De la musique au documentaire, le pas est franchi par Jean-Claude Naimro. Le projet est désormais écrit, et la course au financement lancée. Depuis plusieurs décennies, il caresse ce projet. Le musicien, porteur avec fierté de la culture antillaise et du Zouk, se penche sur une réflexion personnelle. Il se demande pourquoi les instances officielles n'ont pas saisi l'opportunité de tirer parti du succès mondial de Kassav’ pour promouvoir la Martinique et la Guadeloupe.
Pour lui, Kassav’ aurait dû être pour la Guadeloupe et la Martinique ce que Bob Marley a été pour la Jamaïque, un formidable véhicule de notoriété dans le monde entier. Cette préoccupation semble être inspirée par l'héritage éducatif de son père, instituteur à Saint-Pierre dans les années 50, qui a créé l’école à la radio pour offrir une éducation aux jeunes via ce média. L'éducation reçue à la maison l'a incité à contribuer à l'avancement de la société.
En 40 ans, Kassav’ a fait plusieurs fois le tour du monde, allant, même dans des coins où personne ne met les pieds, là où les plus grands artistes ne vont pas. Alors, pourquoi ne pas exploiter cela pour faire briller mon pays la Martinique et le faire connaître au monde ? Et si je faisais un documentaire sur moi-même pour mettre en avant nos deux îles sœurs, la Guadeloupe et la Martinique ?" Je raconterais mon adolescence à Saint-Pierre (Martinique), mon travail en France avec les artistes, mes collaborations en Afrique, notamment avec Manu Dibango et Myriam Makeba. J’ai tellement travaillé avec les artistes au Cameroun, qu’on me considère comme un camerounais Et bien sûr, il y aura un chapitre dédié à Kassav’, sans oublier un coup d'œil sur Peter Gabriel avec qui j'ai passé près d'un an et demi à bosser sur sa tournée mondiale. C’est cela l'idée”.
Jean-Claude Naimro
L'idée centrale est de tirer profit du succès international de Kassav’ pour promouvoir activement les deux îles à l'échelle mondiale. Jean-Claude Naimro a sollicité les services du réalisateur Miquel Octave, un professionnel ayant déjà réalisé plusieurs documentaires tels que "La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne" et "La Martinique, seconde patrie du Konpa”.
A part mes notes "mi, sol, do," je m'entoure de professionnels, des pointures reconnues dans le milieu. Miguel Octave, c'est un excellent réalisateur, et on compte bien booster la Martinique, faire briller les Antilles et en mettre plein la vue au monde entier. J’ai fait une première approche du monde politique en rencontrant Madeleine de Grand Maison, présidente du comité du Comité Martiniquais du Tourisme qui venait d’être créé à l’époque. Nous avons parlé pendant une heure mais cela n’a rien donné.
Jean-Claude Naimro
Après le covid j’ai frappé à la porte de plusieurs personnes, pour des subventions. Pour le moment les résultats se font attendre, mais je reste optimiste. C’est un long cheminement. Les épreuves n’ont pas manqué mais nous avons fait preuve de beaucoup de résilience. Dieu seul sait après le décès de Jacob tout le monde pensait que Kassav’ était fini. nous avons eu de gros moments de doute. Mais notre public est toujours là. Dans quelques mois on fera Bercy à guichets fermés. Le documentaire ne fera que du bien à mon pays et c’est mon propos. Il faut un gros budget pour qu’il soit de qualité. Je continue d’aller à droite et à gauche pour trouver le budget pour que tous les volets envisagés soient réalisés.
Jean-Claude Naimro
Dans le projet du documentaire des personnalités d’univers multiples croisent le parcours du musicien Jean-Claude. Des artistes de toutes générations : Aya Nakamura, Peter Gabriel, Manu Katché, Michel Fugain, Riddla, Ronald Rubinel, Staniski, etc. Il partagera sa passion pour les sports mécaniques avec Simon Jean-Joseph et Lewis Hamilton. Ses amis et relations proches sont également dans le casting : Jean Paul Jouanelle, Lucien Saliber, Thierry Lof, Delphine Da Costa sans oublier sa fille Nina.
Jean-Claude Naimro poursuit avec détermination son objectif ”Faire un documentaire qui fera du bien à son île”, montrant bien son enracinement à sa Martinique. ”J’ai sorti deux clips ces dernières années”. J'aurais pu les faire à Paris, vu que j'y vis, mais non, d'abord mon pays, ma région, précise-t-il.
Le musicien qui est aussi à l’origine du titre "Pa Bizwen ça" en hommage à Aimé Césaire et joué il y a quelques années au Zénith à Paris.
J'avais chanté "Nou pa besoin ça" en y incorporant une phrase d'Aimé Césaire : 'Nous qui avons subi l'histoire, il faut faire l'histoire, faire sa petite chose, apposer son sceau, apposer son empreinte, l'empreinte d'un homme, l'empreinte d'un peuple, d'une culture sur une civilisation et sur le monde.' On est grands, on a tout ce qu'il faut pour faire briller le pays. Seulement, qui le fait, et avec quoi le fait-on. Dans la vie, il faut avoir de l'ambition, comme disait mon père. Après ce documentaire, j'ai un autre rêve : organiser la journée des arts nègres en Martinique. Mais pour l'instant, je suis à fond sur le documentaire.
Jean-Claude Naimro
Dans cette initiative documentaire, Jean-Claude Naimro aspire à immerger le public dans les coulisses de sa carrière professionnelle. Il souhaite non seulement révéler les moments forts de ses rencontres, mais aussi éclairer les souvenirs qui ont marqué son parcours. L'objectif est de partager son regard singulier sur l'épopée de Kassav’, agrémenté d'anecdotes captivantes et d'images inédites. Parallèlement, il accorde une attention particulière au développement des Antilles.
En conclusion de l'interview, Jean-Claude exprime de manière forte : "Je le répète constamment, si une entité a su faire rayonner la Martinique et la Guadeloupe pendant quarante ans, c'est bien Kassav’.