De 1963 à 1982, environ 2 150 enfants réunionnais ont été envoyés dans l’hexagone. Beaucoup d'entre eux ont très mal vécu cet exil. La1ere vous propose de faire un bond dans le passé à la fois à La Réunion en 1963 avec un document consternant et dans la Creuse au foyer de l'enfance en 1969.
Alors que la ministre des Outre-mer a annoncé une série de mesures en faveur de ceux que l’on appelle les Réunionnais de la Creuse, La1ère.fr vous propose de vous plonger dans le contexte des années 60 à La Réunion et dans la Creuse.
"Les paysans sont pauvres, ils ont trop d’enfants, explique le journaliste sur un ton suranné. "On vit le jour le jour, sans trop voir la fin de la misère, mais pourquoi s’inquiéter ? Le seigneur finit toujours par donner le pain qu’on lui demande", conclut-il étrangement.
Mais ce n’est pas tout, le journaliste de l’époque ajoute : "ils sont charmants les gosses, mais comptez-les ! Ceux qui sortent de cette case sont tous frères et sœurs". S’en suit une interview particulièrement glauque dans laquelle une journaliste demande à une mère de famille (à 10 minutes dans le reportage) : "vous avez combien d’enfants ?" La dame répond "13, enfin 19". "Comment ? s’exclame un poil autoritaire la journaliste, vous ne savez pas combien vous avez d’enfants ?" "19, 19, s’exclame la dame, mais 13 vivants ! "
La journaliste interroge ensuite un instituteur qui trouve que les Réunionnais font trop d’enfants (11 minutes 10 dans le reportage). "Ils ne pensent qu’à l’immédiat !", dit-il. La journaliste ajoute : "parmi vos élèves, il y a des garçons déjà père de famille ?". "Sans doute, affirme l’instituteur car ils sont très évolués de ce point de vue-là, ils ne sont pas évolué à d’autres points de vue, mais de ce point de vue-là leur éducation est parfaite". "Trop parfaite peut-être !", s‘amuse la journaliste... Regardez ce reportage sur La Réunion diffusé en 1963 et initulé "Face au volcan, face au cyclone".
Direction maintenant Guéret. C’est là, dans la Creuse que plusieurs centaines d’enfants réunionnais ont été envoyées à partir des années 1960. En 1966, 250 enfants réunionnais étaient hébergés au foyer de Guéret. Selon certains Réunionnais de le Creuse, des matelas étaient posés dans le couloir, tellement d’enfants étaient arrivés.
Le reportage que nous avons retrouvé ne parle pas de cet épisode. Il ne raconte pas non plus que le foyer était dirigé en 1969 par un Réunionnais en fonction jusqu’en 1971. "Les conditions de son départ sont floues, explique Philippe Vitale dans son livreTristes tropiques de la Creuse. Le directeur du foyer avait en effet adressé une lettre à Michel Debré, alors ministre de la Défense, pour lui demander d’affréter un avion militaire pour permettre aux mineurs de rentrer chez eux. "Sa demande jugée irrecevable par le ministre, a-t-elle ouvert la voie d’une sanction administrative ?", se demande le sociologue.
Dans le reportage de l’ORTF tourné en 1969, pas de question qui fâche. Ce document décrit le quotidien des jeunes Réunionnais et "leur aimable caractère". Regardez ci-dessous ces images d'archives :
Une île misérable
A La Réunion, un reportage intitulé "Face au volcan, face au cyclone" diffusé en 1963 dresse un portrait de l’île ressemblant à un condensé de clichés nauséabonds. Toutefois, ce document historique présente l’intérêt de montrer à quel point les médias, les responsables politiques, étaient inquiets de la misère de l’île. Le thème de la démographie "galopante" revient à plusieurs reprises dans ce reportage."Les paysans sont pauvres, ils ont trop d’enfants, explique le journaliste sur un ton suranné. "On vit le jour le jour, sans trop voir la fin de la misère, mais pourquoi s’inquiéter ? Le seigneur finit toujours par donner le pain qu’on lui demande", conclut-il étrangement.
"Ils sont charmants les gosses, mais comptez-les !"
Mais ce n’est pas tout, le journaliste de l’époque ajoute : "ils sont charmants les gosses, mais comptez-les ! Ceux qui sortent de cette case sont tous frères et sœurs". S’en suit une interview particulièrement glauque dans laquelle une journaliste demande à une mère de famille (à 10 minutes dans le reportage) : "vous avez combien d’enfants ?" La dame répond "13, enfin 19". "Comment ? s’exclame un poil autoritaire la journaliste, vous ne savez pas combien vous avez d’enfants ?" "19, 19, s’exclame la dame, mais 13 vivants ! "La journaliste interroge ensuite un instituteur qui trouve que les Réunionnais font trop d’enfants (11 minutes 10 dans le reportage). "Ils ne pensent qu’à l’immédiat !", dit-il. La journaliste ajoute : "parmi vos élèves, il y a des garçons déjà père de famille ?". "Sans doute, affirme l’instituteur car ils sont très évolués de ce point de vue-là, ils ne sont pas évolué à d’autres points de vue, mais de ce point de vue-là leur éducation est parfaite". "Trop parfaite peut-être !", s‘amuse la journaliste... Regardez ce reportage sur La Réunion diffusé en 1963 et initulé "Face au volcan, face au cyclone".
Foyer de Guéret
Direction maintenant Guéret. C’est là, dans la Creuse que plusieurs centaines d’enfants réunionnais ont été envoyées à partir des années 1960. En 1966, 250 enfants réunionnais étaient hébergés au foyer de Guéret. Selon certains Réunionnais de le Creuse, des matelas étaient posés dans le couloir, tellement d’enfants étaient arrivés.Le reportage que nous avons retrouvé ne parle pas de cet épisode. Il ne raconte pas non plus que le foyer était dirigé en 1969 par un Réunionnais en fonction jusqu’en 1971. "Les conditions de son départ sont floues, explique Philippe Vitale dans son livreTristes tropiques de la Creuse. Le directeur du foyer avait en effet adressé une lettre à Michel Debré, alors ministre de la Défense, pour lui demander d’affréter un avion militaire pour permettre aux mineurs de rentrer chez eux. "Sa demande jugée irrecevable par le ministre, a-t-elle ouvert la voie d’une sanction administrative ?", se demande le sociologue.
Dans le reportage de l’ORTF tourné en 1969, pas de question qui fâche. Ce document décrit le quotidien des jeunes Réunionnais et "leur aimable caractère". Regardez ci-dessous ces images d'archives :