À ce jour, Kadri Moendadze demeure l'unique Mahorais du basket français. 27 ans depuis peu. Déjà six saisons chez les pros. Le voici cette année à Aix-Maurienne. Toujours au top. Son secret ? Du travail. Beaucoup de travail. Et Anissa.
Kadri Moendadze ne peut pas se résumer à un grand basketteur amoureux. Il est aussi un peu geek sur les bords. Démonstration ? Lorsqu'il reçoit un appel téléphonique, le Mahorais n'a pas besoin de toucher son smartphone pour décrocher. Un simple geste sur l'une de ses oreillettes Bluetooth suffit. Sauf que sa montre connectée peut jouer des tours. Créer des interférences. Parfois même amener à la déconnexion. Horreur. Mais pas grave. En passionné des nouvelles technologies, Kadri sait analyser la situation. Il finit par rappeler son interlocuteur. Sans oreillette. Ni montre. Ça marche aussi très bien.
En 2010, les téléphones n'étaient pas aussi intelligents qu'aujourd'hui. Se parler en "visio" ne se révélait possible que dans les séries télé américaines. D'où le choc pour un jeune Mahorais déraciné venu tenter sa chance tout seul au centre de formation de Cholet. "J'ai eu des moments sombres, confie Kadri. Si j'ai tenu, c'est grâce aux encouragements de mon grand frère. Poussé aussi par tous ces messages sur les réseaux sociaux me disant que je ne pouvais pas m'arrêter là après tout le chemin parcouru." Onze ans plus tard, Kadri Moendadze a réussi à se faire une place. Tout en pouvant désormais échanger régulièrement en visio avec sa famille à Mayotte. Un geek comblé.
Kadri se relance à Aix-Maurienne
Pour tous les basketteurs, 2020 a eu un goût particulier. Un premier confinement en mars qui arrête tout. Les entraînements. Le championnat. Avec un parfum d'inachevé puisque la saison interrompue n'a jamais repris. Jeep Élite. Pro-B. Même combat. Les joueurs n'ont pas retrouvé les parquets avant le mois d'août. Un drame pour certains. Presqu'une chance pour Kadri Moendadze : "Physiquement, je n'étais pas au top en mars 2020. Ma dernière saison à Orléans se révélait compliquée car j'avais très mal au genou droit. Un problème rotulien que la pause forcée m'a permis de soigner. Ça m'a pris un certain temps puisque je ne rejoue à 100 % que depuis novembre."
Entre temps, le Mahorais a quitté Orléans et la Pro-A pour Aix-Maurienne en Pro-B. Un choix judicieux de la part d'un joueur en quête de responsabilités et de temps de jeu. "Je sentais que j'allais m'amuser à Aix et c'est le cas !" Pour la petite histoire, l'entraîneur Emmanuel Schmitt s'était dit très intéressé par le profil de Kadri. Ce dernier n'a pas réfléchi longtemps. "Aix-Maurienne, c'est un club familial. Rien à voir avec une grosse structure de Pro-A comme Orléans. Ici, c'est à taille humaine. Nous sommes proches de tout le monde. Il y a donc moins de pression."
Mais club familial ou grosse écurie, le basket français subit les règles sanitaires du Covid-19. Chaque joueur effectue un test PCR tous les lundis. Les équipes décimées par les cas positifs doivent reporter leurs matchs de championnat. Calendrier en pointillé. Depuis le début de la saison, Aix-Maurienne n'a ainsi pu disputer que six rencontres. "C'est assez frustrant, reconnaît Kadri Moendadze. On ne peut jamais se projeter sur plusieurs semaines car on ne sait même pas si la prochaine rencontre pourra se tenir. Nous gardons le rythme grâce à l'entraînement mais je ne vois pas trop comment la saison pourrait aller à son terme dans ces conditions."
Anissa et Kadri, les feux de l'amour
En ces temps incertains, le Mahorais a la chance de pouvoir compter sur une… Mahoraise. Kadri a rencontré Anissa, il y a un peu moins de trois ans. Coup de foudre immédiat. Dans la vie de Kadri, l'amour a subitement pris toute la place. "En débarquant dans l'Hexagone, j'ai été confronté à la solitude. C'était un sentiment très éprouvant. Aujourd'hui avec Anissa, je me sens plus équilibré. Plus posé. Elle m'apporte beaucoup de choses. Elle me rassure. Notamment dans les périodes de blessure. Elle sait calmer mon stress."
Kadri aime Anissa. Anissa aime Kadri. Et ce qui devait arriver… arriva. En avril dernier, le petit Imany a rejoint la team Moendadze. "Imany m'a permis de vivre un premier confinement sans angoisse. J'avais de quoi m'occuper, sourit le basketteur. Encore un beau cadeau d'Anissa." Pour être complet, notez que la team Moendadze comprend quatre personnes en tout puisque Kadri est également le père d'Aïley, trois ans et demi, né d'une précédente union.
L'unique Mahorais du basket français ?
Bye bye la solitude. Voilà Kadri mari et papa. Bonnes nouvelles également en provenance des parquets : le Mahorais ne sera bientôt plus le seul et unique. "Ça fait vraiment plaisir de voir des talents féminins s'illustrer. Avec Fayzat Djoumoi et Dounya Bourhani-Ganguia, deux jeunes joueuses de moins de 20 ans à la SIG Strasbourg, le basket mahorais va commencer à s'installer dans le décor tricolore. Et attention, ce n'est que le début. J'ai vraiment envie que les jeunes mahorais soient plus visibles."
Pour cela, Kadri Moendadze veut contribuer au développement du basket dans son département. "Nous pouvons rattraper le foot à Mayotte. Il y a un gros manque au niveau des structures. Nous n'avons que deux gymnases qui ne sont même pas praticables toute l'année. Ceci étant, quand je vois les résultats du BC M'tsapéré en Coupe de France ces cinq dernières années, je me dis que le potentiel est immense. Je veux aider les jeunes à percer au plus haut niveau. Dès que la pandémie sera calmée, comptez sur moi pour relancer un camp de détection !"