À Sens, le volleyeur polynésien Paofaï teste avec bonheur le confinement familial

De gauche à droite : Raihau Gichessieux, Tehea Labaste, Tehei Labaste et Nohoarii Paofaï
Volleyeur professionnel à Cannes, Nohoarii Paofaï a dû quitter la Côte d’Azur le 16 mars dernier. Sa compagne Tehei Labaste également volleyeuse, l’a accueilli chez elle à Sens. Au total, pas moins de quatre Polynésiens sont confinés avec joie dans le même appartement.
"Il n’y a pas d’amour heureux" écrivait le poète Louis Aragon. Cela reste à démontrer. Mais une chose est sûre : il peut y avoir des confinements joyeux. Ce n’est pas le polynésien Nohoarii Paofaï qui dira le contraire. Volleyeur à l’AS Cannes, club de Ligue A, le joueur de 24 ans occupait un confortable appartement dans une résidence hôtelière du bord de mer. Vie à la fois sportive et paisible sur la Côte d’Azur… jusqu’au 16 mars dernier : "Avec la mise en place du confinement généralisé, le groupe hôtelier a dû fermer le centre de vacances. On m’a laissé vingt-quatre heures pour libérer mon appart. J’ai fait mes valises en catastrophe. Heureusement que j’avais une solution de repli."

Un repli vers le nord à Sens dans l’Yonne. Sa compagne Tehei Labaste, également volleyeuse professionnelle l’y attendait. À Sens, Tehei vit avec sa sœur jumelle Tehea qui reçoit fréquemment la visite de son compagnon Raihau, militaire au 35e Régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes : "Du jour au lendemain, il n’y avait plus deux Polynésiennes mais quatre Polynésiens dans l’appartement !" rigole Nohoarii. "Mais ça se passe super bien. L’ambiance est bonne, voire super bonne. On peut faire notre entretien physique ensemble : gainage, abdos, un peu de cardio. Tout ça dans l’appartement. Nous faisons aussi des squats bulgares, vous connaissez ?" Une rapide recherche sur le web nous a rassurés quant à la nature exacte de l’exercice (de la musculation sollicitant principalement les muscles fessiers et les quadriceps). Ouf.
Le volleyeur polynésien Paofaï en novembre 2019 avec Cannes. Période pré-confinement.
 

La Polynésie n’a jamais été si éloignée

Confiné finalement à Sens, Nohoarii Paofaï aurait très bien pu l’être chez lui en Polynésie : "J’y ai pensé. Pourquoi ne pas rentrer au pays ? Avant que le coronavirus ne s’abatte sur la planète, il était prévu que j’aille passer quelques semaines de vacances à Tahiti. Avec le confinement, c’était tentant. Sauf que je ne voulais pas prendre le risque de contaminer ma famille. Je n’ai pas été testé. Qui me dit que je ne suis pas porteur sain du Covid-19 ? Il était plus raisonnable de rester dans l’Hexagone."

C’est donc à distance que Nohoarii, Tehei, Tehea et Raihau gardent le contact avec leur chère Polynésie. Téléphone, vidéo, tchat. Régulièrement, les confinés de Sens échangent avec les confinés du Pacifique. Même si le Fenua semble pour l’instant plutôt épargné par la pandémie, Paofaï s’inquiète : "Le problème en Polynésie, c’est que nous sommes têtus. Les Tahitiens ne sont pas tous comme ça bien sûr. Mais certains n’ont pas conscience du danger. Alors que c'est vraiment très grave. Si demain, notre pays était touché comme l’Hexagone, ce serait catastrophique. Surtout faites passer le message : respectez les consignes !"
Nohoarii Paofaï puis Tehei Labaste, Tehea Labaste et Raihau Gichessieux
 

Beau et prometteur sera le déconfinement

La date du 11 mai n’annonce pas encore la reprise des manifestations sportives. Nohoarii Paofaï ne sait donc toujours pas quand il sera autorisé à retourner à l’entraînement. De toute façon, la saison 2019 / 2020 a été définitivement arrêtée. Le Polynésien n’avait signé qu’un an à Cannes. Le voilà libre. Le marché des transferts s’ouvre... en plein confinement ! "Heureusement que j’ai un agent qui s’occupe de tout ça. Cannes souhaite me conserver dans son effectif de Ligue A. J'ai aussi des propositions venant de clubs de Ligue B. Je dois penser à mon temps de jeu. Si je retourne en Ligue B, il sera forcément plus conséquent. Mais rien n’est fait pour le moment."

Car depuis toujours, le central polynésien poursuit un rêve : celui de revêtir le maillot de l’équipe de France. Avec un objectif précis : être tricolore lors des JO de Paris en 2024. Parallèlement, sa compagne Tehei Labaste, capitaine du Sens Olympique Club rêve aussi en bleu blanc rouge. La joueuse de 22 ans veut intégrer l’équipe de France féminine au plus vite. Tehei prend d’ailleurs le téléphone pour le mot de la fin : "Tous les deux sélectionnés pour les JO de Paris 2024 ? Nohoarii et moi ? Ça reste un rêve mais on y travaille. Vous imaginez ? Faire les JO en couple. Chacun dans son équipe. Ce serait magnifique. Une vraie belle histoire d'amour !"