Au total, 10.000 militaires des trois armées (terre, air, mer) sont déployés à travers le monde. Cinq "forces de souveraineté" sont présentes dans les départements, régions et collectivités d’outre-mer des Antilles, de Guyane, de l’océan Indien (Mayotte et La Réunion), de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française. Cinq "forces de présence" sont établies au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon, à Djibouti et aux Émirats Arabes Unis.
Avec la fin du service national et les réductions budgétaires des vingt dernières années, l'état et le moral des troupes sont préoccupants.
Au cours des vingt dernières années, ce dispositif a été frappé par une série de déflations d’effectifs et subi des retards successifs dans la livraison de nouveaux matériels. Il en résulte un système de force taillé « au plus juste » qui est traversé par d’importantes tensions – quand il ne s’agit pas de ruptures- capacitaires.
Ces points d’attention méritent d’autant plus d’être pris en compte que les forces prépositionnées seront confrontées dans les années à venir à de nombreux défis d’ordre démographique, climatique, économique, géopolitique et bien entendu militaire.
Rapport de l'IFRI
"précarisation des effectifs"
En dix ans, selon le rapport de l'IFRI, les forces de présence et de souveraineté ont perdu un quart de leurs effectifs. Elles se trouvent aujourd'hui "à l'étiage capacitaire" (NDLR : niveau le plus bas).
La difficulté à pourvoir des postes se combine avec le manque d'attractivité de certains territoires, considérés comme très exigeants, notamment la Guyane et Mayotte.
Des équipements fatigués
Au cours des dernières années, l'armée de l'air basée à La Réunion (les Fazsoi) a perdu les Transall, trop vieillissants, qui ont été remplacés par les Casa CN-235. Mais la charge utile de ces nouveaux appareils est moitié moindre que celle des Transall. Conséquence : "cette limitation des moyens aériens pèse fortement sur des scénarios d'engagement en urgence. Ainsi, avec les deux Casa dévolus aux Fazsoi, il faudrait 36 heures pour projeter (en plusieurs rotations) 150 militaires à Mayotte, et 114 heures au Mozambique, alors même que le contrat opérationnel le prévoit en 24 heures."La situation dans la Marine n'est guère meilleure. Le remplacement des vieux patrouilleurs P400 "devrait entraîner une importante rupture de capacité à compter de 2020 et perdurer jusqu'en 2025", malgré l'arrivée de trois patrouilleurs aux Antilles-Guyane entre 2017 et 209 et "la commande de six nouveaux patrouilleurs qui devraient arriver entre 2022 et 2025 à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie".
Les nouveaux enjeux
Selon l'IFRI, les nouveaux enjeux pour l'armée française dans les Outre-mer sont pourtant nombreux. Il y a d'abord les enjeux liés à l'exploitation des ressources naturelles maritimes : pêche, métaux rares et nodules dans le Pacifique et l'Indien, pétrole et gaz dans le canal du Mozambique.Les enjeux de souveraineté sont notamment relancés dans le Pacifique, à mesure que monte l'influence de la Chine. Le rapprochement de cette grande puissance avec le Vanuatu, voisin de la Nouvelle-Calédonie, remet au premier plan la question de la souveraineté française sur les îlots inhabités de Matthew et Hunter, revendiqués par le Vanuatu.
Il faut enfin compter avec la prolifération des missiles longue distance : "des zones jusqu’alors hors de portée de toute menace conventionnelle, comme la Polynésie, ne seront à l’avenir plus aussi isolées qu’auparavant".