En 2007, la France est en crise économique, victime d'un chômage de masse depuis le second choc pétrolier. Les Français qui ont moins de 40 ans, n'ont connu que la crise et une sorte de sentiment d'impuissance publique s'empare de la population.
L’élection présidentielle 2007 est caractérisée par de nombreux changements et incarne une nouvelle ère politique.
♦Un passage de relais
Parmi les 12 candidats déclarés on retrouve des hommes et des femmes politiques de la génération des baby boomers. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Marie-George Buffet, José Bové sont nés entre 1951 et 1955. Entrés en politique depuis trois décennies, ils ont été ralentis dans leur marche au pouvoir suprême par des personnalités à la longévité politique remarquable (François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac).
♦ Mise en place des primaires pour la désignation du candidat à la présidentielle
D'abord adopté par le Parti socialiste, l’UMP adoptera la même démarche. Cette forme de désignation répond à une revendication de transparence des militants et des électeurs.
♦ Une femme se trouve en situation éligible
En 2006, le Parti socialiste organise ses primaires afin de désigner un candidat à l'élection présidentielle de 2007. Ségolène Royal déclare sa candidature, tout comme Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Plusieurs sondages menés au début de l'année 2006 la placent en position de favorite pour cette investiture, ainsi qu'en vue de l'élection présidentielle. Le 16 novembre 2006, elle obtient 60,65 % des voix des militants contre 20,69 % pour DSK et 18,66 % pour Laurent Fabius. Elle est alors désignée dès le premier tour candidate du Parti socialiste à l’élection présidentielle.
Vague d’inscriptions sur les listes électorales
En 2007, un vent de civisme souffle sur la France. Le souvenir du 21 avril 2002, qui a vu le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, se qualifier contre toute attente pour le second tour de l’élection présidentielle, explique sans doute une bonne part de de la hausse des inscriptions sur les listes électorales. Les attentes des électeurs sont fortes.
Ainsi par exemple à Mayotte, les listes électorales pour l'élection présidentielle de 2007 comptent 12% d'électeurs supplémentaires par rapport à 2002, ces derniers espèrent beaucoup de ce scrutin.
Ecoutez les attentes des Mahorais pour la présidentielle avec ce reportage tourné dans les rues Mamoudzou réalisé par Gauthier Cazassus :
L'élection de 2007 se caractérise aussi par une très longue longue pré-campagne électorale. Les candidats dans le cadre des primaires se sont rendus dans les territoires d'Outre-mer.
Ségolène Royal, candidate à l'investiture du PS est en visite à La Réunion en octobre 2006.
Nicolas Sarkozy, "candidat-ministre" se rend à plusieurs reprises en Outre-mer en 2006 : en Guadeloupe et Martinique en mars, à nouveau aux Antilles et aussi à la Réunion et en Guyane en juin.
Ségolène Royal sur les traces de son enfance en Martinique
45 ans après Ségolène Royal revient dans son ancienne école primaire, le couvent Saint-Joseph de Cluny, où elle a été pensionnaire. Son père militaire était alors en poste en Martinique.
Autre séquence émotion, l'apparition d'Aimé Césaire alors âgé de 93 ans qui a tenu à apparaître au côté de Ségolène Royal lors d'une brève prise de parole à la mairie de Fort-de-France en lui faisant part de sa "confiance" et de son "espérance". Le poète a accepté d'être président d'honneur du comité de soutien "Désirs d'avenir" de la candidate en Martinique.
Après une visite au marché de Fort-de-France accompagné du député Serge Letchimy, elle s'adresse aux militants socialistes.
Je serai la présidente de la République de la France métissée et qui se reconnaîtra comme telle, avec la diversité. En avant, je suis avec vous, une femme debout !
Ségolène Royal, candidate socialiste
Regardez ce reportage d'Alexandre Kara diffusé sur France 2 le 26/01/2007 :
En direction de la Guadeloupe, Nicolas Sarkozy fait campagne en apesanteur
En mars 2007, Nicolas Sarkozy officiellement candidat se rend à Pointe-à-Pitre. Bien décidé à bousculer les habitudes et les tabous, il fait campagne dans l'avion. Il répond aux questions des passagers et se fait prendre en photo en tenue décontractée. Une version inédite de la campagne électorale.
Regardez ce reportage de Michael Darmon diffusé sur Télématin le 23/03/2007 :
Meeting aux Abymes dans une salle surchauffée
Développement économique de la Guadeloupe, valorisation du travail, zone franche totale. Dès le départ, Nicolas Sarkozy place son discours sur les bases d'une campagne pleine de promesses. Le potentiel de la Guadeloupe doit être souligné. Il s'adresse aux militants venus le voir avec la voix d'un président de parti mais aussi avec celle d'un ministre de l'Intérieur qui fait son propre bilan affirmant par exemple qu'entre 2002 et 2006 il y a une augmentation de 180% des reconduites à la frontière et une baisse de la délinquance de 29%.
Sur le plan social, Nicolas Sarkozy propose un espace de médiation pour régler les conflits au long cours qui détruisent d'après lui l'image de la Guadeloupe. Il souhaite aussi baisser les allocations familiales pour les parents qui n'assumeraient pas leurs responsabilités. Le candidat s'exprime pendant une heure devant un salle surchauffée du début à la fin. Á ses côté ce soir là : Lucette Michaux-Chevry, Patrick Balkany, Michel Barnier et Léon Bertrand.
Retour sur ce meeting avec ce reportage de Catherine Le Pelletier diffusé sur France Ô le 23/03/2007 :
Vote anticipé pour l'Outre-mer
Pour la première fois aux Antilles, en Guyane, en Polynésie et à Saint-Pierre et Miquelon les électeurs votent avec un jour d'avance. Les français de l'étranger et des DOM-TOM sont appelés à se prononcer en faveur des candidats à la présidentielle. S'expriment plus de 830.000 électeurs des collectivités d'Outre-mer, auxquels s'ajoutent les Français vivant dans les pays du continent américain, de l'Argentine au Canada en passant par les États-Unis, qui votent dans les ambassades et représentations consulaires.
Cette nouveauté est très bien perçue dans les territoires d'Outre-mer comme en témoigne ce reportage d'Ahmed Tazir datant du 21/04/2007 :
Les résultats du scrutin
Le premier tour a lieu le 22 avril 2007
Le vote est marqué par un taux de participation exceptionnellement élevé de 83,8 % au premier tour.
Au niveau national, Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 31,18%. Il est suivi par Ségolène Royal avec qui obtient 27,87% et François Bayrou 18,57 %. Jean-Marie Le Pen arrive quatrième avec 10,44%.
Dans le territoires ultramarins, le candidat de l'UMP arrive en tête en Guadeloupe avec 42,63%, en Guyane avec 41,35%, à Mayotte avec 30,48%, à Wallis-et-Futuna avec 43,55%, en Polynésie avec 45,23%, et en Nouvelle-Calédonie avec 49,74%.
En Martinique, Ségolène arrive en tête avec 48,48%, à La Réunion avec 46,22% et à Saint-Pierre et Miquelon avec 26,64%.
Le deuxième tour a lieu le 6 mai 2007
Les chiffres de la participation pour ce second tour constitue un record depuis l'élection de 1974 (84%).
L'Outre-mer s'est largement mobilisée avec, en moyenne, près de 70% de participation. Il n'y a qu'à Mayotte que ce chiffre ne dépasse pas les 50%.
Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, l'emporte au niveau national avec 53,06% des suffrages, contre 46,94% pour Ségolène Royal, candidate du Parti socialiste.
Mais contrairement à l'Hexagone, les électeurs ultramarins se sont plutôt prononcés en faveur de Ségolène Royal avec 58,08%. Elle devance Nicolas Sarkozy dans 5 des 9 régions et territoires d'Outre-mer.
C'est en Outre-mer que la candidate socialiste obtient ses meilleurs scores : à La Réunion, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Martinique, Ségolène Royal dépasse les 60%, reléguant Nicolas Sarkozy loin derrière, en dessous de la barre des 40%.