A force d'être renvoyé aux calendes grecques, il avait fini par prendre des allures de mirage. Le rêve pétrolier ou gazier des Comores pourrait enfin se concrétiser cette année, même si son impact sur l'économie reste encore très improbable.
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La fièvre de l'or noir a saisi l'archipel de l'océan Indien il y a sept ans, lorsque le président de l'époque Ikililou Dhoinine a attribué les premiers permis d'exploration. Les plus euphoriques imaginent alors les coffres de la Banque centrale comorienne débordant de pétrodollars et se prennent à planifier le miracle économique du pays, classé parmi les vingt-cinq plus pauvres de la planète.
Un peu trop vite, assurément. Les indices de la présence d'hydrocarbures s'accumulent mais les compagnies titulaires des permis n'ont pu, faute de moyens, percer à 2.000 mètres sous le niveau de la mer les puits pour le confirmer. L'entrée en lice de Tullow Oil en novembre dernier a changé la donne. La firme britannique s'est fait un nom en découvrant du pétrole au Ghana, en Ouganda ou au Kenya.
Associée à la société Discover Exploration sur les blocs 35, 36 et 37, au nord-ouest de l'île de la Grande-Comore, elle veut agir vite. "On se prépare à lancer un sondage sismique 3D, le premier jamais réalisé aux Comores (...) pour confirmer le potentiel du pays en hydrocarbures", se réjouit Alexander Mollinger, patron des opérations de Discover Exploration, basée au Royaume-Uni. A quelques semaines du coup d'envoi de la campagne, l'ingénieur se dit particulièrement confiant.
Sa zone de recherche frôle le large des côtes nord du Mozambique, où des "majors" comme les Américains Anadarko et Chevron ou l'Italienne ENI ont découvert les plus importants gisements de gaz de la planète depuis vingt ans. Leurs premiers mètres cubes sont attendus à partir de 2022.
Réélu le 24 mars après un scrutin à la régularité très controversée, l'actuel président Azali Assoumani n'a pas manqué d'intégrer les hydrocarbures dans son plan de développement, qui vise à faire des Comores un pays émergent en 2030. "Les premiers indicateurs donnent beaucoup d'espoir", a-t-il assuré pendant sa campagne, "si on a un pays uni, ce pétrole peut être un tremplin pour l'économie du pays".
Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres des premiers revenus des hydrocarbures pour l'Etat. "Si le projet va au bout, il pourrait sortir le pays de la pauvreté, en théorie", confirme un diplomate en poste à Moroni. "Les préalables sont pourtant gigantesques à l'échelle des Comores", s'empresse-t-il d'ajouter, "une unité de liquéfaction de gaz coûte plusieurs dizaines de milliards de dollars et il faut disposer d'un système financier crédible". Et puis il y a la gouvernance. Depuis des mois, les ONG et l'opposition dénoncent en coeur la "dictature" d'Azali Assoumani et la corruption du gouvernement.
Une autre difficulté pourrait ralentir l'exploitation d'hydrocarbures comoriens : le différend territorial qui oppose Moroni à Paris. Depuis leur indépendance en 1975, les Comores revendiquent la souveraineté sur Mayotte, une des îles de l'archipel restée dans le giron de la France. Les crises entre les deux capitales sont fréquentes, nourries par les vagues d'immigration clandestine qui partent des Comores vers le département français.
Pour l'heure il n'en est rien. Côté français, on se réjouit même que les Comores puissent produire des hydrocarbures. "Si le pétrole favorise le développement des Comores, il ferait baisser la pression migratoire des Comoriens qui fuient la misère", anticipe le député de Mayotte Mansour Kamardine (droite), "ce serait une très bonne nouvelle".
Un peu trop vite, assurément. Les indices de la présence d'hydrocarbures s'accumulent mais les compagnies titulaires des permis n'ont pu, faute de moyens, percer à 2.000 mètres sous le niveau de la mer les puits pour le confirmer. L'entrée en lice de Tullow Oil en novembre dernier a changé la donne. La firme britannique s'est fait un nom en découvrant du pétrole au Ghana, en Ouganda ou au Kenya.
Associée à la société Discover Exploration sur les blocs 35, 36 et 37, au nord-ouest de l'île de la Grande-Comore, elle veut agir vite. "On se prépare à lancer un sondage sismique 3D, le premier jamais réalisé aux Comores (...) pour confirmer le potentiel du pays en hydrocarbures", se réjouit Alexander Mollinger, patron des opérations de Discover Exploration, basée au Royaume-Uni. A quelques semaines du coup d'envoi de la campagne, l'ingénieur se dit particulièrement confiant.
Sa zone de recherche frôle le large des côtes nord du Mozambique, où des "majors" comme les Américains Anadarko et Chevron ou l'Italienne ENI ont découvert les plus importants gisements de gaz de la planète depuis vingt ans. Leurs premiers mètres cubes sont attendus à partir de 2022.
"Potentiel très significatif"
"Personne n'a encore trouvé de pétrole ou de gaz aux Comores", concède volontiers M. Mollinger, "mais (...) nous pensons que le potentiel est très significatif". Une estimation du cabinet ERCE l'évalue à 7,1 milliards de barils de pétrole ou 15.000 milliards de m3 de gaz... L'arrivée d'un tel pactole bouleverserait l'économie comorienne. L'agriculture fournit aujourd'hui un tiers du produit intérieur brut (PIB) du pays - environ 1 milliard de dollars - et emploie 80% de sa population active. Le niveau de vie de ses 800.000 habitants y est très faible, avec un revenu par tête de 800 dollars.Réélu le 24 mars après un scrutin à la régularité très controversée, l'actuel président Azali Assoumani n'a pas manqué d'intégrer les hydrocarbures dans son plan de développement, qui vise à faire des Comores un pays émergent en 2030. "Les premiers indicateurs donnent beaucoup d'espoir", a-t-il assuré pendant sa campagne, "si on a un pays uni, ce pétrole peut être un tremplin pour l'économie du pays".
Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres des premiers revenus des hydrocarbures pour l'Etat. "Si le projet va au bout, il pourrait sortir le pays de la pauvreté, en théorie", confirme un diplomate en poste à Moroni. "Les préalables sont pourtant gigantesques à l'échelle des Comores", s'empresse-t-il d'ajouter, "une unité de liquéfaction de gaz coûte plusieurs dizaines de milliards de dollars et il faut disposer d'un système financier crédible". Et puis il y a la gouvernance. Depuis des mois, les ONG et l'opposition dénoncent en coeur la "dictature" d'Azali Assoumani et la corruption du gouvernement.
"Richesse personnelle"
Lorsqu'on lui parle de rêve pétrolier, Mohamed Ali Soilihi répond cauchemar. Celui de la gestion opaque, de la corruption et des richesses confisquées au profit d'une élite. "Il y a des pays qui regorgent de pétrole mais la population n'en voit rien. Le Venezuela est un exemple édifiant", note le chef de l'Union de l'opposition, "le président Azali considère le pétrole comme une richesse personnelle, pas pour le pays".Une autre difficulté pourrait ralentir l'exploitation d'hydrocarbures comoriens : le différend territorial qui oppose Moroni à Paris. Depuis leur indépendance en 1975, les Comores revendiquent la souveraineté sur Mayotte, une des îles de l'archipel restée dans le giron de la France. Les crises entre les deux capitales sont fréquentes, nourries par les vagues d'immigration clandestine qui partent des Comores vers le département français.
Vers un conflit juridique?
Les blocs visés par le sondage de Tullow Oil ne font l'objet d'aucun litige mais d'autres pourraient raviver les tensions. "En cas de découverte pétrolière majeure à proximité de Mayotte dans les eaux contrôlées par les Comores, il n'est pas à exclure qu'un conflit juridique plus violent puisse survenir avec la France", avertit Benjamin Augé, de l'Institut français pour les relations internationales (IFRI).Pour l'heure il n'en est rien. Côté français, on se réjouit même que les Comores puissent produire des hydrocarbures. "Si le pétrole favorise le développement des Comores, il ferait baisser la pression migratoire des Comoriens qui fuient la misère", anticipe le député de Mayotte Mansour Kamardine (droite), "ce serait une très bonne nouvelle".