C’est en effet un être hybride que l’Oreille est hardie reçoit ce jour-là dans les studios de la1ere. « L’hybridité, c’est un peu l’apanage des adoptés ! », dit en substance Amandine Gay en riant. Hybride, oui et de toutes les façons. Écrivain (autrice de Une poupée en chocolat paru aux éditions de la Découverte pour lequel nous la recevons), réalisatrice (elle a signé deux documentaires autour de l’adoption Ouvrir la voix et Une histoire à soi), militante/activiste (autour des questions de l’adoption ou de l’afro-féminisme…), cette touche-à-tout, éprise de musiques et de danses, saisit toutes les balles au bond - comme au basket qu’elle a longtemps pratiqué.
Fille de
Elle navigue désormais entre l’approfondissement de ses origines (marocaine par sa mère de naissance, martiniquaise par son père biologique, ce qu’elle a appris finalement très récemment), l’exploration intime de son propre "statut" de personne noire adoptée au cœur d’une famille blanche et le militantisme pour faire évoluer le regard et les lois autour de l’adoption internationale.
Bref, Amandine Gay fait feu de tout bois et minutieusement - ou tout au moins avec la précision d'une explosion maîtrisée - et fait de la vie qu’elle mène, avec ou contre cette "identité" d’adoptée, un objet d’études et une matière de travail passionnants. Le tout asséné dans Une poupée en chocolat avec un sens de l’analyse, une franchise, une honnêteté et parfois une crudité tels que cela en devient déconcertant. À la lecture de son livre comme à son écoute, assis en face d’elle.
Écoutez l’Oreille est hardie
Dans l’Oreille est hardie, Amandine Gay explique le titre de son livre et détaille ce qu’elle appelle la réification des personnes adoptées (considérées comme des choses et non plus comme des personnes) ; revient sur ses propres tourments et errements suite aux découvertes sur ses origines, qui se sont succédées de l’enfance à l’âge adulte ; expose ses analyses qui la poussent à remettre violemment en cause l’adoption internationale (elle préfère parler d’adoption transnationale et transraciale) ; démontre les liens qu’elle établit entre l’esclavage, la colonisation et le principe même de l’adoption telle qu’elle existe aujourd’hui ; et raconte aussi comment les Antilles ont toujours jalonné sa vie bien avant de connaître pour sûre, l’origine martiniquaise de son père biologique.
Retrouvez et écoutez Amandine Gay dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI !
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