“Du rose et des origines.” Andie Oxybel, 26 ans, décrit sa chambre dans l’appartement de ses parents, aux Ulis, en Île-de-France. Sur une petite étagère, des photos d’époque de femmes antillaises et des cartes de la Guadeloupe sont disposées. L’étudiante en communication a de quoi s’inspirer lorsqu’elle rédige les publications de son compte Instagram. En 2019, elle crée Histoire Caraïbe : “Fille d’une mère togolaise et d’un père guadeloupéen, je suis passionnée par mon propre métissage. Je voulais mettre mes origines en avant.”
Son objectif : donner de la visibilité à toutes les populations de la Caraïbe. “Je trouvais qu’il n’y avait pas assez d’espaces sur les Caraïbes et les Antilles alors qu’il y avait des espaces sur les civilisations africaines et afro-américaines.”
Un jour, je me suis dit : nous aussi on a une histoire, ça serait bien de la raconter
Andie Oxybel
La jeune femme aborde toutes les influences (africaines, asiatiques, européennes et arabes) qui constituent l’archipel. Pour avoir plus de libertés dans ses publications, elle vient de lancer un blog du même nom. Son premier article aborde les Bushinengués, un ensemble de peuples originaires d’Afrique déporté vers le Suriname lors de l’esclavage.
Forte appartenance guadeloupéennes
La blogueuse est née et a vécu toute sa vie en Île-de-France. Pourtant, elle a toujours été bercée par la culture antillaise. Son père lui parle exclusivement en créole, cuisine des plats traditionnels et lui fait découvrir Patrick Saint-Eloi et Kassav. “Il a quitté la Guadeloupe dans les années 70 pour effectuer son service civique”, explique-t-elle.
Jusqu’à 20 ans, elle voyage régulièrement en Guadeloupe : “J’ai un sentiment très fort d’appartenance”. Lorsqu’elle est avec sa famille à Morne-à-l'Eau, elle en profite pour questionner ses oncles et tantes au sujet de ses grands-parents. “On m’appelait la makrèl quand j’étais petite !”
Travail de mémoire
À partir des récits familiaux, des écrits de Maryse Condé et Mathieu Glissant (fils d'Edouard Glissant) et de ses recherches sur Internet, l’étudiante fait un véritable travail d’historien. Elle vérifie les faits au maximum avant de publier sur les réseaux. “J'essaye de faire de la pédagogie, je raconte comment ça se passait à telle et telle époque. Je partage aussi des photos d’archives de ma propre famille. Des photographies de mon père, de ma grand-mère, de mes ancêtres.”
Les 17 800 abonnés d’Histoire Caraïbe commentent souvent les photos et discutent entre eux dans les commentaires. Ils partagent leurs propres récits de famille. Ensemble, ils retracent le passé de la Caraïbe, en abordant des thèmes comme les Chinois des Antilles ou les premiers habitants d'Haïti.
Andie Oxybel conclut : "Beaucoup d'enfants d'Antillais et de Guyanais, qui vivent ici, ont cette impression d'être loin de la terre de leurs parents. Ils ont besoin se raccroche à quelque chose... À Histoire Caraïbe."
Reportage de Lou Surrans