En janvier et février 2009, une grande grève générale contre la vie chère paralysait la Guadeloupe pendant 44 jours et la Martinique pendant 38 jours. Dix ans plus tard, les prix sont toujours plus élevés qu'en métropole et le mouvement a laissé un goût amer.
La 1ère (avec AFP)•
La grogne débute en Guadeloupe le 20 janvier 2009 à l'appel du LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon), collectif regroupant syndicats, partis politiques et associations identitaires. Des milliers de manifestants se rassemblent à Pointe-à-Pitre. En parallèle, une grève des stations-services provoque une pénurie de carburants. Écoles et magasins sont fermés. Le mouvement bascule dans la violence le 17 février, lorsqu'un syndicaliste du LKP est tué près d'un barrage. Des policiers et gendarmes sont blessés, des commerces pillés et incendiés dans un climat de tension maximale.
Mais dix ans plus tard, il n'y a pas vraiment d'amélioration du coût de la vie. C'est même plutôt le contraire : une note de l'Insee de 2004 indiquait un niveau général des prix plus élevé de 8,3% dans les deux îles. Or "l'écart entre l'Hexagone et la Martinique a augmenté entre 2010 et 2015. On est passé de 9,7% à 12,3% sur l'ensemble des dépenses des ménages", explique à l'AFP Christophe Basso, chef du service territorial de l'Insee.
Il juge que le Revenu supplémentaire temporaire d'activité (200 euros sur les salaires inférieurs à 1,4 Smic), alors mis en place, "a été une bonne chose. On a négocié pour que ce soit appliqué dans les collectivités et certaines entreprises. Certaines l'ont inclus dans leurs accords de branches et le versent toujours".
"S'il faut recommencer, on recommencera"
Comme en Guadeloupe, Philippe Pierre-Charles, secrétaire général du syndicat CDMT, est critique sur la question des prix. "En 2009, le collectif avait obtenu d'être négociateur sur le prix du panier (des produits dont les tarifs avaient été baissés). De négociateurs, on est passés à vaguement consultés. Aujourd'hui, ça se négocie entre le préfet et les grandes surfaces", regrette-t-il.
De même, rappelle-t-il, "la priorité d'embauche aux Martiniquais à diplôme égal dans l'enseignement avait été actée. Mais les vieilles habitudes reviennent, il faut se battre régulièrement pour empêcher le départ d'enseignants martiniquais." "S'il faut recommencer, on recommencera", dit-il. "Les raisons de la mobilisation sont toujours là et peut-être plus qu'en 2009". Au final, "les éléments les plus durables sont idéologiques et politiques".