Dans l'Océan Indien, plus précisément dans le canal du Mozambique entre 10° et 25° de latitude sud, se trouvent les Iles Eparses. Avec l'archipel des Glorieuses, l'île Juan de Nova, Europa, Bassas da India, et l'île Tromelin au nord de la Réunion, elles font partie des Terres australes et françaises (TAAF), depuis 2007.
Elles apparaissent sur les cartes des navigateurs européens dès le 17ème siècle. L'archipel des Glorieuses est un lagon bordé par une large barrière de corail. La plus petite, Bassas da India, se retrouve quasi submergée à marée haute, ce qui empêche tout mouillage. Juan de Nova, qui porte le nom de João da Nova, le navigateur galicien, qui la découvrit, a été utilisée pour l'exploitation du guano de 1923 à 1975.
Sentinelles du climat
Ces îles coralliennes isolées qui n'abritent pas de population autochtone, sont des véritables sentinelles du climat dans l'Océan Indien.
Dès les années 1950, la France y installe des stations météorologiques, et des équipes de scientifiques y séjournent de manière permanente. Ces îles, situées sur les lieux de formation ou de passage des cyclones de l'Océan Indien, permettent d'établir des prévisions et de se protéger face à ces phénomènes dans toute la région. Ces territoires devenus des réserves naturelles par décret en 1975, abritent une riche biodiversité. Peuplées d'oiseaux marins et surtout site de ponte des tortues marines, de nombreuses espèces végétales et animales y sont recensées aussi.
Pour ceux qui y séjournent les conditions de vie sont difficiles, il n'y pas d'eau douce, la chaleur est vive, et le ravitaillement ne se fait qu'une fois par mois.
Regardez ce reportage de RFO Réunion, sur l'île Europa, diffusé le 10 avril 1979
En 1998, sur l'île Juan de Nova, un changement majeur s'opère dans l'histoire des Iles Eparses, la station météorologique est fermée, ce sera la première. Désormais c'est un ordinateur qui effectue les observations. Un reportage de RFO Réunion, diffusé le 09 novembre 1998 :
Tromelin
L'île Tromelin est la seul des Iles Eparses qui se situe à l'extérieur du canal de Mozambique. Très isolée géographiquement, elle est découverte en 1722 par le vaisseau "La Diane", et baptisée "Ile des sables". Elle doit son nom au Chevalier de Tromelin. L'histoire de l'île est marquée par un naufrage et un abandon. Le 31 juillet 1761, "L'Utile", qui avait à son bord un chargement d'esclaves en provenance de Madagascar s'échoue sur les côtes de l'île. Un bateau de fortune est fabriqué avec les débris récupérés et 122 personnes y prennent place. Ils laissent derrière eux quatre-vingts esclaves, des vivres et une promesse jamais tenue : revenir les sauver. Ce n'est que quinze ans plus tard, que "La Dauphine", commandée par le Chevalier de Tromelin, peut se rapprocher des côtés de l'île pour y secourir les survivants, ils ne sont plus que sept femmes et un enfant.
Expédition "Esclaves oubliés"
En 2006, Max Guérout, ancien officier de la marine française et directeur des opérations du GRAN, le Groupe de recherche en archéologie navale et Thomas Romon, archéologue à l'Inrap mènent une expédition archéologique. Les résultats des découvertes sont rendus publics le 17 janvier 2007.
Voyez le reportage de Nella Bipat, RFO Paris, diffusé le 18 janvier 2007
Des îles contestées
Ces îles bien que minuscules sont l'objet de plusieurs contentieux. L'île Maurice revendique l'île Tromelin, depuis son indépendance en 1976. Un projet de cogestion est même envisagé en 2009, avant d'être enterré en 2013. Le ministre des Outre-mer d'alors, Victorin Lurel, sera le premier ministre sur Tromelin cette année-là, une façon de marquer la présence française.
Les Grandes Glorieuses, Bassas da India, Europa, Juan de Nova sont revendiquées par Madagascar depuis 1973. Si le contentieux n'envenime pas les relations entre les deux pays, la découverte de possibles gisements pétroliers a ravivé le conflit. La Grande Glorieuse devient en 2021, une réserve naturelle française, une annonce qui avait été faite par Emmanuel Macron en 2019, lors d'une visite sur les Glorieuses.