Harlem, un matin de février 1965. Du gros plomb et vingt-et-une balles fauchent le leader afro-américain Malcolm X alors qu'il prononce une allocution dans une salle. Trois hommes seront jugés et condamnés pour cet homicide. Né en 1925, Malcolm Little, devenu "Malcolm X" par conviction politique a juste quarante ans.
Il est très jeune quand son père meurt dans un accident. Il s'agit certainement d’un attentat raciste, orchestré par une organisation proche du Ku Klux Klan (KKK). Sa mère ne se remettra jamais de cette mort et le garçon ira de maison d’accueil en maison d’accueil jusqu’à son adolescence. Devenu un jeune homme, il connaît la délinquance et navigue entre Boston et New-York, jusqu’à son arrestation en 1946.
Apprentissage en prison
C’est en prison que Malcolm, pas encore "X", se découvre une vraie passion pour la lecture et l'étude. Il correspond également avec Elijah Muhammad, alors dirigeant de la Nation of Islam, (NOI) une organisation nationaliste noire. Ce mouvement qui prône le repli identitaire et le séparatisme noir est en opposition avec un autre grand mouvement afro-américain, celui des droits civiques du docteur Martin Luther King. Malcolm X devient l'un des représentants les plus virulents du mouvement. En peu de temps, ses discours et prises de position lui attirent la suspicion des autorités.
Malcolm X va alors être perçu comme un activiste violent, voire raciste. Il inquiète, bien sûr aux États-Unis mais pas seulement comme on peut le constater dans ce reportage réalisé par l’ORTF lors de sa visite à Paris en 1964.
Plusieurs dissensions et controverses éloignent progressivement Malcolm X de la Nation of Islam. La tension monte jusqu’à la rupture. En mars 1964, il annonce son départ définitif de la NOI. Il fonde alors une autre organisation : "The Muslim Mosque Inc". Il se convertit à l’islam sunnite et prend le nom de Malek El-Shabbaz à son retour de son pèlerinage à la Mecque. Ce voyage l’impressionne grandement au point de condamner le racisme de la Nation of Islam. Bien que son discours et ses actions soient centrés sur le peuple noir, sa vision devient universelle, solidaire d’autres peuples opprimés dans le monde.
Il fonde peu après son retour l’Organisation pour l’unité afro-américaine, groupe non-religieux, confirmant ainsi son souhait de séparer lutte religieuse et lutte politique. La nouvelle orientation comporte plusieurs notions, comme la création d’alliances avec des dirigeants révolutionnaires dans le Tiers-Monde, l’internationalisation de la lutte des Afro-Américains, la question des droits civiques et droits humains, entre autres.
Sous surveillance du FBI
Cette organisation comme d’autres aux États-Unis est infiltrée par le FBI. Malcolm X devient de plus en plus gênant pour le gouvernement qui craint une révolte par les armes des Afro-Américains. Ses discours inquiètent de plus en plus les autorités.Son organisation, sa personne et sa famille seront sous une surveillance féroce de la part de la police fédérale, mais aussi de la CIA, et de la "NYP", la police de New-York. Il fera partie du programme spécial de contre-espionnage du FBI, le "COINTELPRO", dont les missions sont la surveillance, l'infiltration, la désorganisation et la destruction des organisations politiques pour les droits civiques.
Enquête rouverte ?
Il semblerait que l’implication des autorités soit bien plus grande que ce qui a été établi lors de l’enquête et du procès des trois tireurs. L’enquête sur son assassinat pourrait être rouverte, suite à la diffusion du documentaire Who Killed Malcolm X? sur Netflix en février. Le FBI en particulier est dans la ligne de mire aujourd’hui de l’association Innocence Project. L’idée est soutenue par la famille Shabazz qui souhaite connaître enfin toute la vérité.Vingt-et-une balles et cinquante-cinq ans plus tard, la pensée de Malcolm X est toujours actuelle. Il inspire toujours les combats contre le racisme et l’impérialisme, ses textes sont lus et étudiés dans le monde entier. Sa voix devenue universelle est plus que jamais une voix d'humanité.
>>> Un lien par ici pour lire son dernier discours.