Avec l’appui de la 1ère division blindée, la 1ère DFL va libérer Marseille le 28, après de durs combats pour la prise de la colline de Notre-Dame de la Garde et au centre-ville près de la gare. Le 3e RTA, régiment des tirailleurs algériens et le 6e RTS, régiment de tirailleurs sénégalais se mettent en évidence. La 1ère DFL fera 11 000 prisonniers dans la cité phocéenne, mais perdra 1 500 soldats. Beaucoup de tués comme pour Toulon.
Cela n’empêche pas André Frioult de bien replacer ce pourquoi il était là, avec ses compagnons d’armes :
"On avait à cœur de chasser les Allemands, et de libérer bien entendu le sol Français "
Et de rajouter avec une pointe d’humour :
"Les Allemands quand ils ont su que les Saint-Pierrais arrivaient, ils se sauvaient devant la 1ere armée Française ! "
Les Ultramarins à Toulon
Les soldats d’Outre-mer ne participeront pas à la libération de Marseille, occupés à en finir avec Toulon et à prendre aussi le Mont-Faron qui domine la ville
Les forces antillaises sont présentes, les camions du Bataillon de Marche des Antilles conduisent les prisonniers allemands vers l’arrière. Tandis que la 2e batterie assure la protection anti-aérienne près d’Hyères, la 3e batterie est en position à La Valette. Les deux prendront une part active dans la réduction des forts de Toulon.
Les fusiliers marins sont conduits par l’officier des équipages le Saint-Pierrais Constant Colmay. Il demande à Maxime Durand, un de ses fusiliers, d’aller récupérer une mitrailleuse de 7,62 mm sur un véhicule endommagé. Il y va au péril de sa vie alors que des obus allemands tombent, mais réussit sa mission. Le Saint-Pierrais avait la baraka, non seulement pour lui mais aussi pour ses hommes.
Paul Leterrier évoque Constant Colmay dans son livre (J’étais Fusilier Marin à Bir-Hakeim, de Benjamin Massieu, Éditions Pierre de Taillac) comme un vrai meneur d’hommes, un gars bien.
Ces hommes de la 1ère DFL sont autant des libérateurs que les Américains ou les Britanniques qui ont débarqué en Normandie. Ils le méritent autant, sinon d’avantage. Ils ont combattu durement, dans des conditions difficiles car ils étaient moins bien équipés et moins bien ravitaillés que les troupes alliées
Lieutenant-Colonel Yvan Cadeau, officier historien, Service Historique de la défense de Vincennes
Le destin d’Auguste Techer
Parmi ces hommes, des héros parfois inconnus comme le Réunionnais Auguste Techer, sous-officier réunionnais du BIMP. Passé par le 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale, il était cuisinier et va se spécialiser dans le désert lybien dans les poses de mine avec le 1er Régiment d’Infanterie de Marine. En 1944 quand il débarque il a trente-deux ans, ce spécialiste des champs de mine va devenir un très efficace démineur et protégera son unité.
Le Saint-Louisien sera fait Compagnon de la Libération, il est une des figures réunionnaises de la Seconde Guerre mondiale.
Ces hommes, dont Techer fait partie, vont continuer leur progression car le but est de faire la jonction avec les troupes alliées de Normandie. Après la remontée du Rhône, avoir libéré Lyon le 3 septembre, Constant Colmay en porte-drapeau sur son véhicule blindé du 1er régiment des Fusiliers Marins, la jonction se fera en Côte d’Or à Montbard.
Le but est d’aller en Allemagne.
"Ces troupes contribuent à la victoire alliée. Plus de 250 000 hommes vont pénétrer en Allemagne du sud et revendiquer autant que les autres leur titre de vainqueurs" précise le Lieutenant-Colonel Cadeau, du Service Historique de la Défense.
Le devoir en héritage
Au mémorial du Mont-Faron récemment rénové trois soldats du Pacifique se remémorent ces moments clefs de l’histoire, cette mémoire est toujours vivante. Taromana, caporal tahitien se rappelle de ce que les anciens ont fait : "ils ont aidé à la libération de la France a des moments clés de l’histoire"
À Agen, au 48ème régiment de transmissions, chaque année le XV du Pacifique effectue son recrutement de militaires et de joueurs avec cette notion de devoir de mémoire indispensable. Ils sont les descendants des glorieux aînés, et pour ces jeunes soldats cela reste très présent dans leur tête, c’est même une des composantes de leur recrutement.
Que ce soit Tukea l’aviateur de la BA 135 d’Istres, Henrice le légionnaire de la 13ème demi-brigade de la Légion Etrangère ou encore le sergent Barachiel de la BA 107 de Villacoublay, tous ont cette même idée en tête d’engagement pour la France par respect aux anciens.
S’ils n’avaient pas fait ça à l’époque on ne serait pas là aujourd’hui. Ils nous ont ouvert la porte, ils se sont engagés, ils se sont battus pour la France. Nous, si on ne fait pas la même chose, on n’est pas respectables, ils ont été respectés car ils se sont battus pour la France, nous aussi on doit le faire
Sergent Barachiel, GSBBD BA 107 Villacoublay
Les morts tombés pour la libération sont enterrés au cimetière militaire de Boulouris, inauguré par le Général de Gaulle, 20 ans après les combats du débarquement. Certains y sont encore, d’autres ont été rapatriés sur leur terre, comme le sergent-Chef Charles Porcheron désormais enterré à Moindou en Nouvelle-Calédonie.