Quelle joie pour Aurélie Chaboudez de retrouver une piste d’entraînement. Enfin ! Après deux mois d’un confinement en famille dans l’Est de la France. Confinement que l’athlète martiniquaise a failli vivre… en Afrique du Sud !
Nicolas Bouiges•
Elle a beau être née à Montbéliard ; Aurélie Chaboudez aime le soleil, la chaleur. Ça tombe bien : Bruno Gajer, son entraîneur officie à Montpellier. Un groupe d’élites qui comprend des athlètes aussi renommées que la Guadeloupéenne Rénelle Lamote (800 mètres) ou Floria Gueï (400 mètres). La numéro un française du 400 mètres haies s’y sent parfaitement à sa place. Les ambitions des unes tirent celles des autres. Et inversement. C’était d’ailleurs le but du stage en Afrique du Sud, début mars. Se préparer dans des conditions optimales avant de rejoindre les Etats-Unis pour participer aux premiers meetings qualificatifs pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Sauf que le destin s’en est mêlé : "Dès notre arrivée, soit dix jours avant la mise en place du confinement en France, on a mesuré nos températures," nous confie la Martiniquaise. "Climat très étrange. Puis Trump a commencé à faire des déclarations inquiétantes sur Twitter. Et enfin, nous avons appris que l’Afrique du Sud allait fermer ses frontières."
L’entraînement en télétravail ? Oui, c’est possible !
Au final, Aurélie Chaboudez aura vécu ce confinement imposé comme une parenthèse imprévue mais heureuse : "Une belle bouffée d’oxygène, c’est vrai. J’ai pu profiter de ma famille. Cela doit faire huit ou neuf ans que je n’étais pas restée plus de quinze jours à la maison. Je me suis rattrapée !"
Un confinement familial. Pas des vacances pour autant. Super Bruno (entendez Bruno Gajer, son entraîneur) avait tout prévu :
Au début, il m’a demandé de lui filmer tout mon cadre de vie. Après quoi, j’ai reçu un plan d’entraînement qui respectait les règles du confinement. La chambre d’amis est devenue ma salle de sport. La terrasse s’est transformée en lieu de musculation. À distance, mon coach a été génial car il m’a permis d’adapter mon travail tout en respectant les intensités et les durées.
La difficile équation économique d’un athlétisme à l’arrêt
À 27 ans, Aurélie Chaboudez fait partie des leaders de l’équipe de France d’athlétisme. La sociétaire du Montbéliard Belfort Athlétisme a un potentiel de finaliste olympique sur 400 haies. Un potentiel interdit de compétition. Comme toutes les autres. Frustration sportive et inquiétude économique : "Entre le mois d’avril et celui d’août, les athlètes professionnels gagnent la grande majorité de leurs revenus," nous confirme la Martiniquaise. "En participant à des Meetings notamment. Donc là, c’est forcément compliqué. De mon côté, je bénéficie d’une aide de mon club et de la ville de Belfort. Sans oublier Adidas, mon équipementier depuis 2010. Tous les contrats de sponsoring allaient jusqu’aux JO de Tokyo. Ces derniers étant reportés d’un an, que vont décider les équipementiers ? Auront-ils d’ailleurs les mêmes budgets pour accompagner certains d’entre nous ? La question est pour l’instant sans réponse. Croisons les doigts."
Pour le moment, Aurélie savoure le plaisir d’avoir retrouvé la piste. Une véritable rentrée des classes. Depuis lundi dernier (18/05), elle a rejoint Montpellier, son entraîneur et les autres athlètes. Mesures de distanciation sociale oblige, ils ne peuvent jamais être tous ensemble au CREPS de Montpellier. La remise en route se fait par petits groupes. Mais les sourires sont déjà bien présents. Tokyo 2021 figurent dans tous les esprits. Ne manque plus qu’une seule annonce : le retour des compétitions. "À titre personnel, je ne vis que pour ça," lâche Aurélie Chaboudez.
C’est ma motivation numéro un. S’il n’y avait pas de compétition, je ne ferais tout simplement pas d’athlétisme. La Fédération espère organiser quelques rendez-vous en septembre ou octobre. Espérons. Maintenant, il faut aussi savoir relativiser. La reprise retardée de la compétition n’est rien au regard de la crise sanitaire mondiale.
Positive, souriante, ultra-motivée. Aurélie Chaboudez est tout cela à la fois. Depuis quelques jours, la Martiniquaise vit le bonheur simple du retour à un entraînement presque normal. Le 9 mai dernier, le confinement lui a même offert un beau cadeau. Pour la première fois depuis très très longtemps, elle a pu fêter son anniversaire en famille. Autour d’une belle brioche sans doute. L’arrêt des compétitions - s’il est court bien sûr - peut aussi avoir de bons côtés.