Archives d'Outre-mer : la longue lutte de la langue créole pour la reconnaissance

Le 28 octobre c'est la Journée Internationale de la langue et de la culture créoles. Le fruit d'années de persévérance, pour une reconnaissance au niveau national de la première langue régionale en France.

An nou palé kreyol tou lé jou ! Et vous ? Parlez-vous créole tous les jours ? Wi ?  Awa ?

Si aujourd'hui il nous paraît naturel que la langue créole soit parlée, écrite, enseignée ou éditée, il n'en a pas toujours été ainsi. Cette langue parlée aux Amériques, dans la Caraïbe et l'Océan Indien, a longtemps été considérée comme une "sous-langue", un dialecte, un patois, bien inférieure à la langue nationale, le français. 

Une double origine

Le terme créole, a une double origine, espagnole et portugaise, (criollo, crioulo). Le mot désignait ceux qui étaient nés et avaient grandi dans les colonies, il s'étend très vite à tous les aspects de la vie et aussi à la langue. Le créole est donc un mélange, mais au-delà d'une simple hybridation, il se caractérise par une grammaire et un vocabulaire très étendu. C'est une langue nouvelle en perpétuelle évolution et enrichissement, une langue vivante. On le parle aux Antilles et en Guyane, mais aussi à La Réunion, à l'île Maurice, aux Seychelles et en Louisiane. 

Un long processus de reconnaissance

Le créole est la langue régionale la plus parlée en France, mais sa reconnaissance a été longue et reste parfois timide, tout en étant la langue du quotidien. C'est sous la présidence de François Mitterrand, en 1983, que le créole va faire sa première entrée en option au collège, des la 6ème. C'est par ailleurs cette même année que le 28 octobre est choisi comme Journée Internationale du créole.

A l'époque, l'enseignement est d'une heure par semaine pour apprendre "la langue première de la Martinique". Regardez, ce reportage de RFO Martinique, le 12 mai 1985.

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Le créole anticonstitutionnel

D'année en année le regard sur le créole change, malgré les réticences de certains. En 1999, bien qu'ayant signé la Charté européenne sur les langues régionales, le Conseil d'état, rend un avis négatif sur la possibilité de le reconnaître comme une seconde langue, dans certains territoires. L'indignation et l'incompréhension sont générales. Voyez le reportage de RFO Guadeloupe, diffusé dans L'Hebdo RFO, le 19 juin 1999.

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Une langue d'échange, une belle langue, deux manières de s'exprimer

Guyane : micro-trottoir

RFO Guyane

En 1999, RFO Guyane posait une question aux Guyanais :  l'enseignement du créole à l'école pour ou contre ?

C'était le 29 mai 1999 dans l'émission Pou ki sa :

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2000 : la langue créole se "professionnalise"

Dès les années 2000, le créole, est enfin l'objet d'une reconnaissance et d'une affirmation, avec notamment la création du CAPES, (Certificat d’Aptitude Professionnel de l’Enseignement secondaire). Ce concours de recrutement d’enseignants des collèges et lycées sera le même pour les quatre territoires français des Outre-mer où est parlé le créole : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion. 

A la Réunion on expérimente aussi les classes bilingues, comme dans cette école maternelle à la Saline-les-Hauts. Un reportage de RFO Réunion, le 28 octobre 2009. 

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Le créole, une langue des jeunes ?

Le créole n'est pas que l'affaire des anciens. Les jeunes s'en emparent et l'adaptent, comme pour les SMS, déjà en 2009.

Un reportage, de RFO Réunion, le 29 mai 2009. 

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"L'Avare", Molière en langue kréyol

Et bien avant, en 1990, les élèves du collège Germain Saint-Ruf, à Capesterre-Belle-Eau, en Guadeloupe, prennent toutes les libertés avec le français et le créole. Ils adaptent et interprètent avec un plaisir contagieux, une pièce du répertoire classique, "L'Avare" de Molière. Et ça marche ! Regardez ce reportage d'Albert Nangis, diffusé dans "Guadeloupe Panorama", le 28 juin 1990. RFO Guadeloupe

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