Devant la gare Montparnasse à Paris, un rassemblement intrigue les passants ce mercredi soir. Vêtues de blanc, une centaine de personnes de tout âge discutent tranquillement. Des drapeaux blancs dépassent des poches de pantalon et sur le sol, un drap blanc est étalé avec l'inscription : " Ensemble pour la paix". Un dessin à la main de la Nouvelle-Calédonie complète la banderole.
"C’est important qu’on se retrouve tous ensemble, pour montrer qu’il y a une vraie solidarité calédonienne, même dans l’Hexagone", insiste Ilona, à l'origine de l'organisation de cette marche à Paris. Pendant 45 minutes, les Calédoniens sont invités, dans un premier temps, à se rassembler pour "discuter" et "s'exprimer". "Je pense qu'on en a besoin, beaucoup de Calédoniens qui étudient à Paris se sentent isolés et impuissants", assure l'étudiante en communication à Sciences Po.
Une marche "apolitique"
C'est pour répondre à ce sentiment d'impuissance qu'Ilona s'est proposé de planifier ce rassemblement à Paris. " Je n'arrivais pas à dormir, je me sentais très mal, je ne pouvais pas rester sans rien faire", lâche Ilona, qui n'avait jamais coordonné un tel évènement auparavant. L'étudiante a répondu à l'appel de Leroy, calédonien installé à Bordeaux. Sur un groupe Facebook, l'étudiant en langues émet l'idée d'une marche blanche pour ne plus "se sentir inutile".
" On veut montrer à notre famille qu'on est là pour eux, et que tout ce qu'on veut, c'est la paix dans notre pays", précise Leroy, quelques heures avant la marche. Sur Facebook, sa proposition est vite adoptée. Lyon, Montpellier, Toulouse, La Rochelle, des rassemblements similaires s'organisent dans toute la France. Avec toujours le même mot d'ordre, une marche "apolitique" où seul le drapeau blanc est accepté. "Peu importe nos convictions, on veut la paix en Nouvelle-Calédonie, affirme Lison, coordinatrice de la marche à Lyon. On ne veut pas que cette marche soit récupérée par un parti politique."
Une minute de silence
À 18 h 45, Ilona invite tous les participants à tenir une minute de silence. Une démarche qui n'a pas besoin d'être explicitée pour tous les Calédoniens. " On est tous inquiets pour nos familles, il y a beaucoup de tristesse, souligne Mélanie. Le fait d’être tous ensemble, et de se rappeler qu’on a des choses en commun avec tous les Calédoniens, indépendamment de leurs avis politiques, c’est important pour nous."
Des pancartes avec des messages de paix sont ensuite distribuées. Derrière la banderole "Ensemble pour la paix", Ilona et d'autres jeunes prennent la tête du cortège. D'un pas décidé, plus d'une centaine de personnes entament leur déplacement silencieux en direction de la place Camille Jullian, dans le VIᵉ arrondissement de Paris. Le long du boulevard Edgar Quinet, les Parisiens, attablés en terrasse, suivent du regard avec curiosité cette procession blanche.
" Ma Calédonie dans la paix"
Quelques rangées plus loin, Marie-Laure porte fièrement une pancarte intitulée "Ma Calédonie dans la paix". "C’est le cœur de la Nouvelle-Calédonie qui bat ici aujourd’hui, au-delà des différences et des clivages politiques, déclare-t-elle, des sanglots dans la voix. C’est vraiment la Calédonie dans laquelle je suis née, où il y a toutes les couleurs, toutes les langues, et où on prend soin des uns et des autres."
Sur les groupes Facebook des différentes marches, des photos et des vidéos des rassemblements sont partagées, avec l'espoir, qu'à 17 000 kilomètres, les Calédoniens les reçoivent.