"Avec le dopage, j'avais l'impression de ne pas être vraiment à armes égales" : Chantal Réga se souvient des JO de Moscou en 1980

La sprinteuse antillaise raconte sa participation aux Jeux olympiques de Moscou en 1980. Des JO marqués par une ambiance particulière : l'Europe est divisée en deux blocs par le Rideau de fer et les Etats-Unis boycottent l'évènement après l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS. Surnommés "Junkies olympics", ces Jeux sont aussi marqués par une pratique organisée du dopage souvent à l'insu des athlètes du bloc de l'Est. Témoignage.

Chantal Réga reste dans les mémoires comme une sportive exemplaire et performante. La championne d'origine martiniquaise figure parmi les meilleures spécialistes du sprint national féminin français des années 70/80. 

Chnatal Réga raconte ses Jeux olympiques notamment ceux de Moscou en 1980

Chantal Réga, une reine de l'athlétisme français

À ses débuts, Chantal pratique la gymnastique. Un entraîneur la convainc de choisir l'athlétisme. Elle commence alors les courses de sprint avec les haies. L'athlète décroche la médaille d'argent des 100 mètres haies aux championnats d'Europe juniors à Duisbourg (Allemagne) en 1973. Chantal vient tout juste de fêter ses 18 ans.

Multiple championne de France aux 100 mètres (4 fois entre 1976 et 1980) et 200 mètres (5 fois entre 1975 et 1980), elle améliore le record national dans trois catégories (100m, 200m et 400m haies). La Martiniquaise est une Grande Dame du sprint : 41 sélections en équipe de France, 12 titres individuels de championne de France et 8 records de France individuels.

Ses deux participations aux Jeux olympiques : à Montréal en 1976 et à Moscou en 1980 encadrent un drame vécu en direct par des milliers de téléspectateurs. En finale du relais féminin du 4x100 mètres des championnats d'Europe à Prague, le 3 septembre 1978, elle chute et se casse le fémur. Volontaire et déterminée, elle passe l'hiver à se reconstruire. Chantal se hisse sur la plus haute marche des podiums des titres nationaux des 100m et 200m en 1979, moins d'un an après l'accident.  

Malgré l'ambiance stressante des Jeux de Moscou, la sprinteuse française a l'ambition de participer à "l'épreuve reine des JO" à ses yeux : la finale du 100 mètres. Elle y parvient mais termine 7e.

J'ai vu des sprinteuses qui avaient vraiment une apparence très masculine, non seulement sur le plan physique mais aussi au niveau de la voix. Les filles de l'Est étaient très, très impressionnantes.

Chantal Réga

Heidi Krieger, athlète de RDA victime de dopage institutionnalisé, aux JO de Moscou en 1980.

Moscou 1980, le boycott des Américains

L'armée soviétique intervient en Afghanistan en décembre 1979. Pour protester contre cette invasion de l'URSS, le président Jimmy Carter demande au comité olympique américain de ne pas envoyer d'athlètes aux Jeux olympiques, prévus à Moscou du 19 juillet au 3 août 1980, si l'Union soviétique ne retire pas ses troupes. Dans la foulée, d'autres pays boycottent les Jeux moscovites. Au final, seules 80 nations sont présentes.

Capture d'écran de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Moscou

 

Un boycott que la délégation française n'approuve pas. Les athlètes français souhaitent que les Jeux restent avant tout un évènement sportif et non politique. Que la guerre froide s'invite aux Jeux leur déplaît mais les sportifs veulent majoritairement y participer car cette compétition représente l'ambition d'une vie et des années d'efforts. Les 120 Français défilent sous la bannière olympique et non pas avec le drapeau tricolore.

Pour découvrir d'autres parcours extraordinaires de sportifs issus des Outre-mer des JO de Berlin en 1936 à ceux de Sydney en 2000, regardez la série Souvenirs olympiques Outre-mer.

Écrit par Mathieu Méranville
Réalisé par Arnaud Legoff
Musique originale Thierry Fanfant
Production Beau Comme une Image avec la participation du Pôle Outre-mer de France Télévisions
Durée 3 minutes • © 2024