Augmentation du prix des bananes : "C'était inévitable", assurent les producteurs antillais

Les premières bananes bio Cavendish, dans un magasin spécialisé, à Baie-Mahault
Les producteurs de Martinique et de Guadeloupe, présents à Paris au Salon de l'agriculture, pointent les coûts de production et de transport qui explosent, et soulignent les avantages que conserve la banane française.

"On ne pouvait pas faire autrement. Si le prix a augmenté, c'est que nos coûts de production ont énormément augmenté depuis maintenant deux ans", explique Pierre Monteux, le directeur général de l'Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN). En 2023, le prix des bananes devrait bondir environ 15%, et une nouvelle augmentation est encore possible. "On va voir au cours de l'année si les augmentations qui sont passées sont suffisantes pour couvrir nos coûts de production", précise le représentant des producteurs Antillais en marge du Salon de l'agriculture.

Prix des cartons, des engrais, du transport, de l'énergie nécessaire au bon fonctionnement des murisseries... L'inflation touche l'ensemble de la chaîne de production et de transport des bananes. "Par rapport à 2020, on a eu 20% d'augmentation du prix de la banane, sauf qu'entre temps, on a une augmentation des coûts qui oscille entre 35 et 40%, confirme Alexis Gouyé, le président de Banamart, un groupement de producteurs de bananes de Martinique. On ne peut pas continuer à travailler à perte, il faut qu'on puisse vivre dignement de nos métiers."

On est dans un environnement inflationniste sur toute la chaîne de production et de transport de la banane. On ne pouvait pas faire autrement, c'était inévitable.

Pierre Monteux, le directeur général de l'Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique. 

Concurrence féroce

L'augmentation du prix de la banane antillaise la met-elle en difficulté vis-à-vis de ses concurrents d'Amérique du Sud ? "Nos concurrents aussi ont des coûts qui ont augmenté", rassure Pierre Monteux. Les professionnels considèrent de toute façon que le salut de la banane antillaise ne se trouve pas dans une guerre des prix, mais dans un fruit plus respectueux de l'environnement et des hommes, des critères de plus en plus scrutés par les consommateurs.

"Quand on utilise 800g de pesticides, nos concurrents sont entre 120 et 130 kg de produits chimiques à l'hectare par an. On ne joue pas dans la même cour", explique Alexis Gouyé, qui rappelle que si la banane des concurrents sud-américains "présente bien", elle ne respecte ni les normes environnementales ni les normes sociales qui ont cours en Europe.

En France, le marché de la banane représente 730 000 tonnes par an. Avec 200 000 tonnes produites chaque année, la banane antillaise compte pour environ 25% du marché national.