Amazonie: le pape ne retient pas l'idée de prêtres mariés et dénonce des entreprises semant "injustice" et "crime"

Le pape François a dénoncé mercredi des entreprises semant "injustice et crime" dans une Amazonie riche en ressources où les droits des autochtones sont bafoués. Il ne retient pas l'idée de prêtres mariés.
 
Dans sa réponse à un synode d'évêques d'Amazonie tenu en octobre au Vatican, intitulé "Querida Amazonia" (Chère Amazonie), le pape écrit qu'il faut "donner aux entreprises, nationales et internationales, qui détruisent l'Amazonie et ne respectent pas le droit des peuples autochtones (...), les noms qui leur correspondent: injustice et crime".
 

Pas de prêtres mariés

Dans sa réponse, le pape n'a pas mentionné l'idée d'ordonner prêtres des hommes mariés dans les zones reculées de l'Amazonie pour remédier à une pénurie de prêtres, ne donnant ainsi pas suite à une demande en octobre des évêques de la région. Après trois semaines de débats en octobre au Vatican, une assemblée d'évêques venus des neuf pays d'Amazonie avait demandé au pape d'envisager d'ouvrir la prêtrise aux hommes mariés et de relancer le débat pour des femmes diacres.
    
Sur la question la plus controversée pour l'Eglise - permettre à des hommes pieux (viri probati) ayant une vie maritale stable de devenir prêtres - le pape n'a pas modifié à 83 ans sa conviction très profonde selon laquelle la prêtrise doit être un appel de Dieu, un "don". Dans sa réponse, le pape a préféré "exhorter tous les évêques, en particulier ceux de l'Amérique latine" à convaincre plus de missionnaires à se rendre en Amazonie. Il convient aussi de mieux former les prêtres pour un vrai "dialogue avec les cultures amazoniennes".
    

Hommage aux femmes laïques

Dans ce territoire, l'Eglise est confrontée à un manque criant de prêtres itinérants, les seuls en mesure de donner la communion, sacrement essentiel de la doctrine chrétienne. Le pape encourage néanmoins les laïcs, hommes et femmes, à travers des formations, à continuer à accomplir des services importants au sein de l'Eglise. Il a aussi rendu hommage au rôle crucial des femmes laïques pour transmettre la foi dans les communautés d'Amazonie. "Elles devraient pouvoir accéder à des fonctions, y compris des services ecclésiaux", écrit François, sans donner de détails. 
    
Dans ce texte à tonalité très spirituelle et truffé de citations parfois anciennes de ses prédécesseurs, François rend aussi hommage à la culture et aux rites amazoniens, raillés durant le synode par certains traditionalistes de l'Eglise. Durant le synode, un groupuscule réputé proche de traditionalistes catholiques avait volé dans une église des statues sacrées amazoniennes pour les jeter dans le Tibre.