référendums locaux le 24 janvier 2010, ont largement adopté le principe de la fusion du département et de la région. En Martinique, ce vote a été acquis par 68% des électeurs avec une faible participation de 36%. En Guyane, le « oui » l’emporte avec 57% des voix pour une participation de 27%.
Cette seconde consultation est organisée après l’échec de la première, deux semaines auparavant, le 10 janvier. Il s’agit alors d’approuver ou de rejeter le projet élaboré par le congrès des élus de ces deux territoires. Ces instances souhaitent une évolution vers une forme d’autonomie de pouvoir. Ce qui implique un changement de statut. La Martinique et la Guyane auraient été régies dans le cadre de l’article 74 de la Constitution.
Le projet est massivement repoussé. En Martinique, le "non" recueille 80% des voix avec une participation de 55%. En Guyane, ce sera 70% pour le "non" avec 48% de votants. Les conseillers généraux et régionaux, majoritairement partisans de l’autonomie ou de l’indépendance sont désavoués. Ils estimaient le moment venu de passer à une autre étape de l’histoire de ces pays, six décennies après l’avènement du département, en 1946.
Une seconde consultation décidée par le président Sarkozy
Pressentant cet échec, le président Nicolas Sarkozy, avec le sens politique qu’on lui connaît, avait prévu une seconde consultation. Elle est vue comme une honorable porte de sortie pour les partisans du changement de statut. Un autre référendum se tient, le 24 janvier. Les électeurs approuvent le scénario de la création d’une collectivité unique. Ce vote ouvre une longue période de discussions entre les élus et le gouvernement de François Fillon.
Ces échanges aboutissent à la loi du 27 juillet 2011, créant deux collectivités territoriales nouvelles en Martinique et en Guyane. Ces nouvelles institutions se mettent en place aux élections de décembre 2015.
Les référendums de janvier 2010 sont convoqués par le président Sarkozy. Il souhaite trouver une issue politique aux crises sociales en Guyane, Guadeloupe et Martinique de 2008 et 2009. L’exécutif se range aux arguments des élus de ces territoires pour désamorcer de nouveaux accès de colère et de contestation. En juin 2009, le chef de l'Etat vient aux Antilles y prendre le pouls de la population. Il décide à ce moment-là de consulter les électeurs sur le périmètre de nouvelles institutions.
Prévenir de nouvelles crises sociales
En octobre, il reçoit les présidents des conseils généraux et régionaux de Martinique (Claude Lise, du Rassemblement démocratique et l’indépendantiste Alfred Marie-Jeanne) et de Guyane (le socialiste Antoine Karam et l’indépendantiste Alain Tien-Liong). La sérénité n’étant pas revenue. Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne demandent à Nicolas Sarkozy de reporter ces consultations au mois de mars, en lieu et place des élections régionales.
Le chef de l’Etat opte pour une clarification politique à brève échéance. Les référendums se tiennent en janvier 2010. Deux mois plus tard, les élections régionales sont remportées dans les deux territoires par des listes menées par des personnalités s'étant opposées au changement de statut en préférant la fusion des deux collectivités, Serge Letchimy, du Parti progressiste martiniquais, et Rodolphe Alexandre, ancien du Parti socialiste guyanais. Leur succès les amènera à négocier les contours des futures CTM et CTG.