Rayan Rupert. Le petit dernier de la célèbre famille. Mais pas le moins précoce. À 14 ans, il intégrait le Centre Fédéral du basket à l'INSEP. Une formation royale. Reconnue. Qui débouche en général quatre ans plus tard, sur un premier contrat pro dans un club français. Sans gros temps de jeu. Juste histoire de parfaire la formation. Le Martiniquais a quelque peu changé les codes en prenant la direction du Pacifique. "Si l'on m'avait dit, il y a quatre ans que je débuterais dans un club néo-zélandais, je ne l'aurais pas cru. Même si je suivais la NBL, le championnat australien depuis pas mal de temps et que j'aimais bien le style de jeu proposé."
Tout va très vite pour Rayan. En juin 2022, il décroche son baccalauréat avec une mention assez bien. Félicitations. Mi-août, il rejoint Auckland et l'équipe des Breakers. Impressionnant. "Désormais, seul le basket occupe mes pensées." Le petit Rupert (1 mètre 99 tout de même) vient officiellement de rejoindre la cour des grands.
Le rêve australien
La NBL est une ligue fermée. Donc sans montée. Ni descente. Dix équipes se disputent le titre. Neuf sont australiennes. Les Néo-Zélandais d'Auckland complètent le tableau. "Ça veut dire qu'on passe beaucoup de temps dans les avions. Ce n'est pas un rythme NBA mais quand même. Nous disputons environ un match, tous les trois jours." Et cela, sans la moindre appréhension. "Je n'ai pas eu peur. Je viens peut-être de la Nationale 1 française. Mais je savais au fond de moi que je pouvais évoluer à ce niveau professionnel."
Rayan Rupert joue sans peur. Dans un championnat qu'il découvre. "Ça se rapproche plus du jeu américain. Ça me plaît. C'est très physique également." Un basket exigeant, spectaculaire et… populaire. "La plupart du temps, les salles sont pleines. Les gens adorent ce sport." Cerise sur le gâteau : son nouveau cadre de vie se révèle somptueux. "À Auckland, mon appartement est situé à 50 mètres de la plage. C'est bientôt l'été, ici. Que demander de plus ? Et quand on voyage en Australie pour les matchs de championnat, les villes sont également très agréables à vivre."
Déjà dans un rôle majeur
Chez les anglo-saxons, les débutants sont surnommés les rookies. Ces derniers sont rarement titulaires. Or depuis le début de la saison, Rayan Rupert affiche déjà une moyenne de 22 minutes par match. "J'ai profité de la blessure de certains joueurs. Le coach m'a fait confiance. J'ai ainsi pu m'exprimer." Adaptation parfaite. Métamorphose enclenchée. "Je sens que j'ai progressé. Même si je ne m'en satisfais pas. Jouer contre des pros tous les jours, prendre conseil auprès d'eux... Ça change la vie."
La philosophie Rupert est en action : travailler plus pour progresser. Encore et encore. "Aujourd'hui, ma force se situe au niveau de la défense. Je dois encore trouver mes marques en attaque." Alors les jours d'entraînement, le Martiniquais bosse à 150 %. "Les infrastructures des Breakers me permettent d'aller à la salle quand je veux. Même si je fais attention à ne pas trop en faire non plus. Afin de ne pas me blesser." Des journées chronométrées. Intenses. Et qui prennent en compte tous les aspects de la vie d'un sportif de haut-niveau. "La préparatrice physique du club nous concocte des programmes individuels. Nous travaillons également beaucoup sur la nutrition. Comme à l'INSEP d'ailleurs."
Un Martiniquais en exil
À l'autre bout du monde, Rayan Rupert ne semble pas souffrir du syndrome de l'exilé. "Ma mère m'a accompagné un mois et demi lors de mon installation. Elle revient bientôt. Et on se parle tous les jours au téléphone." Sans compter que le Martiniquais peut compter sur le soutien à Auckland de l'entraîneur français Bastien Cadot. "Je travaillais déjà en individuel avec lui sur Paris. Il a intégré le staff des Breakers en tant qu'assistant-coach. Une deuxième touche tricolore ici…" Finalement, l'expatrié Rupert est en mission. "Je vis tout seul en Nouvelle-Zélande, ok. Mais mon rêve était de devenir basketteur professionnel et je réalise ce rêve. Encore une fois : que demander de plus ?"
Rayan a signé un contrat de trois ans avec les Breakers. Son nom circule pour la prochaine Draft NBA ? Il balaie la rumeur. "La NBA reste dans un coin de ma tête mais je me concentre avant tout sur ma progression. Avec les Breakers, je sens qu'on peut aller très loin. Pourquoi ne pas décrocher le championnat dès cette année ?" Rayan Rupert est à la fois précoce, ambitieux et pressé. Pressé de progresser en tout. Même en anglais. "Sur le terrain avec le coach, ça va. Mais en dehors, je sens que je ne suis pas encore bilingue. Je cherche donc à prendre des cours." Aller plus vite. Toujours plus vite. Une autre marque de fabrique de la famille Rupert. Avec plus haut et plus fort.