Afrique du Sud : la justice interdit d'arborer le drapeau de l'époque de l'apartheid

La justice sud-africaine a interdit mercredi de déployer en public le drapeau de l'époque de l'apartheid, assimilé à une "incitation à la haine" à l'égard de la communauté noire.
Le juge Phineas Mojapelo, de la Haute-Cour de Johannesburg, a qualifié de "raciste et discriminatoire" le fait d'arborer ce drapeau, tout en laissant ouverte la possibilité de le faire pour des motifs artistiques ou éducationnels. Ceux qui agitent ce drapeau en public "veulent rappeler aux Noirs l'oppression, l'humiliation, la déshumanisation dont ils se sont libérés et qu'ils ne veulent pas revivre", a expliqué le juge.

"Ils veulent choquer, meurtrir et inciter à la haine contre les Noirs", a-t-il ajouté dans son arrêt, répondant à une requête de la Fondation Nelson Mandela, qui avait saisi la justice après une manifestation en octobre 2017 de fermiers blancs dénonçant le meurtre des leurs, au cours de laquelle le drapeau avait été arboré.
 
De 1928 à 1994, l'Afrique du Sud avait comme emblème national les trois couleurs horizontales orange, blanche et bleue, avec sur la bande centrale les drapeaux britannique, de l'ancienne république du Transvaal et de l'ex-Etat libre d'Orange. Ce drapeau, qui symbolisait originellement l'union des communautés blanches afrikaner et anglophones, avait fini par être associé au régime d'apartheid de ségrégation raciale mis en place à partir de 1948.

Il avait été remplacé en 1994, date des premières élections nationales non raciales, par le drapeau dit arc-en-ciel.
 

Les tensions raciales restent élevées en Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, où les inégalités ont augmenté depuis 1994.

Gangréné par une forte criminalité - en 2018, plus de 20.000 personnes ont été victimes de meurtres -, le pays est aussi frappé par le chômage qui touche 27% de sa population active, tandis que la corruption est devenue endémique au sommet de l'Etat et dans les entreprises publiques.