Archives d'Outre-mer 2005 - 2006 : l'épidémie de chikungunya, une crise sanitaire majeure à La Réunion

Opération de démoustication lors de l'épidémie de chikungunya à La Réunion en 2006
Actuellement, la circulation du virus de la dengue s’accélère à La Réunion. Le nombre de cas augmente. Les autorités appellent à la vigilance. Les archives d'Outre-mer vous proposent de revenir sur l'importante épidémie de chikungunya survenue sur l'île entre 2005 et 2006.
Le chikungunya est une maladie virale. Ses symptômes sont la fièvre et de fortes douleurs articulaires. Son nom signifie "marcher courbé" en langue makondée (Afrique australe), il provient de l'attitude voûtée du malade. Le chikungunya est transmise à l'homme par des moustiques tigres infectés.
moustique "aedes albopictus"

Premiers malades

La présence du virus est signalée dans les Comores en 2004. Les premiers cas de chikungunya à La Réunion sont déclarés au premier trimestre 2005. Les communes distribuent des prospectus d'information sur les répulsifs et la destruction des gîtes larvaires de moustiques. Les autorités sanitaires comptent sur l'hiver austral pour maîtriser l'épidémie.
En effet, en juillet août, l'épidémie stagne mais reprend dès le mois d'octobre. A la Toussaint, on dénombre 5000 cas.
 

Début de la crise sanitaire

Le député René-Paul Victoria interpelle le ministre de la Santé sur l'épidémie de chikungunya dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 1er novembre 2005.  La sénatrice Gelita Hoareau l'interpelle à son tour au Sénat et évoque déjà une catastrophe sanitaire.

Nous sommes donc devant une véritable épidémie. Un médecin de la DRASS a déclaré qu'il faut s'attendre à ce que cela devienne endémique. Selon un journal local, « la certitude d'une explosion de l'épidémie avec le retour de la saison cyclonique prend une tournure de fatalité ».

- Gelita Hoarau, Questions orales au ministre de la Santé, Séance du 10 novembre 2005

L'armée est mobilisée dans la lutte anti-vectorielle. La presse locale multiplie les articles. Chaque Réunionnais connaît un malade dans son entourage. 
 

Solidarité nationale

Début 2006, les chiffres s'emballent. Des militaires mais aussi médecins et infirmières sont envoyés en renfort à la Réunion. L'épidémie de "chik" est devenue un problème de santé publique incontrôlable. Huguette Bello, députée réunionnaise, demande une commission d'enquête sur l'épidémie dès la reprise de la session parlementaire.
En février, d'après l'INVS (Institut national de veille sanitaire) le nombre de personnes contaminées à la Réunion atteint les 130 000, 77 décès sont à déplorer. Le Premier ministre Dominique de Villepin se rend sur l'île accompagné de Xavier Bertrand.

C'est la solidarité nationale qui, effectivement, doit s'exercer pour qu'on puisse connaître mieux cette maladie. Mieux la connaître pour mieux la comprendre, pour mieux la combattre.

- Xavier Bertrand, ministre de la santé et des Solidarités

Elle a touché au total 244 000 Réunionnais soit près de 40% de la population. Plus de 200 malades décèdent.

Regardez ce reportage diffusé dans le magazine d'information Transversales en juin 2006 sur RFO :
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