La Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie a été lancée pour la première fois le 17 mai 2005 à l'initiative de Louis-Georges Tin. Retour sur cette première journée à travers des témoignages, notamment de militants de l'association martiniquaise "An Nou Allé".
La Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et transphobie (en anglais : IDAHOT, International Day Against Homophobia and Transphobia) est désormais célébrée tous les 17 mai. Cette journée a pour but de promouvoir des actions de sensibilisation et de prévention pour lutter contre l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.
Origine
La date du 17 mai a été choisie comme date symbolique pour cette journée afin de commémorer la décision de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) le 17 mai 1990 de ne plus considérer l'homosexualité comme une maladie mentale.
L'idée d'une journée contre l'homophobie avait déjà été explorée par des associations LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), mais uniquement mise en place à niveau local.
L'initiative d'une journée de lutte contre l'homophobie organisée à l'échelle internationale a pu voir le jour grâce aux efforts de Louis-Georges Tin, un professeur et militant d'origine martiniquaise, président du Comité IDAHO entre 2005 et 2013.
2005 : portrait d'un militant martiniquais à Paris
David Auerbach gère l'association LGBT martiniquaise "An Nou Allé" ("Allons-y" en créole). Son contact permanent avec les Outre-mer lui permet de mieux mesurer le fossé entre Paris et les Antilles. Il évoque de violentes agressions homophobes survenues en 2004 en Martinique.
Il y a une impossibilité d'avoir une visibilité quelle qu'elle soit de son homosexualité : c'est simplement pouvoir tranquillement s'assumer, simplement vivre comme les autres, que ce soit dans la rue ou chez soi : ça en Martinique très clairement pour l'instant, c'est de la science-fiction.
Cinq à dix fois plus de tentatives de suicide chez les jeunes homosexuels, et les chiffres augmentent dès qu'il s'agit de minorités visibles. Les moeurs évoluent timidement, mais David peut aujourd'hui affirmer son orientation sexuelle sur son tee-shirt.
Regardez ce témoignage recueilli par Nella Bipat, diffusé sur RFO le 17/05/2005 :
Journée mondiale de lutte contre l'homophobie en Martinique
A l'occasion de cette journée, RFO consacre en 2005 un reportage à la situation des homosexuels en Martinique. Ainsi, une femme homosexuelle témoigne anonymement :
Le quotidien n'est pas forcément évident, on n'a pas la possibilité de vivre en couple visible en Martinique. Les réactions de mon entourage étaient un peu mitigées au départ, certaines personnes ont été sous le choc, d'autres ont fui quelques temps de peur de se faire agresser, puis les choses se sont remises en place gentiment, il en reste deux ou trois qui m'ont tourné le dos définitivement.
L'association "An Nou Allé" Martinique compte alors une quarantaine de membres. Elle participe à des actions locales. Alain Oncins en est le vice-président, il témoigne des difficultés rencontrées sur place.
ll y a une sorte de violence symbolique de la part de la société hétérosexiste qui rejette les homosexuels à cause de tabous, d'idées reçues, d'ignorance, et c'est pour cela qu'"An Nou Allé" doit avoir une action pédagogique, informative pour montrer au public que l'homosexualité est une chose tout à fait normale.
Regardez ce reportage de Catherine Gonier diffusé sur RFO le 17/05/2005 :
2010 : témoignage de Louis-Georges Tin, fondateur de la Journée mondiale contre l'homophobie
En 2010, Louis-Georges Tin est un militant rôdé, plus de quinze ans qu'il lutte contre l'homophobie. Malgré les victoires, les difficultés à faire évoluer les mentalités restent grandes et les tabous bien ancrés dans la société.
J'ai été très bien accueilli dans ma famille, simplement dans la société martiniquaise il faut avouer que les choses sont souvent difficiles. Moi je n'ai pas eu peur de dire aux gens ce que j'étais. Pour d'autres amis que j'ai là-bas, le risque était grand : certains ont été rejetés par leur famille ou exclus et c'est pour ceux-là que je me bats.
Des exemples de ruptures familiales, Louis-Georges Tin peut en raconter des dizaines. C'est cette douloureuse expérience que partage Nadège. À 19 ans elle a quitté ses proches.
Lorsque j'ai annoncé à ma mère à l'âge de 15 ans mon homosexualité, tout d'abord il y a le déni : par les racines, l'éducation des Antilles il y a un rejet total, la famille n'accepte pas, j'ai été reniée par ça.
Regardez ce reportage de Kelly Pujar diffusé sur RFO le 17/05/2010 :