L'argent du nickel : Une petite phrase relance la spéculation sur les Philippines

Cathodes de nickel pour les aciers spéciaux ou l'acier inoxydable
Pour le ministre des Finances des Philippines, Carlos G. Dominguez, qui co-préside le conseil de coordination de l'industrie minière, « le gouvernement pourrait revenir sur la fermeture des mines de nickel ». La spéculation reprend ses tours...
L’information vient de Manille et elle traduit les divisions du gouvernement philippin sur la question minière. La déclaration du ministre des Finances contredit la position de Gina Lopez, la secrétaire d’État à l’Environnement et aux Ressources Naturelles, qui est en guerre contre l’industrie minière.
La presse économique anglo-saxonne et les principaux analystes de la City puis le marché londonien des métaux ont réagi. Le nickel qui dépassait les 11.000 dollars lundi soir est légèrement repassé sous ce seuil mardi soir, évoluant dans une fourchette 10.770-980 dollars la tonne.
 

Les Philippines hésitent

La semaine dernière, les grandes sociétés minières ont publié des résultats prometteurs. L’anglo-suisse Glencore affiche un bénéfice net de 1,4 milliard. Renversement de tendance aussi pour Anglo American et BHP Billiton. Même le seul français du secteur, Eramet, va mieux. Dans ces conditions, le gouvernement philippin peut se demander si la fermeture de la moitié des mines du pays arrive au bon moment. « Hésitations sur la politique minière aux Philippines, saison des pluies et faible production de nickel en Indonésie, forte demande chinoise » autant d’indicateurs pour réfléchir selon Robin Bhar directeur des analyses pour les matières premières à la Société Générale de Londres.
 

La Chine a de l'appétit pour le ferronickel 

La semaine dernière encore, des indicateurs de production industrielle ont montré que les importations chinoises de ferronickel avaient grimpé de 92 % sur un an. Les livraisons de minerai et d’alliage en provenance de l'Indonésie, voisin et concurrent des Philippines, sont fortement ralenties par la saison des pluies. Enfin, le cours du métal a augmenté de plus de 19 % depuis le mois de janvier. Toutes ces raisons ont de quoi faire réfléchir le gouvernement philippin qui est également confronté au risque d’un chômage de masse pour des centaines de milliers de mineurs. La position de la Secrétaire d’État à l’Environnement et aux Ressources Naturelles, Gina Lopez, se trouve fragilisée.
« Le choix des Philippines ne sera pas définitif avant un mois au moins, mais il faut tenir compte du côté sanguin du président Duterte qui soutient Gina Lopez » pondére Benjamin Louvet, spécialiste des matières premières chez OFI AM à Paris.
 

Un cours soutenu et un atout calédonien

En ce début de semaine, les quantités de nickel échangées au LME de Londres ont été peu importantes. Néanmoins, les cours du métal ont résisté, ils ont été soutenus par la hausse des prix du fer (+ 2,75 %). Le métal de base de l’industrie métallurgique est présent dans l’alliage de ferronickel (75 %). Autre élément positif, le négociant londonien Marex Spectron relève « la vente de 1.700 lots de nickel pur sur les marchés asiatiques, totalisant 11.000 tonnes de métal, dans une fourchette de prix 11.150-250 dollars par tonne ».

Autre bonne nouvelle pour le métal : « La quantité d’oxyde et de sulfate de nickel utilisée dans les batteries lithium-ion à teneur élevée en nickel devrait atteindre environ 97.000 tonnes d'ici 2025, 17 fois le niveau actuel de 5.700 tonnes, selon un analyste de l'industrie » précise le Metal Bulletin. Et l’usine calédonienne de Vale (VNC) est l’un des producteurs mondiaux de ce nickel.
 
Mardi soir, l'intérêt pour les métaux de base en Asie reste fort. Mais le marché cherche des indices sur le pilotage de l’économie chinoise et notamment ses cibles de croissance. Le marché des métaux londoniens attend la publication des données industrielles chinoises qui concerneront l’acier et donc aussi le nickel.