Au sud de Kiev, les exportations de ferronickel de l'usine métallurgique de Pobuzhsky sont interrompues indique son propriétaire, le groupe Solway. La situation reste sous contrôle du gouvernement ukrainien.
Des industriels du nickel solidaires de l'Ukraine
Dans un communiqué adressé à Outre-mer la1ère, le groupe Solway indique sortir de toutes ces opérations en Russie et renoncer à tous ses projets d'investissement dans le pays.
De leur côté, les producteurs calédoniens ne veulent pas profiter de la guerre en Ukraine. Les usines de la Nouvelle-Calédonie se veulent solidaires du peuple ukrainien et des métallurgistes du pays : "Nous condamnons l’invasion de l’Ukraine et notre politique n’est pas de profiter de la situation " a commenté une source proche du groupe Eramet.
De son côté, le groupe Glencore, actionnaire minoritaire de l’usine de nickel KNS, toujours en Nouvelle-Calédonie, a déclaré "être totalement solidaire du peuple ukrainien et n’avoir aucune activité de négoce en Russie".
Les métallurgistes calédoniens se fournissent principalement en Russie pour certaines matières premières, comme l’anthracite, nécessaires à la production du nickel. "Ils pourraient avoir à réorganiser leurs approvisionnements dans les prochains mois", a précisé Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN, interrogé par NC la1ère.
Une usine de nickel en Ukraine
A mi-chemin entre Kiev et Odessa, la grande usine de nickel de Pobuzhsky (Pobuz’kyy ferronickel sur Google earth) tourne encore, mais au ralenti. Le géant de métal, en activité depuis 1972, a le triste privilège d’être situé à côté d’un ancien centre de lancement de missiles nucléaires de la période soviétique, aujourd’hui désaffecté.
"Pour le moment, nous ne pouvons pas prévoir l’évolution de la situation. Il n'y a actuellement aucune action militaire autour de l'usine de nickel de Pobuzhsky. De temps en temps, l'usine reçoit des alertes de raid aérien de la ville de Pervomaisk qui est à 25 km de distance" a indiqué le groupe Solway, actionnaire majoritaire de l'usine.
Situé dans l’arrondissement de Kropyvnytskyi, anciennement Kirovograd, le site industriel ne serait pas encore situé dans la zone immédiate des combats. Mais un rapport d’état-major ukrainien du 25 février indiquait la présence de troupes russes, 80 kilomètres à l’est de l’usine.
Un photographe du New York Times (NYT) a montré le 2 mars des bénévoles remplissant des sacs de sable à Kropyvnytskyi, dans le but de fortifier les défenses de la ville.
"La direction de l'usine Pobuzhsky Ferronickel Plant prend toutes les mesures possibles pour assurer la sécurité et le bien-être des employés. L'usine fonctionne à 50% de sa capacité. Les processus et équipements techniques sont en ordre. L'expédition de minerai à Pobuzhsky depuis le port de Yuzhny (Odessa ndlr) est en attente depuis le 28 février. Le ferronickel n'est actuellement pas exporté »
Service de communication du groupe Solway
A Odessa, la route du nickel est coupée
Le blocus maritime du port d’Odessa par des unités de la flotte russe de la mer Noire interdit désormais toute livraison de minerai de nickel en provenance du Guatemala, pour alimenter les fours de l’usine. Le niveau des stocks disponibles est inconnu.
Sur son site internet, le groupe Solway indique même que des importations de minerai de nickel de Nouvelle-Calédonie ont existé par le passé. Un passé révolu alors que la guerre est aux portes d'Odessa.
"Des barricades servant à obstruer les chars et autres véhicules blindés russes sont en train d'être installés à Odessa", a indiqué le NYT.
Le producteur ukrainien Pobuzhsky ferronickel (Solway) aurait livré près de 29.000 tonnes nickel en 2019, essentiellement à la sidérurgie européenne mais aussi à la Chine. L’Europe dispose de trois autres usines, dont une en Grèce, la plus importante. Mais, Larco est quasiment à l’arrêt dans l’attente d’un repreneur. Les deux dernières usines de ferronickel, situées dans la zone "grise" des Balkans, ne fournissent pas de données précises sur leur production.
La production calédonienne en hausse
Les livraisons de ferronickel vont donc être tendues pour les sidérurgistes européens de l'inox, Aperam, Acerinox et Outokumpu. Les tensions sont fortes sur le marché, la demande en ferronickel est en hausse et l’offre est réduite par l’arrêt des exportations ukrainiennes et les menaces pesant sur les exportations russes, bien plus importantes.
Avec un objectif de production de 45.000 tonnes en 2022, la SLN (Eramet) en Nouvelle-Calédonie devrait être sollicitée par les sidérurgistes européens, ainsi que sa voisine KNS (SMSP-Glencore) qui vise une production de 33.000 tonnes.
Cependant, la production calédonienne de ferronickel ne pourra pas monter en puissance "avant la mi-mars si tout va bien" indique une source industrielle, sur le Territoire. Avec une hausse de 35% depuis le début de l’année, le cours de l'alliage n'a jamais été aussi élevé depuis 2007.