Audrey Cayol va bien. C'est une évidence. Un tel diagnostic peut faire sourire mais nombreux sont les champions à réellement connaitre un spleen quelques mois après les Jeux Olympiques ou Paralympiques. La fameuse dépression post-Jeux. "Aucun spleen me concernant. Mais j'ai gardé des réflexes. Au sein de l'équipe de France de basket fauteuil, nous avions monté un groupe WhatsApp. Tous les matins, nous recevions le planning de la journée avec la tenue à porter, les heures de repas… En rentrant chez moi après les Jeux, je me suis surpris à retourner sur le groupe pour voir ce qui m'attendait pour la journée. Mais je vous rassure, ça m'est passé !" Un jour sans fin, version Paris 2024…
Paris était une folle fête
Paris 2024 est souvent comparé à une parenthèse enchantée. Mais pour ceux qui en ont assuré le spectacle, l'été n'a pas laissé le moindre répit. Audrey Cayol confirme. "C'était hyper-chargé. La préparation des Jeux, puis les Jeux en eux-mêmes. Je n'ai pas eu vraiment de coupure. À tout casser cinq jours entre la fin des Jeux et la reprise de l'entraînement avec Meaux. Aujourd'hui, je commence à ressentir le contrecoup, mais ça va aller. C'étaient quand même les Jeux Paralympiques en France !"
Une formidable fête que le Guadeloupéen aurait bien voulu retrouver également dans les résultats de l'équipe tricolore de basket fauteuil. "Le bilan sportif est très loin de celui escompté. Nous voulions vraiment mieux faire. Surtout à la maison, devant notre public." Huitième et dernière place du tournoi paralympique. Aucune victoire au compteur. Amertume logique. "L'adage de Coubertin, l'important est de participer, je n'ai plus vraiment envie de l'utiliser !"
Le sport paralympique a changé de dimension
En 2024, Audrey Cayol disputait ses deuxièmes Jeux. Vingt ans après Athènes en 2004. Deux époques bien distinctes. "Un fossé total ! L'organisation parisienne a juste changé la donne. Je pense d'ailleurs que les Américains auront du mal à faire mieux en 2028. On a eu des retours de pas mal de nations et je peux vous dire que tout le monde a été bluffé. En plus, le public a répondu présent sur les deux événements : olympiques et paralympiques. D'où cette dimension grandiose à tous les niveaux."
Pas de spleen pour Audrey. Juste des images. Fortes. Gravées à tout jamais dans la tête. Et un monde du handisport qui sort enfin de l'anonymat. "À ce niveau-là aussi, Paris 2024 a été une grande réussite. Ça a été top ! Et on en ressent encore les effets aujourd'hui. Nous sommes toujours sollicités. Trois mois après les Jeux. Je n'ai donc qu'un seul souhait : pourvu que ça dure !"
2028, c'est demain
Depuis la mi-septembre, le Guadeloupéen a retrouvé la réalité du championnat de France : tribunes clairsemées, moyens limités, mais une envie générale décuplée. Le club de Meaux a ainsi connu un début de saison difficile. Sans jamais paniquer. "Il faut savoir que l'équipe a changé à quasi 60 % à l'intersaison. On commence seulement à trouver nos repères, à jouer ensemble. Pour l'instant, nous sommes sixièmes au classement. La suite peut être belle." L'équipe de Gennevilliers pourra confirmer ce retour en grâce de Meaux. Les Hurricane 92 ont été atomisés 86 à 46 lors de la neuvième journée.
En réalité, Audrey Cayol est déjà en mode commando. Il voit loin. Se sent jeune. "Bah, quarante-trois ans, c'est encore jeune !" Et ne pense qu'à demain. "Avec d'autres joueurs de l'équipe de France, on a fixé un objectif : Los Angeles 2028. Se qualifier à nouveau. Nous l'avons déjà fait une fois à Paris. Pourquoi pas une deuxième en Californie ?" D'autant que le Guadeloupéen sait prendre soin de son corps. "Je fais attention à tous les signaux physiques que je reçois. Je suis en alerte là-dessus. D'où ma confiance pour Los Angeles. Quatre ans, c'est demain. Nous avons une revanche, que dis-je, une grosse revanche à prendre."