Les supporters de l’US Sinnamary retiennent leur souffle. Le Guyanais Krisnaël Beaufort envoie le ballon au-dessus de la cage du Club Franciscain. La déception retentit dans les travées vides du Stade Edmard Lama de Remire-Montjoly, la scène de l’épilogue du 32e de finale de la Coupe de France.
L’édition 2021 est inédite. La Fédération française a remanié le format de la compétition nationale, en raison de la pandémie de la Covid-19, avec une voie amateur et une voie professionnelle. Les clubs d’Outre-mer s’affrontent entre eux.
Ce 30 janvier 2021, la FFF impose un nombre de spectateurs limité à 500 personnes. Le couvre-feu est fixé dès 19 heures, les rencontres en soirée sont annulées. Le coup d’envoi du match est sifflé à 14h30.
Premier club des Antilles à atteindre les seizièmes de finale de la Coupe de France
À l’issue des 90 minutes réglementaires, les deux équipes se départagent directement aux tirs au but. Sinnamary et le Club Franciscain sont dos à dos, à égalité parfaite, sur un score de parité 1-1. Les fortes pluies ont transformé la pelouse en un terrain très glissant. Les Sinnamariens ouvrent la marque sur un penalty du milieu offensif Rodja Animie, dès le quart d’heure de jeu. Stéphane Abaul, le capitaine martiniquais, égalise à la 36e minute.
L’expérience du Club Franciscain va faire la différence. C’est le quatrième 32e de finale de Coupe de France de son histoire. Les Guyanais ratent 3 tirs sur 4. Les Martiniquais réalisent un sans-faute. Les joueurs de Patrick Cavelan exultent.
Le Club Franciscain rejoint le Geldar de Kourou et la JS Saint-Pierroise dans l’histoire du football ultramarin. Ils ont respectivement atteint les 16e de finale de la compétition en 1989 et en 2020. Fondé en 1936, c’est le premier club martiniquais et des Antilles à atteindre les seizièmes de finale de cette compétition. Cette qualification permet au Club Franciscain de percevoir une dotation de 50 000 euros.
Le Chant de la discorde
La joie des Franciscains est débordante. Les Martiniquais célèbrent leur victoire et entonnent un chant jugé injurieux dans les vestiaires. Un individu enregistre la scène et la poste dans les réseaux sociaux. Il déclenche la polémique et la colère des Guyanais. Un collectif investit l’hôtel à Cayenne où sont logés les joueurs du CF. Il empêche l’équipe du François de monter dans leur car. La tension est palpable. Les joueurs expliquent pourtant qu’ils n’ont pas voulu manquer de respect à leurs adversaires. C’est leur façon habituelle de fêter leurs victoires avec des chants qui ne sortent pas des vestiaires. Les Guyanais exigent des excuses. Ils finiront par les obtenir.
Deux jours plus tard, l’US Sinnamary tente un recours devant la Fédération française de football afin “d’obtenir réparation”. Les Guyanais réclament un dédommagement sur le plan sportif et financier. Le Club Franciscain de son côté porte plainte pour séquestration auprès de la FFF. Finalement les deux clubs font marche arrière et retirent leurs plaintes. La Fédération instruit celle des Guyanais. Trois semaines après cet incident, les Franciscains écopent d’une amende de 1 000 euros avec sursis.
En juin 2021, les maires de deux clubs signent le serment de jumelage. Ils se sont engagés à mener des actions conjointes dans les domaines de la culture, du sport, de l'éducation, du tourisme, de l'environnement et du développement économique et durable.
La belle aventure du Club Franciscain s’arrête en 16e de finale. Les Martiniquais s’inclinent 5 à 0 au Stade Raymond Kopa face au SCO d’Angers, 9ème de Ligue 1.
Patrick Cavelan, l'entraîneur du Club Franciscain évoque les souvenirs de cette qualification historique :